Episode 9 : C’était au temps où Schaerbeek s’immobilisait…

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Première partie : Insouciance – Episode 9

Après une longue absence, Michel Géoris me recontacte pour m’informer que Roger Nols lui a parlé de notre rencontre relative aux problèmes dans mon quartier. Roger Nols serait, me confie-t-il, très enthousiaste à l’idée que je rejoigne sa liste pour les prochaines élections communales. Je sortais de ma dépression et je retrouvais confiance en moi. Je pèse le pour et le contre quant à une éventuelle participation. J’hésite pourtant encore.

Comme souvent, c’est mon intuition qui finit par me convaincre. Je conditionne mon accord à deux points essentiels : je souhaite être candidat indépendant sur la liste et si mon score me permet d’être élu et de siéger ensuite au Collège, j’ambitionne le portefeuille de la jeunesse.

C’est avec un certain étonnement que je reçois une réponse positive. Il me faut dès lors me mettre en mode « campagne électorale » pour me faire élire avec suffisamment de voix compte tenu de la place : je suis très loin dans la liste (27eme). Quelque part au milieu de la liste, un peu perdu.

Une première réunion publique de présentation des candidats est organisée en mai 1988 dans la salle du désormais célèbre Neptunium. Je dois avouer que celle-ci me met mal à l’aise. J’avais toujours en mémoire la venue de Le Pen et de l’émeute qui avait suivi. J’avais nettement l’impression qu’il émanait de ces lieux des ondes négatives.

Il ne me reste que quatre mois de campagne électorale dont deux mois (juillet et août) en période de vacances. Comment se faire remarquer au milieu de cette liste avec un tout petit budget ?

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C’est alors que je repense à un stock de faire-part achetés lors d’une faillite. Dans le lot, certains modèles étaient assez dépassés mais qu’importe. Sans m’en rendre compte sur le moment, le tract décalé que je réalise sera celui dont on parlera encore et encore. C’était osé mais sur le moment, cela me sembla une bonne idée, sans plus. Je réalise 45.000 faire-part de décès (de quoi couvrir la totalité de la commune) avec en première page le titre « Agir pour vivre ».  Je peux vous assurer que l’impact médiatique local fut garanti et immédiat. On ne parlait plus que de ce tract/faire-part. En bien ou en mal. En effet, 46% l’ont trouvé drôle car décalé, 50% l’ont détesté. Et au final, 4% ont tout de même voté pour moi. D’ailleurs à chaque élection,  extrême droite et extrême gauche ne peuvent s’empêcher d’en reparler.

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Des années plus tard, en 1998, à l’occasion des élections régionales, j’ai réalisé un tract contre la montée des extrémismes. Il fut nominé par le quotidien « La Libre Belgique » comme meilleur tract de la campagne. Pourtant, il n’avait visiblement pas marqué les esprits comme l’avait fait mon tract/faire-part. Comme quoi…

Au lendemain des élections, je rappelle à Roger Nols mes conditions et la promesse de me désigner échevin de la Jeunesse.

Roger Nols commence les manœuvres politiques dont lui seul a le secret : il avait promis un échevinat avant les élections à Guy Lalot (PS) mais demande à sa propre majorité de le désavouer par un vote afin de pouvoir faire volte-face quant à cette promesse pré-électorale. Manœuvre assez douteuse bien dans la manière de Nols. Il faut cependant préciser que Lalot était un personnage politiquement assez insupportable au point qu’il sera évincé du PS quelques années plus tard.

Sur sa lancée machiavélique, Roger Nols tente de déstabiliser le FDF local en lui proposant un échevinat. La section locale du FDF qui a coupé tous les ponts avec Nols refuse la proposition. Deux des quatre élus quittent le FDF pour rejoindre Nols. Restent deux jeunes conseillers, Bernard Clerfayt et Michel De Herde, dans les rangs du FDF.

Au lendemain de ma prestation de serment, je découvre l’impensable.

A demain.