Portrait : Jerzi Popieluszko

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Jerzi Popieluszko est né en 1947 en Pologne. Jeune prêtre, il fut envoyé auprès des grévistes de l’usine de sidérurgie « Huta Warszawa » en pleine période de contestation du régime du général Jaruzelski.

Il devint ensuite l’aumônier du mouvement « Solidarnosc » de Lech Walesa. Après la proclamation de l’état de siège en 1981, il continue à célébrer des messes dans sa paroisse de Varsovie, l’église Saint Stanislas de Kostka. Entre 5000 et 10.000 personnes se rassemblaient chaque dimanche pour écouter ses sermons, mélange d’exhortations spirituelles et de critiques acerbes du régime communiste ainsi que les interventions d’autres acteurs du mouvement « Solidarnosc ».

En effet, malgré l’état de siège, l’église catholique polonaise était la seule force qui pouvait encore se permettre de parler de manière très ouverte à propos du système communiste.

En marge de cette protestation croissante qui s’organisait de plus en plus, le père Jerzi Popieluszko se chargea de mettre en place une aide pour les familles des partisans de « Solidarnosc ».

Toutefois, le régime polonais appréciait de moins en moins ses sermons virulents et le fit arrêté une première fois. Il fut relâché suite aux pressions du clergé. Quelques temps plus tard début octobre 1984, il échappa à un accident de voiture plannifié.

Le 19 octobre 1984, sa voiture est arrêtée par trois officiers de la Sécurité Intérieure (la SB) près de Wloclawek à 120 km au nord de Varsovie. Son chauffeur parviendra à s’enfuir et à donner l’alerte.

Après avoir été battu et torturé à mort, son corps sera jeté dans la Vistule et retrouvé le 30 octobre 1984. Sa disparition inquiétante avait déjà provoqué de nombreuses manifestations, l’annonce de sa mort en déclanchera dans tout le pays. Ses funérailles seront presque des funérailles d’Etat.

Jerzi Popieluszko à qui le Pape Jean-Paul II, lui-même Polonais avait dit « Sois fort« , représentait le symbole de la lutte ouverte et commune entre l’opposition démocratique et l’église catholique contre le régime totalitaire du général Jaruzelski.

Les trois auteurs du meurtre, qui narrèrent sans vergogne leur crime, furent condamnés en 1985 à des peines allant de 14 à 25 ans de prison. Ils ont depuis été remis en liberté.

Sa mort fut, selon les politologues polonais, « l’un des derniers actes de terreur de l’Etat contre ses citoyens au cours de cette longue chaîne de l’histoire de la Pologne d’après guerre ».

Le pape Jean-Paul II ne manquait jamais une occasion de venir se recueillir sur sa tombe (lieu de pélerinage très important) lors de ses visites en Pologne. Depuis, le Vatican a ouvert un procès en béatification.