Test de mobilité dans le quartier Pavillon : texte de l’interpellation citoyenne

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A la demande de plusieurs lecteurs de ce site, voici le texte de l’interpellation citoyenne lors du dernier Conseil communal de Schaerbeek  par les habitants de la rue Fraikin par rapport au test de mobilité en vigueur dans le quartier de la place du Pavillon.

Test plan de mobilité Fraikin/Pavillon –  Indépendamment du test actuel

Depuis la mise en voie unique de la rue Gallait, voilà quelques années, la rue Fraikin s’est vue obligée d’absorber une partie des flux de circulation empruntant auparavant cette première route pour se rendre dans le centre-ville, via la Place Liedts.

La suppression d’un sens de circulation Pavillon-Lieds s’est donc faite en partie aux dépens de la rue Fraikin qui devait en outre supporter la pollution sonore engendrée par les flux de circulation importants sur les deux axes qui l’enserrent, à savoir l’axe Lieds-Pavillon-Verboekhoven et l’axe Verboekhoven-avenue Foch-Collignon, dans lesquels la conjonction des coups de klaxon, passages des trams, voitures et poids lourds sur pavés, etc. créait déjà un concert nocif pour les habitants de la rue dès cinq heures du matin.

À cela s’ajoutent les nuisances provoquées par la présence d’un couloir aérien au nord. C’est dire qu’avant même les modifications de la circulation dans le quartier Masui-Pavillon-Verboekhoven, la rue Fraikin se trouvait prise dans un véritable étau, coincée entre trois sources importantes de pollution sonore (et deux points d’engorgement).

Le test en plus

Depuis fin octobre, le « nouveau plan de circulation Masui-Pavillon-Verboekhoven » aggrave considérablement ces nuisances et est source de nouveaux et très importants désagréments pour les riverains qui ont vu leur rue se convertir en passage obligé pour les « flux de transit », sinon en un véritable déversoir de ce transit routier, comme il avait déjà été noté mi-octobre avant même le début de la phase test (« Le futur déversoir de la rue Fraikin », La Capitale, 15 octobre 2014).

Ce plan tend en effet à réorienter purement et simplement dans la rue Fraikin, deux flux de circulation importants, l’un venu de la place Liets, par la rue Gallait, l’autre venu de Masui-Van Praet-Stephenson-Navez. En plus d’être au centre de plusieurs sources de pollutions sonores, la rue Fraikin s’est donc transformée du jour au lendemain (à partir de la mise en oeuvre de ce « test de mobilité », appelé à devenir permanent) en point d’aboutissement de ces circulations denses qui y opèrent leur jonction. Et elle doit aujourd’hui en supporter – en plus des problèmes précités – toutes les conséquences :

Un trafic est continu à toute heure de la journée, très important la nuit, et tout simplement insupportable aux heures de pointe.

Une pollution sonore insoutenable : coups de frein, d’accélérateur et de klaxons intempestifs, chocs assourdissants et continus dus aux passages sur le coussin berlinois qui ne freine nullement, soit dit en passant, les conducteurs pressés (dont les poids lourds et véhiculent utilitaires nombreux à venir s’y percuter), etc.

Vitesse excessive et incivilité de nombreux conducteurs, lesquels n’hésitent pas à couper la priorité aux cyclistes et piétons (sur les passages qui leur sont réservés), se montrent agressifs vis-à-vis de riverains sortant la voiture de leur garage, jettent régulièrement des déchets dans la rue depuis l’habitacle de leur véhicule ou s’engouffrent dans la rue en pleine nuit à grande vitesse, moteur gonflé à bloc, musique plein tube.




