Episode 25 : C’était au temps où Schaerbeek se réalisait…

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Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 25

Ce qui est extraordinaire,  ce n’est pas tant le nombre d’activités développées à Schaerbeek en 1989, mais plutôt le fait que ces activités ont été réalisées sans le moindre budget. En 1990, le miracle se reproduit. Comme l’année précédente, les activités se succèdent dans le cadre d’«Eté Jeunes », avec l’expérience et la confiance des jeunes en plus.

En septembre, se déroule la première Fête de la jeunesse dans le parc Renan en partenariat avec Christian Germain, échevin des Sport et Wind Bag, initiateur du concept. Un village de tentes accueille les associations locales. Plus de 25.000 personnes se déplacent pour l’événement au cours d’un week-end.

L’ambassade des Etats-Unis prend contact avec « Bouton Blanc », car elle désire organiser une rencontre par Net World (ce qui deviendra bien plus tard en gros l’internet) entre de jeunes Schaerbeekois et des étudiants Américains dans les bureaux de l’ambassade où seront installés l’écran géant et tout le matériel indispensable de transmission nécessaire à l’époque.

 

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Je mesure l’importance de l’événement et je prends mon bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des 17 directions d’écoles secondaires de Schaerbeek et les convaincre de prendre part à ce projet extraordinaire, monté par l’ambassade.  A chaque fois, la même question m’est posée : « Quelles sont les écoles qui ont décidé d’y participer ? ». Ma réponse est invariablement la même : « Toutes, il ne manque plus que vous ». Faute avouée, à moitié pardonnée… J’avoue avoir dû ruser pour parvenir au but mais il est atteint.

Le projet consiste à choisir un étudiant par école qui sera le porte-parole de ses compagnons sur leur perception des problématiques liées aux drogues. Tout cela se prépare lors d’ateliers au cours de morale ou de religion, ainsi qu’au cours d’anglais, langue qui sera utilisée lors de l’échange avec les jeunes Américains.

L’occasion est trop belle. Il faut surfer sur la vague et je propose également aux directions de participer à une rencontre entre les jeunes et un panel de décideurs (ministre, bourgmestres, entrepreneurs, ambassadeurs).

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Ils acceptent tous. Il faut donc d’urgence trouver un lieu. La Communauté française nous met les Halles de Schaerbeek à disposition et le Cirque Royal les supports techniques, principalement le son et la lumière.

Le projet prend forme, devant une soixantaine de personnalités qui ont répondu présentes à l’invitation, chacun des 17 porte-paroles désignés présente une proposition à la problématique de la toxicomanie.

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Entre chaque prestation d’élève, un artiste se produit, ce qui est une véritable prouesse technique pour l’équipe de mixage. Nous avons à nouveau pu compter sur la participation de Toots Thielemans, Paul Louka, Claude Barzotti et bien d’autres.

Le duplex avec les écoles et les Etats-Unis s’est déroulé le 24 octobre dans l’après-midi, et a été commenté aux différents JT du soir. Un vrai succès.

Une étude parue en 1990 tirait des conclusions très alarmantes : 35% des jeunes entre 13 et 17 ans avaient touché d’une manière ou d’une autre au moins une fois à la drogue !

Lors d’une réunion de debriefing avec les directions d’école, je les interroge à ce sujet, eux qui arguaient mordicus que la drogue ne touchait pas leurs établissements. « Mais où sont donc scolarisés ces jeunes ? ». Comme on dit « un ange passe », pas une réaction, silence total.

Le 7 novembre 1990, aux Halles de Schaerbeek plus de 5.000 jeunes participent au rassemblement. Des jeunes venus de Charleroi sont aussi présents avec une chanson intitulée « Bouton blanc ». Ils l’interprètent accompagnés de danseurs, dans une superbe chorégraphie devant une salle subjuguée. Pas à dire « Bouton blanc » a pleinement réussi sa mission. Un succès total, qui va bien au-delà de mes plus beaux espoirs.

Vers la fin de la journée, un éducateur qui accompagnait le groupe venu de Charleroi m’interpelle avec une jeune fille qu’il me présente. Elle me raconte son histoire les larmes aux yeux.

A demain.