Pas de place pour les ténèbres

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Suite aux informations qui ont laissé entrevoir que le terroriste Abdelhamid Abaaoud pourrait être enterré sur la parcelle musulmane du cimetière intercommunal multiconfessionnel, je me permets de donner mon ressenti en tant que concepteur et responsable de ce projet au milieu des années 90.

Ce projet a vu le jour suite au décès de la petite Loubna Benaïssa qui dut être rapatriée au Maroc pour y être inhumée faute de cimetière respectant le rite musulman en Région bruxelloise.

A l’époque, j’étais Echevin de l’Etat-Civil de la commune de Schaerbeek. Notre objectif avec le Collège échevinal, était d’ouvrir ce service à l’ensemble des communes de la Région, ce qui justifia la création d’une intercommunale.

Pour répondre à l’époque à l’inquiétude de certains sur la laïcité de nos cimetières, nous avons décidé d’offrir le même service aux différentes religions et philosophies reconnues par l’Etat Belge. Les frais d’inhumation étant également payants comme au cimetière communal.

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Au coeur de ce cimetière situé à côté de celui de Schaerbeek, se trouve un espace symbolique, un oasis de verdure appelé « Espace de la Sérénité ». Les centaines de familles qui ont choisi ce cimetière pour y enterrer leurs proches, voulaient les inhumer dans le respect de leurs rites et coutumes.

C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, nous avons le devoir de défendre les valeurs de respect au travers de la symbolique. Comment pourrions- nous accepter que des individus qui usurpent le fondement-même d’une religion et qui au nom de Dieu, tuent des frères, des femmes, des enfants, des personnes qui défendent quant à elles des valeurs de vie, de partage, de culture, de vivre-ensemble, y reposent ? Imaginons-nous qu’il serait possible d’enterrer d’anciens collaborateurs sur notre pelouse d’honneur ? Bien sûr que non.

En revanche, la possibilité d’une inhumation en terre au sein d’un cimetière communal laïc par définition, est toujours de mise.

Il y a certes la douleur légitime de la famille qui aspire à inhumer son fils, son frère, d’où la délicate décision à prendre : permettre à une famille de faire son deuil dans le respect de ses croyances sans que cela ne bafoue le code moral de cette merveilleuse réalisation qu’est le cimetière multiconfessionnel, symbole de l’entente et la fraternité entre les religions.

Nous n’avons pas voulu de ces parcelles du cimetière multiconfessionnel pour les gens des ténèbres, ceux qui ont choisi de détruire notre société et ses valeurs fondamentales et essentielles. Nous les avons concrétisées pour permettre le repos éternel à celles et ceux qui défendent les valeurs du vivre-ensemble ici et ailleurs.