Episode 27 : C’était au temps où Schaerbeek souffrait…

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Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 27 

Le rez-de-chaussée du n°99 de la rue de Jérusalem est occupé par « Atout projet ». Je décide de mettre les 1er et 2ème étages à la disposition d’un groupe de jeunes encadré par les animateurs découverts lors d’ « Eté Jeunes 89 ».

Ils seront plus d’une centaine à fréquenter le lieu. Le règlement d’ordre intérieur est très simple. Tout le monde est le bienvenu à deux conditions : respecter les lieux et tolérance zéro en matière de drogue.

Les jeunes baptisent l’endroit « stalag », par dérision concernant la politique menée par le Collège. Cela ne me plaît pas trop, mais je leur laisse les coudées franches.

Le projet de la SDRB pour une maison de quartier rue de Locht est modifié par le Collège dont la frange « dure » majoritaire ne veut plus entendre parler de jeunes et d’immigrés.

Pour rappel, la SDRB avait acquis trois immeubles rue Royale Sainte Marie et rue de Locht dans un quartier alors fort décati. Les immeubles de la rue Royale Sainte Marie étaient destinés au logement, pas de souci de ce côté-là. En revanche, la SDRB souhaitait investir dans la rénovation du bâtiment rue de Locht pour l’affecter ensuite à des activités culturelles pour la jeunesse. La Commune louerait le bien pour 2 millions BEF par an (50.000 €) mais politiquement cela revenait à me donner d’importants moyens pour mon échevinat. Il fut alors décidé au terme de longues tractations et revirements successifs que ce dossier ne dépendrait pas de l’échevinat de la jeunesse mais de celui des propriétés communales

Ce lieu deviendra ensuite (et est toujours) le Centre culturel de Schaerbeek.

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Lors de la présentation de ce dossier au Collège, une désagréable surprise m’attend. Roger Nols est de retour, avec la ferme intention de recadrer« sa » majorité et faire virer la politique de Schaerbeek bien à droite. Il réoccupe son siège de conseiller communal et envisage même de revenir aux affaires !

Même s’il rate son retour sur le devant de la scène politique schaerbeekoise, ses orientations données aux échevins qui le soutiennent font capoter le projet d’obtention du subside de 200.000€ que la Région allait mettre à disposition de Schaerbeek. Nous voilà donc une nouvelle fois à la case départ. Les associations schaerbeekoises crient au scandale et à juste titre.

Je me dis qu’il faut montrer que l’on résiste et que nous existons. Il faut être présent sur le terrain et activer tous les relais et manettes possibles.

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Le bateau « Bouton Blanc », mis à disposition par un entrepreneur schaerbeekois, prend le large tous les week-ends avec des jeunes schaerbeekois. En partenariat avec l’auto école ESCAM, nous lançons des cours d’apprentissage à la moto, nous réorganisons des actions sur le parc Renan avec au programme nettoyage et enlèvement des déchets.

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Le projet d’implantation d’une piste de skateboard financée par la Fondation Roi Baudouin progresse. Une opération « Compagnon de l’été » contre l’abandon des animaux de compagnie est mise en place. Nous nous activons également pour l’implantation d’une « Maison de la solidarité », qui doit succéder au « Resto de l’espoir » qui avait rencontré, on s’en souvient, un énorme succès sous tente l’hiver précédent. Enfin, le mercredi, nous donnons rendez-vous aux jeunes artistes au « Cancan », un établissement schaerbeekois, afin qu’ils puissent se produire devant un public, souvent très enthousiaste.

Tous les lundis, une conférence de presse est organisée pour présenter les nouveaux projets « Jeunesse ». Au Collège, les échevins sont furieux. Ils ne m’ont pas mis au pas. La cohabitation est de plus en plus difficile. Comment est-il encore possible que mon équipe et moi puissions rester motivés et venir avec des projets audacieux et rassembleurs dans un climat aussi hostile ? Je tiens néanmoins le coup. Roger Nols n’y va pas par le dos de la cuillère, ulcéré, il m’insulte. Je me dis que dès lors…tout va bien !

Ce que la frange dure du Collège ne perçoit pas, c’est que le Bourgmestre Léon Weustenraad ainsi que le président du CPAS Francis Duriau (qui vise à terme la succession de Weustenraad) voient tous les deux d’un mauvais œil le retour de Roger Nols au Collège pour une raison fort simple. Si ce dernier reprend sa place, il prendra forcément soit celle de Duriau, soit celle de Weustenraad

C’est donc en catimini et sans s’être concertés que l’un puis l’autre me donnent des conseils, voire des pistes et parfois même des moyens pour mettre mes projets en route. Leur aide s’avère très utile et me permet d’installer la « Maison de la solidarité » à la rue Van Dijck en un temps record.

Cette stratégie fonctionne bien, et la médiatisation de mes projets ainsi que leur diversité m’aident beaucoup. Il est difficile pour les plus récalcitrants nolsistes du Collège de me heurter de face et de rejeter ma politique en bloc. Mais j’admets que je suis visiblement le mouton noir du Collège et que j’y sème la zizanie et le chaos avec la bénédiction tacite du Bourgmestre Weustenraad, désormais associé à ma cause.

Le dossier « intégration », lui n’avance pas. Les blocages émanant du Collège se multiplient. Une véritable saga qui durera des mois et qui malheureusement finira par irriter définitivement la Région.

A demain.