Episode 35 : C’était au temps où Schaerbeek rappait

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Troisième partie : Action consciente – Episode 35

Aux Halles de Schaerbeek, tout est tiré au cordeau. Notre partenaire Warner Bross n’a pas lésiné sur les moyens. Néanmoins mon inquiétude est énorme. Des émeutes ont éclaté sporadiquement dans plusieurs communes et nous n’avons pas droit à l’erreur. A 18h, le public afflue. Tout est prêt pour l’accueillir. Les graffeurs réalisent leurs œuvres. Après quelques mots de bienvenue, le podium s’anime avec un premier groupe. Dans la petite halle, tout est prêt pour que les discussions et le débat commencent.

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A 18h30, arrive le Ministre de la santé de la Communauté française François Guillaume. Il est accompagné par notre Bourgmestre Léon Weustenraad, qui paraît terrorisé. En me saluant, il dit au ministre : « Voilà, je te présente Jean-Pierre Van Gorp. Il est pire que Bernard Kouchner (je l’inviterai pour une conférence bien des années plus tard)  et il fait vraiment n’importe quoi ! Tu te rends compte qu’il réunit ici des centaines de personnes qui sont à la base des émeutes dans les communes bruxelloises ! »

Je lui réponds gentiment : « Léon, tu es plus en sécurité ici qu’au Collège ! ».Le Ministre rit aux larmes. Après avoir fait le tour des différentes activités, nous avons droit à de courtes prises de parole du Ministre et du Bourgmestre, suivies d’applaudissements. Le pari est gagné !

Le service d’ordre fonctionne très bien. Tout se déroulera sans problème jusqu’à 2h du matin, avec un dernier message des jeunes organisateurs demandant que le retour se fasse dans le calme.

C’est lors de cet événement que mon chemin a croisé celui de Said Benallel, qui officiait comme présentateur-animateur. Nous deviendrons amis et il sera témoin à mon mariage en 2007.

Dans la lancée, nous projetons une action autour du graff. Nous organisons d’abord une opération d’enlèvement des tags (à ne pas confondre avec un graff qui est artistique et pas intrusif) sur les façades de la commune.

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Nous organisons de même une exposition des graffs réalisés aux Halles durant l’événement du 5 juillet. Les panneaux sont déposés contre les murs, face à mon bureau au sous- sol de la maison communale. L’expo est précédée d’un vernissage où sont invités tous les acteurs qui ont permis le succès de l’événement.

Mon collègue Claude Paulet a cependant vent de la manifestation. Convaincu que nous avons peint sur les murs de la maison communale, il se met à crier au scandale, menaçant de faire constater les faits par un huissier de justice, de déposer plainte et de me faire rembourser tous les frais de remise en état…Il aura l’explication ainsi que ma  réponse dans le journal du lendemain. Il ne s’agissait que de panneaux…

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Souvenez-vous de Sébastien Laroche, le jeune graffeur qui avait peint les murs du terrain Rasquinet lors d’« Eté jeunes 89 » en purgeant sa peine d’intérêt général. L’ASBL « Bouton blanc » est contactée par les montres Swatch qui désirent obtenir ses coordonnées. Ils lui demanderont de réaliser une fresque géante pour leur stand au salon Cocoon. Sa maman Marie-Elise est bénévole de mon secrétariat depuis la mi-avril.

Les activités « Eté Jeunes 91 » suivent leurs cours. Mes chers collègues du Collège prennent directement contact avec Wind Bag (le partenaire de la fête des enfants de 1990) expliquant à Benoit Dallemagne, le directeur, que je ne suis plus son interlocuteur. Pour l’édition 1991 Wind Bag est priée de s’adresser à l’échevin de la jeunesse Christian Germain et à ses services.

Sa réponse que je ne pourrai jamais oublier  fuse : il ne désire pas collaborer avec des fascistes. Et si la Fête des enfants version 1991 doit avoir lieu à Schaerbeek, ce sera avec Jean-Pierre Van Gorp ou alors elle n’aura tout simplement pas lieu avec Wind Bag.

Pour la première fois, mes collègues sont réellement piqués au vif. Ils résolvent le problème à leur manière : ils décident de condamner la manifestation. Je me permets de leur rappeler que «l’ on ne dit jamais jamais ». Mais le Collège ignore ma remarque.

Dans l’après-midi, je téléphone à Benoit Dallemagne et le remercie sincèrement  pour son courage et sa détermination. Il me lâche : « Alors on la fait, cette fête des enfants ? ». La mettre en place sera pour moi l’un des défis les plus éprouvants qui soient.

A demain.