Episode 41 : C’était au temps où Schaerbeek bouleversait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 41

En ce mercredi 15 septembre 1993, aux alentours de 11 h, Léon Weustenraad, ancien bourgmestre, est là affalé devant l’ascenseur. Rapidement plusieurs fonctionnaires accourent aussi. Nous lui parlons. Il ne bouge plus. Francis Duriau, le nouveau bourgmestre, médecin de formation, est appelé en urgence. Malgré ses tentatives, pas moyen de réanimer l’homme.

L’ambulance arrive finalement après d’interminables minutes d’attente comme toujours dans ces cas-là. Après 20 minutes d’effort, les secours parviennent à relancer le cœur de Léon. Mais il est déjà trop tard, car Léon est plongé dans un profond coma.

Il sera déclaré mort officiellement le samedi 18 septembre. Son (bon) cœur l’a abandonné à l’endroit de tous ses combats et de tous ses tourments. A titre personnel, j’estime que son action fut décisive. Paradoxalement, son manque de gestion (il devait gérer des courants totalement contradictoires au sein du Collège) ainsi que son incapacité à trancher dans le vif et à décider, ont permis d’attiser et d’exaspérer les dissensions au sein de ce Collège. Et donc de précipiter bien malgré lui l’avènement d’une nouvelle ère politique pour Schaerbeek. Sa non-gestion des crises successives a finalement eu pour résultat un gain de temps extraordinaire facilitant le passage de Schaerbeek vers la lumière. Léon, encore merci.

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Entre-temps, « Schaerbeek la Nouvelle » est née. Ce mouvement citoyen regroupe les différentes composantes de la société schaerbeekoise, qui au travers du Stalag, de l’asbl « Bouton Blanc » et mon comité de soutien de l’époque ont décidé de se regrouper dans cette dynamique commune.

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Pendant deux ans, « Schaerbeek la Nouvelle » va organiser une dizaine de conférences sur des thématiques concernant le futur de la Commune et distribuera plus de 1500 cassettes vidéo présentant le mouvement (à l’époque internet n’existait pas).

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Au cours de ces conférences, Ricardo Petrella, un Schaerbeekois hors normes va profondément interpeller nombre de Schaerbeekois par son charisme et son engagement pour que l’accès à l’eau pour toute l’humanité constitue une priorité des Etats. Il donne à nos conférences une dimension qui dépasse les frontières communales.

Une réalisatrice de la RTBF va à titre privé avec une équipe (caméraman et preneur de son)  bénévole, offrir un court métrage d’une vingtaine de minutes sur l’évolution de Schaerbeek au travers de quatre années d’actions de terrain. Cliquez ici pour voir le film.

La totalité de mes revenus d’échevin est investie dans les actions du mouvement.

Francis Duriau a repris les commandes de la Commune de manière intelligente. Il rassemble, décide, s’impose, et surtout échappe totalement aux griffes de Roger Nols qui fulmine et refuse d’abandonner la partie depuis son banc de conseiller communal et de leader moral d’une partie de la majorité.

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Sans pour autant me rendre mes attributions, Francis Duriau m’associe de plus en plus souvent à  des réflexions et des activités communales, sous les yeux de mes collègues qui ne disent rien mais n’en pensent pas moins.

Arrive ce 31 juillet 1993 où la Belgique est en deuil, elle vient de perdre son Roi, une tristesse collective énorme envahit le pays.

Je me souviens du lundi 2 août après- midi où le Collège au grand complet, accueille le convoi funèbre du roi Baudouin à son passage devant l’église Royale Sainte Marie au moment de son entrée sur le territoire de Schaerbeek.

Sa dépouille rejoint le Palais Royal de Bruxelles pour y être exposée, plus de 800 000 personnes lui rendront hommage sous un soleil de plomb. J’en fis partie avec mon ami et collègue échevin d’Auderghem Bruno Collard.

C’est devant le Botanique, le 9 août après-midi que le Collège se retrouve à nouveau cette fois pour accueillir le nouveau couple royal Albert II et Paola.  Nous étions au centre de la rue Royale dans l’attente de l’arrivée du cortège lorsque je vis dans la foule un responsable du Patro Scout de la commune. Il me fait des grands signes et me montre un petit garçon en uniforme avec à la main un superbe bouquet de fleurs. Je sors du rang et vais chercher le garçon et le place à côté de moi sous les yeux étonnés de mes collègues.

La voiture royale ralentit devant le garçonnet qui remet son bouquet à la reine Paola. Tout le monde est content. Francis Duriau me dit en souriant « Tu n’arrêtes donc jamais ! »

Entre temps, devenu membre du FDF après les élections législatives et provinciales, je suis élu président de la section du FDF et à ce titre j’entame avec mes deux collègues du Conseil communal Bernard Clerfayt et Michel De Herde, une pré-négociation pour une future majorité au lendemain des élections d’octobre 1993.

Au même moment, Roger Nols, aux abois, approche le PRL(MR) de Bernard Guillaume, Jean-Paul Bosquet et Jean Marie Charels, pour former une liste capable de remettre Schaerbeek « dans le droit chemin », selon sa vision des choses.

Les membres du Collège vont se présenter en ordre dispersé aux élections : d’un côté la liste du Bourgmestre avec Francis Duriau et les échevins Jacques Nimal, Christian Germain , Claude Paulet et André Verhaegen et de l’autre côté la liste PRL avec Roger Nols, Bernard Guillaume, Jean-Paul Bosquet et Jean-Marie Charels.

La présence de Roger Nols sur la liste PRL favorise bien entendu le rapprochement entre la liste du Bourgmestre et le FDF.

Les anciens Nolsistes se retrouvent sur une liste du Bourgmestre contre Nols qui a quant à lui été investi en dernière place la liste PRL où se trouve Bernard Guillaume, échevin sortant et l’un des acteurs modérés dans la saga des projets d’intégration de l’époque Weustenraad qui m’avait valu le retrait de mes attributions.

La logique politique est parfois une logique que le bon sens ignore…

A demain.