Vu sa situation, au centre d’un réseau de quartier, la rue Fraikin n’a clairement pas vocation à se transformer en voie de passage obligé d’un trafic que l’on sait dense, continu et agressif, sinon en « déversoir », car:

• – 1) cette rue est traversée et parcourue par nombre d’usagers faibles, dont des enfants se rendant à l’école située rue Gallait et de nombreux cyclistes empruntant les voies prévues à cet effet. Pour rappel, point d’aboutissement de plusieurs pistes cyclables, cette rue est située sur un ICR (Itinéraire cycliste régional). Aussi la densification du trafic dans la rue Fraikin augmente-t-elle considérablement les « risques » pour les deux-roues. Déjà, comme on peut l’observer chaque jour, les cyclistes tendent à circuler sur les trottoirs pour réduire le risque: l’espace qui leur est normalement réservé sur la voirie n’est plus suffisamment sûr du fait de la densification très forte du trafic. À noter d’ailleurs que l’acheminement des secours (ambulances, pompiers, autres, etc.) dans la rue est désormais rendu difficile du fait de son obstruction presque continue et totale aux heures de pointe, obstruction qui accroît soit dit en passant l’agressivité des conducteurs.

– 2) l’étroitesse de la voirie et sa situation générale dans le quartier ont pour effet d’exacerber certains comportements précités. En effet, coincée entre deux axes importants, cette petite rue étroite se transforme très vite en goulot d’étranglement. Survenant à la moindre occasion (taxis déposant un client, sortie de garage, densification soudaine de la circulation sur l’avenue Foch ou passage prioritaire du tram, etc.), les embouteillages y sont donc devenus légion tout comme les concerts de klaxon (dans la rue et à ses deux extrémités), du fait de l’énervement et de l’indiscipline de certains conducteurs qui sont alors à leur comble. Ces nuisances sonores sont d’autant plus insupportables que le transit a été chaussé dans de petites rues (dont la rue Fraikin) qui constituent de véritables caisses de résonance à l’échelle du quartier. Jamais celui-ci n’a été aussi bruyant.

– 3) la rue Fraikin est avant tout une rue résidentielle. Telle est sa première et véritable vocation. À ce titre, elle a d’ailleurs fait l’objet d’importants investissements publics: construction d’une chicane voici une dizaine d’années visant précisément à dissuader ce trafic de transit (sic), réfection et rétrécissement de la voirie, reconstruction et élargissement des trottoirs (sic) dans le cadre du contrat de quartier, etc. Des investissements publics auxquels s’ajoutent ceux, privés ceux-là, consentis par les nombreux riverains ayant récemment acheté et/ou rénové à grands frais leur habitation. Cette explosion du trafic dans la rue tend donc à réduire à néant ce double investissement (et les réalisations qui ont été faites depuis une décennie dans le cadre notamment du contrat de quartier). N’oublions pas non plus que la rue Fraikin, avec ces maisons typiques et ces jardinets, présente un intérêt architectural certain qui, inévitablement, perdra de ses « qualités » en raison de cette augmentation des flux.

– 4) la voirie, qui vient d’être remise en état, risque très vite de se dégrader à cause de cette densification du trafic. Certaines infrastructures ont d’ores et déjà été dégradées du fait du passage des camions (voir poteaux presque arrachés à la hauteur de la chicane), mais cette circulation dense pourrait également être la source de graves dommages aux habitations. Lors des travaux d’égouttage qui ont été effectués dans la rue, il a été observé en effet un léger déplacement de certaines façades (avec dans certains cas, apparition de fissures ou d’humidité au niveau de l’entresol). Il est donc de bonne raison de croire que les sols demeurent instables, et de craindre surtout que cette circulation ne déstabilise rapidement le bâtit, d’autant que l’onde de choc produite par le passage tonitruant des véhicules lourds (grosses cylindrées, camionnettes, camions poubelles, etc.) sur le coussin berlinois est ressentie jusqu’à l’arrière des logements proches (avec tremblement des murs).

– 5) ce plan rend malaisés les déplacements des riverains. Outre les difficultés rencontrées par ceux pour stationner dans la rue ou pour sortie la voiture des garages (cause d’énervements et de concerts de klaxon, on l’a vu) ce plan oblige les habitants du quartier à déplacements et des détours (tant pour les habitants du quartier que pour ceux qui viennent y travailler) interminables, ponctionnant davantage de leur temps et engendrant davantage de pollution dans des petites rues, devenues de véritables cuvettes.

