Une politique de façade

La majorité Liste du Bourgmestre-Ecolo et Cdh a décidé d’instaurer à partir de ce 1er août 2013 une nouvelle taxe mensuelle sur les façades des immeubles non entretenues. Peinture écaillée, végétation, toiture en mauvais état, fissures,… il vous en coûtera 55 euros par mois le mètre courant ! Pour rappel, il existe déjà une taxe annuelle sur les immeubles à l’abandon. L’argument du bourgmestre Bernard Clerfayt (FDF) est de « réveiller les propriétaires » et les inciter à rénover leur façade. Si dans l’absolu, cela peut sembler une initiative louable, celle-ci ne résiste pas longtemps à l’analyse. Lorsque je vois toutes les infractions urbanistiques et notamment les vaines campagnes pour lutter contre les installations anarchiques d’antennes paraboliques, toutes vouées à l’échec, je m’interroge tout d’abord sur les moyens humains dont dispose l’administration pour pouvoir établir tous ces constats.

Deuxièmement, cette notion de façade négligée doit être bien définie et objectivée. Je prends un exemple concret : par le passé la façade du bourgmestre Clerfayt fut scandaleusement l’objet de tags méprisants. Ceux-ci furent enlevés par les services de la propreté mais malgré le nettoyage, la façade laissait encore entrevoir de manière très inesthétique les inscriptions. Est-ce un critère pour qualifier à la longue une façade de négligée ?

Des dérogations temporaires sont prévues : un achat récent de l’immeuble, un récent sinistre,… Le propriétaire aura alors trois mois pour se régulariser ou brandir un devis de travaux.

Mais soyons francs, hormis faire rentrer de l’argent dans les caisses vides de la commune par tous les moyens, on ne voit pas bien à quoi la majorité schaerbeekoise veut jouer. En effet, là où cette taxe montre toutes ses limites, c’est évidemment dans l’approche humaine et sociale du problème. Comme l’écrivait sur Facebook à juste titre Marie Vanhamme, architecte de formation et secrétaire de la section PS de Schaerbeek « A Schaerbeek tout est dans l’apparence, un immeuble pourri dans lequel sont entassés des locataires sans ressources: pas grave! Mais une façade en mauvais état, ça c’est intolérable…et que des petits propriétaires n’aient pas les moyens de rénover, eh bien qu’ils vendent et aillent ailleurs… »

Dans le journal « Le Soir », un chômeur expliquait qu’il n’avait pas les moyens pour le moment de rénover sa façade en pierre bleue dont le coût était estimé à 7.000 euros. Dans ce cas concret, cette personne sera taxée mensuellement et au final avec quel résultat puisqu’elle ne dispose pas des moyens nécessaires pour entamer une rénovation ? Devra-t-elle vendre son bien ? Priverait-on les personnes à revenus modestes ou qui traversent une mauvaise passe du fait d’être propriétaire de leur bien ?

Que l’on soit dans l’opposition ou dans la majorité au Conseil communal, il convient de se rendre compte avec sincérité de l’incohérence de cette nouvelle taxe. Je lisais ici et là dans la presse que de nombreux propriétaires régissaient négativement avec des arguments pertinents. Des recours en justice ne devraient pas tarder après que les premières taxes aient été enrôlées. Il en coûtera alors une nouvelle fois au budget communal en frais d’avocats. De l’argent qui pourrait servir pour que les autorités communales commencent peut-être tout simplement par veiller à ce que leurs propriétés communales soient quant à elles à tout le moins irréprochables…