Episode 23 : C’était au temps où Schaerbeek se désintoxiquait…

aaa jpvg Caricature 23

Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 23

Depuis le début de la législature, les deux élus FDF (Bernard Clerfayt et Michel De Herde) qui siègent au Conseil communal, refusent de me serrer la main (en raison de mon tract faire-part électoral). Un jour, je me trouve avec mon ami Didier Gosuin et sa famille à une soirée organisée à Boitsfort. Les deux conseillers communaux saluent bien sûr Didier Gosuin. Je suis à ses côtés et donc face à eux. Je tends la main qu’ils serrent. La glace est brisée.

A Schaerbeek, la prévention contre la toxicomanie bat son plein. Les médias relayent largement les diverses initiatives. Cela fait même effet boule de neige et dépasse les frontières communales.

Nous distribuerons en un mois plus de 25.000 boutons blancs. Des réunions d’information destinées aux médecins et pharmaciens sont organisées. J’y rencontre une multitude de personnes concernées désireuses de s’investir comme bénévoles. Je pense aussi à Monique Bastin, une maman qui vient de perdre son fils unique, avec qui nous allons organiser des débats dans les écoles.

Un groupe entraide « parents » voit le jour grâce à Ghislain et Jacqueline qui ont perdu leurs fils Serge. Il vise à réunir les « parents désenfantés » et des parents de toxicomanes. Liés par le même vécu, le courant passe très bien entre eux tous. Bien plus tard, ils mettront en place la « Fondation Serge et les Autres » qui finance des projets de sensibilisation. Je siège encore aujourd’hui à leurs côtés dans la fondation avec mon ami Saïd Benallel.

AAA JPVG Photo épisode 23

Stéphane Dirven, un entrepreneur schaerbeekois, prend contact avec l’ASBL « Bouton Blanc ». Il propose de mettre son voilier à disposition pour des sorties en mer les week-ends avec des jeunes.

Vu l’engouement général, un premier après-midi de sensibilisation public est organisé dans la salle Charbo qui s’avérera bien trop petite. De nombreuses personnalités ont répondu présentes comme Toots Thielemans, Paul Louka, Plastic Bertrand ou Loup Deprijk. Au programme, des chansons, des discours mais surtout des témoignages de jeunes, de parents, d’enseignants. La RTBF ouvre son JT en direct depuis l’événement.

Notre petite équipe éprouve des difficultés à suivre, car la pression est énorme. A la sortie en salles du film « Les Enfants du Désordre » (qui évoque la réinsertion d’une ex-détenue toxicomane), j’interpelle les Ministres de la Justice et de l’Education pour que l’interdiction de voir le film aux moins de 16 ans soit levée. Une pétition est lancée. « Bouton Blanc » de son côté organise des projections « jeunes admis ».

Pour terminer cette année 1989 émaillée d’une succession d’activités aussi incroyables les unes que les autres, je réfléchis à la tenue d’un événement symbolique.  Je dois une fois de plus la concrétisation de celui-ci à Didier Gosuin. Le centre culturel d’Auderghem affiche à son programme « Le Golden Gate Quartet ». Didier Gosuin me signale que si je trouve un lieu à Schaerbeek, l’ASBL « Bouton Blanc » pourrait les programmer un soir en collaboration avec le Centre culturel.

Nous sommes fin octobre, et sans attendre, je pars à la recherche d’un lieu pouvant convenir pour un tel concert. Mon instinct me conduit vers l’église Sainte Suzanne qui peut accueillir plusieurs centaines de personnes. En plus,  l’acoustique y est excellente et l’espace est parfait. Reste à convaincre le Doyen De Munck.

J’avais également pris contact avec « les Fils du Soleil » une association proche de l’école Sainte Marie qui mettait en scène des comédies musicales avec des jeunes (pour la plupart des Schaerbeekois) afin de donner aussi une dimension locale à l’événement.

Rendez-vous est pris avec le doyen pour le vendredi 3 novembre au matin. Je suis assez stressé. Je lui explique le projet. Il a visiblement suivi de très près les événements concernant la jeunesse, organisés durant l’année et apprécie beaucoup les sensibilisations mises en place par « Bouton Blanc ». Il marque son accord pour le 19 décembre.

Fin novembre, les tickets sont mis en vente à 900 FB (22,50 €). Le 7 décembre les 1.500 tickets sont vendus ! Il est prévu d’offrir un vin chaud à la fin de la soirée. Je demande au Collège une tente, deux becs de gaz, deux casseroles et une louche… L’échevin Claude Paulet refuse de les mettre à disposition, toujours fâché sur moi suite à l’abandon du projet de manège équestre à Renan.  Une nouvelle fois, nous nous débrouillons pour trouver ce matériel ailleurs.

Grâce au directeur du Centre culturel d’Auderghem, Monsieur Duposty, tout est réglé comme du papier à musique. La sonorisation ainsi que l’éclairage sont mis en place. Les parents des jeunes artistes « Les Fils du soleil » râlent sec, car le vestiaire chauffé est réservé aux quatre chanteurs du Golden Gate Quartet

L’église est pleine à craquer. La troupe « Les Fils du soleil » assure la première partie. A 21 heures, quatre personnes âgées se mettent à chanter et subliment l’assemblée avec leurs voix d’un timbre inouï. J’en ai encore des frissons en l’écrivant aujourd’hui.

Nous sommes tous transportés durant plus d’une heure et demie. Le doyen est heureux. Enfin, nous sommes tous heureux. Ce fut pour moi l’un de mes plus beaux moments au cours de mes 18 années d’échevinat.

Mais à la sortie, je crois rêver !

A demain.