Episode 2 : C’était au temps où Schaerbeek jouait…

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Première partie : Insouciance –  Episode 2

Je me souviens du printemps 1971 comme si c’était hier ! Je vivais mes premiers émois amoureux assis à côté d’une jeune fille sur la grande pelouse du parc Josaphat, pleine à craquer. Jeunes et moins jeunes étaient venus en nombre se plonger dans une ambiance digne de Woodstock. Un gigantesque podium avait été installé et les groupes Pop se succédèrent jusque tard dans la soirée.

Ce festival faisait suite au « Parc fou », un autre événement post 68 qui voulait libérer le parc Josaphat et la commune des contraintes du passé. Durant plusieurs semaines, Schaerbeek vécut ainsi au rythme d’activités plus folles les unes des autres. Parmi celles-ci, une formidable mobilisation pour dénoncer un projet d’autoroute urbaine qui menaçait de couper la commune de Schaerbeek en deux par un tracé reliant l’aéroport au futur quartier Manhattan (un quartier de bureaux) qui devait voir le jour dans le quartier Nord.

De mémoire de Schaerbeekois, on n’avait jamais vu tant d’effervescence dans la commune. Toutes ces activités auraient été impensables dans le passé sur les pelouses du parc Josaphat. J’étais le témoin émerveillé de cette agitation avant-gardiste. On touchait au surréalisme ! Des ballons géants flottaient sur les étangs du parc, des œuvres d’art fleurissaient dans les arbres et la musique était partout.

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Sur l’esplanade, devant le kiosque, s’affichait une reproduction d’un tronçon d’autoroute : les participants étant invités à donner un coup de pioche non pour l’inaugurer mais pour la démolir symboliquement. Un peu plus loin, la Cage aux Ours et la place Liedts avaient leurs trottoirs de toutes les couleurs et l’on peignait des fresques sur les murs (45 ans plus tard, on appelle cela du Street Art).

A la manœuvre de toute cette formidable agitation, un collectif installé dans une maison de l’avenue Eugène Demolder dénommé l’Algol, soutenu par la Commune. Un véritable souffle nouveau emportait à l’époque Schaerbeek : le Théâtre 140 créé en 1963 par Jo Dekmine, les Halles de Schaerbeek vendues par la Commune à la Communauté française de la culture, les maisons de jeunes « La Pomme »  et « La clef » situées respectivement rue Rubens et rue Royale Sainte Marie.

Mais d’où venaient ce vent de fraîcheur et ce dynamisme, cette soif de liberté créatrice et de mobilisation citoyenne ? Aux élections communales de 1970, le Bourgmestre Gaston Williot et sa majorité très conservatrice composée du PLP et PSC au pouvoir à Schaerbeek depuis des décennies, avaient été battus par un tout nouveau parti, le FDF.

Le Bourgmestre Gaston Williot avait refusé la proposition de Roger Nols, grand gagnant du scrutin, de former une majorité PLP et FDF même en restant bourgmestre. Suite à ce refus, Roger Nols était alors devenu le premier bourgmestre FDF de Schaerbeek avec à ses côtés au Collège échevinal 3 échevins FDF et 3 échevins socialistes.

La Commune semble sortir d’une longue torpeur, comme en témoigne le printemps de Schaerbeek organisé à l’initiative de la nouvelle majorité communale. Arrive alors l’« affaire» qui allait permettre au nouveau bourgmestre d’acquérir une notoriété qui dépassera largement les frontières de Schaerbeek.

A demain…