Episode 34 : C’était au temps où Schaerbeek resurgissait
Troisième partie : Action consciente – Episode 34
La sérénité retrouvée, je me prépare pour le prochain Conseil communal, car je n’ai toujours pas accepté et digéré d’y avoir été malmené. Je constate que depuis le retrait de mes attributions, le personnel communal m’évite. Pire : certains m’ignorent à l’exception de mes anciens collaborateurs et d’une quarantaine de fonctionnaires de tous grades qui restent fidèles à eux-mêmes.
Il est d’ailleurs intéressant d’observer cela d’un point de vue sociologique et humain. Trois ans plus tard, lorsque j’effectuerai mon grand retour, les 40 du début resteront pareils à eux-mêmes. Par contre, les autres m’étoufferont littéralement à force d’accolades et de compliments à outrance. Je ne juge pas, étant donné les circonstances et le contexte politique de l’époque. Mais c’est un constat.
Le 28 juin 1991 est théoriquement le dernier Conseil communal présidé par Léon Weustenraad avant que Francis Duriau ne lui succède. Mais avec la nomination tardive de celui-ci, Weustenraad restera en place encore un bon bout de temps, près d’une année.
Je n’arrive pas seul au conseil communal où le spectacle est grandiose et l’ambiance électrique. Quelque 200 jeunes et moins jeunes, sous le regard inquiet de mes collègues, pénètrent dans la salle du conseil, munis de pancartes et de casseroles. Bref, la totale. Je demande la parole et à mon grand étonnement, on me la donne immédiatement.
Je commence à remercier le Bourgmestre sortant pour ses tentatives d’ouverture durant la trop courte durée de son mandat. Je me tourne ensuite vers mes « bourreaux » et leur lâche : « Honte à vous ! » sous le délire de mes soutiens présents dans la salle. Je pars alors avec eux rue Goossens pour un drink offert au nom du renouveau démocratique schaerbeekois.
J’avoue humblement que cela m’a fait un bien fou sur le moment. Pendant ce temps, ce soir-là au Conseil, la majorité se déchire une fois de plus autour de la énième mouture du projet d’intégration. C’est que la Région continue d’attendre patiemment. Dans ce carrousel façon Schaerbeek, nous en sommes à 20 mois d’attente et à 12 versions différentes…
Léon Weustenraad a fait cependant un très beau geste : il rencontre en cette fin juin, au nom de l’intérêt public, les 300 jeunes qui fréquentaient le « Stalag » avec des représentants de la Fondation Roi Baudouin en vue de leur trouver un lieu de remplacement.
Ce lieu se situe rue Metsijs, (aujourd’hui c’est devenu un complexe de logements sociaux). Désormais le sort de Léon est lié au mien. Nous sommes tous deux ostracisés par la majorité du Collège.
« Eté jeune » est cette année organisé sans la collaboration de la Commune. Deux partenaires associatifs se partageant un budget fédéral à la hausse, et « Bouton blanc » est aux manettes pour l’organisation d’une nouvelle descente de la Lesse, des sorties en mer ainsi que des cours d’initiation à la conduite moto en collaboration avec l’auto-école ESCAM.
Du côté événementiel, une animation « Hip-Hop » sera organisée aux Halles de Schaerbeek le 5 juillet avec un planning parfaitement tenu.
Ailleurs dans la capitale, le climat dégénère. Plusieurs émeutes de quartier ont lieu. A Schaerbeek, par contre, toujours rien à signaler malgré les attitudes provocatrices de Nols et de sa majorité. Schaerbeek est un modèle de calme en ce début d’été.
De mon côté, je ne chôme pas. Une réunion est organisée dans une salle de la Warner Bross. Chacun des 20 responsables a ramené 5 personnes de confiance. A 120, nous nous chargerons du service de sécurité. Chacun d’entre nous est responsable d’un cercle de 5 m de diamètre, ce qui nous permet de couvrir la totalité de l’espace.
L’affiche du festival est d’une qualité internationale et les graffeurs le sont également. Notre partenaire a tout prévu, même des extracteurs au-dessus des panneaux à « graffer ».
L’évènement reçoit le soutien du Ministre de la santé de Communauté française François Guillaume également Bourgmestre d’Evere. Une belle reconnaissance pour les jeunes qui se sont investis depuis deux mois dans l’organisation de la journée.
Nous voici au matin du jour J. Tout doit absolument bien se dérouler, c’est primordial pour les projets futurs.
A demain.