Episode 18 : C’était au temps où Schaerbeek revivait…

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Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 18

La démission de Roger Nols et tous les événements liés à sa succession ont entraîné une belle pagaille au sein du Collège. Il n’y avait plus de meneur et de ligne directrice. J’ai profité de cette période pour donner plus de cohérence à ma politique. Mes collègues, concentrés sur la lutte du pouvoir, avaient d’autres soucis que de se préoccuper de Van Gorp. C’est sans difficulté et dans l’indifférence générale que j’ai obtenu tout le matériel utile pour le bon fonctionnement d’« Eté jeunes ».

Nous en arrivons donc au lundi 3 juillet 1989. Il est 10 h. J’ai invité le Bourgmestre Léon Weustenraad au lancement d’ « Eté Jeunes » qui a répondu immédiatement présent et qui fut étonné par le succès rencontré.

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Effectivement, ce sont des centaines d’enfants et d’adolescents qui arrivent sur la plaine Rasquinet et dans les locaux des associations, accompagnés par leurs parents ou encadrés par les associations partenaires.

Parmi tous ces acteurs du tissu associatif schaerbeekois, je fais la connaissance de Jean De Cooman, responsable à l’époque de « De Fabriek », une association néerlandophone située dans le quartier Nord. Il nous apporte une grande quantité de pneus qui s’avéreront très utiles durant les deux mois des activités. J’ignorais jusqu’alors tout ce que l’on pouvait construire et réaliser avec des pneus de voiture !

Je rencontre aussi Pierre Massart sur qui je peux pleinement compter et qui est très investi dans le tissu associatif du quartier Josaphat.

Les choses s’organisent non sans quelques difficultés avec des jeunes et ados parfois fort turbulents. Force est aussi de constater que certains des animateurs engagés sont relativement dépassés par les événements, vu le nombre considérable de participants qui nécessitent une attention de tout instant.

Les deux premières semaines, je suis présent du matin au soir sur la plaine. Vu le contexte compliqué de l’époque et les tensions politiques à Schaerbeek, je n’ai pas droit à l’erreur et le moindre petit incident pourrait donner du grain à moudre à mes collègues hostiles du Collège qui n’attendent qu’un bon prétexte pour freiner ou stopper ces projets.

En 1989, j’avais toujours mon imprimerie et j’étais encore associé dans le « Laudy Pub », petit restaurant situé à Schaerbeek. Gérer de front ma nouvelle carrière politique et mes affaires devenait toutefois de plus en plus compliqué. Et j’étais tant mentalement que physiquement au bord de l’épuisement.

Je me rends compte aussi que je ne lésine pas sur les efforts lorsque je porte la casquette d’échevin. Je m’implique à 100% dans les projets « Jeunesse ». Et il est évident que je ne dispose plus du temps nécessaire pour gérer correctement mes affaires.

Après mûre réflexion, je suis une nouvelle fois mon intuition et décide de me dégager progressivement de mes obligations privées pour me consacrer totalement à mes projets communaux.

Ma présence permanente au Rasquinet étonne au début les associations, les jeunes et les parents. Cette présence assidue et ma disponibilité vont me permettre de renforcer le bon climat de collaboration et de créer une réelle confiance entre tous, y compris les parents dont nombreux se montraient fort sceptiques au départ.

La chance et le beau temps m’ont aussi aidé. Durant mes 18 années d’échevin, j’ai pu constater que j’avais une prédisposition à avoir du beau temps lorsque je me lançais dans l’organisation d’un événement en extérieur.

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Les activités de l’été 1989 fonctionnent à plein régime aux quatre coins de la commune, dans les différentes structures des associations partenaires, ce qui permet également d’offrir des activités diverses et variées bien adaptées aux âges (de 3 à 18 ans).

Petit à petit, Schaerbeek devient la locomotive (son poids numérique joue en sa faveur) du programme « Eté jeunes » en Communauté française. Et les médias jouent pleinement leur rôle. Lorsque je repense à ma première rencontre il y a quelques mois à peine (en février) avec les journalistes pour leur faire part de la programmation envisagée et quand je revois leurs mines dubitatives, je mesure le chemin parcouru !

Un matin, une dame vient vers moi avec son fils de 14 ans. Celui-ci s’est fait prendre en flagrant délit en train de réaliser un tag artistique sur un mur. Le tribunal de la jeunesse lui impose une peine de travail d’une quinzaine de jours. Elle me demande s’il lui est possible d’exécuter sa peine dans le cadre des activités sur le terrain Rasquinet, ce qui fut accepté.

Durant les vacances et au-delà des 15 jours obligatoires, il a réalisé des fresques remarquables sur les murs du terrain vague Rasquinet. Il fut engagé plus tard par Swatch pour décorer leurs pavillons lors d’une exposition.

J’ai gardé des contacts avec sa maman. Elle s’est par la suite investie comme bénévole dans des activités communales. Sébastien est aujourd’hui un artiste confirmé qui excelle dans différentes techniques picturales.

Le jour de notre première excursion arrive enfin. Les attentes sont grandes chez les jeunes pour cette excursion hors Schaerbeek. Au programme : direction Knokke avec deux autocars et visite du Zwin. Je rejoins les groupes en voiture.

A mon arrivée, je découvre une situation à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Et je crains le pire !

A demain.