– 6) ce plan enfin ne garantit nullement une circulation plus fluide des trams et bus sur l’axe Liers-Pavillon-Verboekhoven. Chasser le trafic dans les petites rues adjacentes (dont la rue Fraikin) ne va pas résoudre les problèmes d’engorgement rencontrés sur cet axe, lesquels sont principalement dus aux stationnements en double file. Il s’agit là avant tour d’un problème de police et non pas d’un problème de réorientation globale des flux. On constate d’ailleurs qu’au niveau de la Place Verboekhoven et de la rue Van Oost, ces entraves à la circulation a augmenté. D’une certaine manière, ce plan de circulation, en réduisant la densité du trafic au niveau de place et de cet axe, encourage ce type d’incivilité.

– Compte tenu des nombreux désagréments pour les riverains et risques pour la sécurité des usagers engendrés par ce test;

– Compte tenu de la très forte dégradation du bien-être des riverains et de leur quotidien depuis fin octobre, lesquels n’ont guère été consultés, ont été mis devant le fait accompli et s’estiment floués par un plan qui tend à sacrifier leur rue au nom d’« une hypothétique fluidité du trafic » dans le quartier

– Compte tenu de la nature et du caractère de la rue qui n’a pas vocation à subir ce trafic

– Compte tenu du fait que les habitants de la rue Fraikin n’ont pas vocation à servir de cobayes à une expérience grandeur nature;

– Compte tenu du fait que les riverains sont bien plus à même de cerner les problèmes qu’une poignée d’experts qui n’envisagent ces quartiers qu’en termes d’organisation des flux en évacuant toute dimension sociologique et la question du bien-être des personnes qui y vivent.

– Compte tenu des conséquences – non mentionnées ici – pour d’autres habitants dans quartier ;

– Compte tenu du fait que ce plan ne fait que déplacer en d’autres lieux des problèmes rencontrés ailleurs sans réellement les résoudre;

– Compte tenu, enfin, de l’incapacité de ce test à répondre très concrètement aux objectifs qu’il s’est fixés et qui ont publiquement été annoncés, à savoir  » diminuer les circulations en transit dans les quartiers qui sont parfois nuisibles pour les habitants eux-mêmes (….) favoriser le passage des trams et des bus. (….)vérifier ce qu’on peut faire au niveau des déplacements à vélo » (RTBF Info, 13 octobre 2014), nous nous nous pouvons accepter que la rue Fraikin ne devienne un « déversoir » du trafic et demandons:

1) L’arrêt immédiat de ce test. Ses conséquences pour les riverains sont actuellement suffisamment désastreuses et pénibles que pour refuser de se contenter des quelques rectifications de surface qui ont été proposées dans le toutes-boîtes distribué aux habitants le 23 décembre 2014, et qui ne fonctionnement manifestement pas. Ces modifications ne visaient qu’à atténuer certains symptômes et ne s’attaquaient guère aux causes du problème, lesquels sont clairement identifiées, à savoir la déviation des flux de transit vers la rue Navez au niveau de la voie de chemin de fer et la mise en sens unique de la rue Van Oost.

2) L’interdiction aux poids lourds et aux utilitaires d’emprunter une aussi petite rue à caractère résidentiel.

3) L’interdiction aux poids lourds d’emprunter l’Av. Foch (où la nuisance avec les trams et les pavés est plus que suffisante) et ceci dans les deux sens. La rue Metsys, récemment réasphaltée et où la circulation est presque rare, s’y prêterait par exemple beaucoup mieux.

La mise en place de la rue Fraikin en zone 30 voire en circulation locale, et ceci dans le respect pour les cyclistes, les enfants, les riverains; ou l’inversion du sens de circulation.

…. Beaucoup de jeunes ménages avec enfants en bas âge viennent d’y acquérir une maison (souvent rénovée à grands frais).

En conclusion

À défaut d’être entendus, nous nous verrons dans l’obligation de poursuivre nos interpellations publiques et entreprendrons, le cas échéant, d’autres démarches que nous jugerons utiles à la défense de notre cause et à notre bon droit.

Les riverains de la rue Fraikin