Episode 43 : C’était au temps où Schaerbeek s’ouvrait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 43

Immédiatement après avoir reçu mes nouvelles compétences, je me mets au travail : il s’agit de mettre en place mon futur cabinet. Je récupère tout d’abord le cabinet de l’Etat civil qui était occupé par Bernard Guillaume. Ce cabinet est situé au rez-de-chaussée. Lorsque l’on arrive dans l’hôtel communal par le grand escalier en marbre, il faut tourner deux fois à gauche vers la grande porte capitonnée qui donne sur l’antichambre.

En entrant, on se trouve face au bureau de l’échevin, derrière lequel se dresse une splendide cheminée en bois où sont sculptées les trois Parques (divinités dans la mythologie romaine maîtresses du destin). L’une tisse le fil de la vie, la deuxième tient le sablier du temps et la troisième tient la paire de ciseaux pour, le temps venu, couper le fil de cette vie. Symboliquement, elles évoquent les moments d’une vie nécessitant l’intervention de l’état civil : la naissance, la vie « quotidienne » (carte d’identité, mariage…) et le décès. Quant à la cheminée, elle est éclairée par les vitraux qui symbolisent quant à eux les quatre saisons de la vie.

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Je garde la secrétaire de Bernard Guillaume, Anne Van Geirt. Je propose à George Hasaert, ancien chef de cabinet de feu Léon Weustenraad qui lors de son décès fut gentiment accueilli par Bernard Guillaume, de rejoindre les Classes moyennes. Ce qu’il accepte avec plaisir.

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J’étoffe le secrétariat avec l’apport de Martine Polec du service Etat Civil ainsi que Karine Laszlo du service population. L’équipe est en place. Nous travaillerons ensemble durant 12 années sans ménager notre temps ni notre énergie.

Je remarque dans le coin de l’antichambre du cabinet une photocopieuse. Son état d’épuisement est avancé. Je demande à Anne de rédiger une analyse cabinet (document qui doit être rédigé pour obtenir un accord au Collège) pour la remplacer. Six jours plus tard, arrive dans mon antichambre une photocopieuse dernier cri, avec toutes les options. Elle est rapidement installée et nous sommes vraiment ravis (mais étonnés) de la rapidité avec laquelle nous l’avons reçue. Je prends contact avec le service des achats pour les remercier, et là j’apprends que c’est en fait la photocopieuse commandée par mon prédécesseur 28 mois plus tôt qui a enfin été livrée ! Bref, nous avons beaucoup de chance et elle nous sera bien utile.

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Je vais déjeuner avec Léopold Demonseau, directeur du département Etat-Civil et Population. Je l’écoute longuement et le rassure également. Pour un fonctionnaire, un changement de majorité signifie un changement politique de gestion. Il faut donc veiller selon moi à ne pas brusquer les choses même si pour certains dossiers, nous allons opérer un tournant à 180°.

Le directeur-adjoint Jean-Pierre Tobback m’avait plusieurs fois éconduit suite à des demandes de suivi de dossiers. Imaginez donc l’inquiétude de celui-ci en apprenant ma nomination à la tête de son département… Pourtant, l’entente sera bonne : nous avons eu une excellente collaboration pendant les six années durant lesquelles j’ai assuré les compétences Etat-Civil Population.

Mes anciennes collègues du sous-sol ont préféré rester dans leurs services, sauf Nicole Van Look qui a rejoint le service Classes moyennes. Elles ont gardé le « passage secret » par l’armoire en souvenir de toutes ces années.

La seule chose que j’ai récupérée de mon ancien bureau, c’est un bas-relief en marbre, représentant un taureau face à un picador à cheval. Cette œuvre d’art communale m’a suivi durant mes 18 ans d’échevinat dans les meilleurs et les pires moments. Depuis 2007, elle suit désormais mon épouse avec sérénité, au gré des déménagements successifs de son service au sein de l’administration

Au sous-sol, à côté de mon ancien bureau, est installé le Service des Classes moyennes. Claude Paulet a transféré la moitié du personnel du service vers le service des Travaux dont il reste le patron. Mon arrivée aux Classes moyennes est donc loin de le réjouir.

Je suis également en conflit avec lui par rapport à la gestion du cimetière, depuis toujours géré par l’Etat-Civil. Mais Claude Paulet entend comme d’habitude tout décider tout seul et fait des pieds et des mains pour conerver cette compétence. Pour lui, le cimetière doit être géré par le service des Travaux.

L’homme n’a pas encore assimilé que les temps ont changé. Cette obsession qu’il a de gérer le cimetière n’a d’ailleurs jamais été discutée. L’affaire est portée devant le Collège qui ne lui donne pas raison. Il « hurle » cette fois-ci en silence. Je me dis que sympathiser avec lui un jour va vraiment s’avérer très compliqué.

Son acharnement à vouloir récupérer à tout prix la gestion du cimetière me turlupine. Il doit y avoir une bonne raison. La réponse, je l’obtiendrai une semaine plus tard. Ce que je vais en effet découvrir est assez incroyable… mais malheureusement bien réel.

A demain.