Portrait : Sabine Zlatin

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Sabine Zlatin, de son nom de jeune fille Chwast, est née à Varsovie en 1907. Elle est la petite dernière d’une grande famille qui compte avec elle 12 enfants.

Vers 1925, elle décide quitter sa famille et surtout de fuir l’antisémitisme ambiant qu’elle ressent déjà à l’époque en Pologne. Elle s’établira successivement à Dantzig (aujourd’hui Gdansk), Köenigsberg, Berlin et puis Bruxelles. Finalement, elle posera ses valises à Nancy et y entreprendra des études en Histoire de l’Art.

C’est là qu’elle rencontre Miron Zlatin, étudiant en agronomie à l’université de Nancy. Il se marient en 1927.

En 1929, le couple achète une ferme agricole à Landas dans le Nord de la France. L’exploitation connaîtra d’ailleurs un succès.

En 1939, Miron qui est d’origine Russe et Sabine sont naturalisés français.

A la déclaration de guerre en septembre 1939, Sabine Zlatin décide de s’inscrire à des cours d’infirmière militaire qui sont dispensés par la Croix-Rouge à Lille. Au vu de l’avancée des troupes allemandes, Miron et Sabine qui sont tous les deux juifs de confession, décident de déménager à Montpellier. Sabine travaille jusqu’en 1941 à l’hôpital militaire d’où elle sera congédiée en vertu des lois raciales du gouvernement de Vichy.

Sabine mise en contact aevc l’Oeuvre de Secours aux Enfants (OSE), développe une action de sauvetage des enfants se trouvant dans les camps d’Agde et de Rivesaltes. 

Les Zlatin s’installe alors dans un petit village nommé Izieu et y fondent la Colonie des enfants réfugiers de l’Hérault. Rapidement, la colonie devient célèbre et de nombreux parents juifs y déposent leurs enfants afin de les mettre en sécurité. Le but est d’accueillir des enfants pour la plupart déjà orphelins et de les faire passer ensuite en Suisse.

De mai 1943 à avril 1944, ce sont plus de 100 enfants juifs qui seront accueillis à la colonie.

Le 6 avril 1944, Sabine Zlatin craignant de plus en plus pour la sécurité des enfants, part à Montpellier demander de l’aide à l’abbé Prevost afin de mieux cacher les enfants avant leur transfert en Suisse. Pendant ce temps à Izieu, Klaus Barbie, de la Gestapo de Lyon effectue la raffle des 44 enfants présents et de 7 adultes.

A son retour à la colonie, Sabine découvre l’ampleur de la tragédie, ils ont tous été emmenés y compris son mari. On ne peut imaginer l’effroyable douleur qui fut la sienne à cet instant. Seul un éducateur parvint à s’enfuir grâce à la solidarité des habitants du village.

Sabine Zlatin gagne alors Paris où elle est nommée hôtelière-chef du Centre Lutetia où les déportés sont accueillis à leur retour des camps. Elle y attend avec espoir durant de longs mois le retour des enfants et de son mari.

Seule une jeune fille reviendra des camps, Léa Feldblum. Les autres enfants ont été gazés dès leur arrivée à Auschwitz. Miron Zlatin et deux garçons adolescents ont été emmenés dans des camps de travail en Estonie et y seront fusillés.

Sabine Zlatin apprend officiellement en juillet 1945 que son mari est décédé. Après la fermeture de l’hôtel Lutetia, elle s’installe définitivement dans la capitale française et décide de se consacrer à la peinture. Elle signera de nombreuses toiles du nom de Yanka qui était le surnom que lui avait donné son papa.

Sabine sera très active lors du procès de Klaus Barbie déclaré en 1987 coupable du crime des enfants et des adultes de la Maison d’Izieu. Elle y témoignera de façon bouleversante.

En 1994, le Président François Mitterrand inaugura la Maison d’Izieu devenu un musée ayant pour thème les enfants juifs d’Izieu et le crime contre l’humanité et dont Sabine est présidente-fondatrice.

Avec l’ancien vélodrome du Val d’Hiv’ et le camp d’internement de Gurs, la Maison d’Izieu fait partie des trois lieux de la mémoire nationale des victimes des persécutions racistes et antisémites et des crimes contre l’humanité commis avec la complicité du gouvernement de Vichy et reconnus comme tels par le décret du Président de la République du 3 février 1993.

Sabine Zlatin s’est éteinte à l’âge de 89 ans en septembre 1996. Elle avait rédigé auparvant ses mémoires « La dame d’Izieu » qui comprend un avant-propos de François Mitterrand et sa déposition au procès de Klaus Barbie.

En 2007, un très beau téléfilm réalisé par Alain Wermus et ayant pour titre « La dame d’Izieu » a été diffusé. C’est l’actrice Véronique Genest qui joue le personnage de Sabine Zlatin. La dernière scène du téléfilm est particulièrement poignante : on y voit une Sabine Zlatin âgée qui témoigne au procès de Barbie, puis soulagée qui apprend le verdict. Elle se voit alors seule dans la salle du Palais de justice et revoit les enfants d’Izieu et son mari Miron avec qui elle se met à danser.

Danser en signe du « bonheur » que cette sentence a pu lui procurer. Justice a été rendue et la mémoire des enfants et adultes d’Izieu à jamais préservée. Un combat que cette résistante française de la première heure a mené jusqu’à son dernier souffle.

(Copyright photo : C.Rouland – website www.izieu.alma)

    

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