Episode 55 : C’était au temps où Schaerbeek s’émouvait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 55

Cela fait déjà quelques années que les habitants du quartier Terdelt croisent un petit garçon incroyable. A 3 ans, il parle déjà presque comme un avocat. «Les mensonges en moins » précise Philippe, son papa. Bichon doit sa précocité au fait qu’il fréquente régulièrement des adultes. La leucémie, hélas, l’oblige à de nombreux séjours en milieu hospitalier.

Je me souviens très bien de lui lorsqu’il venait au complexe sportif du Terdelt, entouré de ses parents, assis sur un petit vélo. Il ne laissait personne indifférent.

RTL-TVI invite Bichon (de son vrai nom Bruno Hendrickx) à participer à une émission pour le Télévie. Son charisme en fera de lui la mascotte.

Bichon avait un courage incroyable, toujours de bonne humeur et battant malgré les assauts incessants de sa leucémie.

Durant une des émissions à laquelle il participe, il explique que lorsqu’il sera grand, il désire être gendarme. Il ne devra pas attendre aussi longtemps. L’année suivante, il reçoit de l’Etat Major de la gendarmerie son costume de gendarme et devient Maréchal des Logis chef à l’âge de huit ans.

Malgré les efforts de la médecine, le combat devient difficile, Bichon dépose les armes ce 14 mars 1997. Au fil des ans, j’avais lié des contacts avec les parents de Bichon. Je n’oublierai jamais lorsque qu’accompagné de Francis Duriau, je me suis rendu au domicile des Hendrickx avant d’aller au crématorium d’Uccle.

Nous montons tous les deux dans l’appartement de Bichon. Il est là dans son petit cercueil en habit de Maréchal des Logis chef. En écrivant ces lignes, les larmes me montent encore aux yeux.

Le cortège funèbre se forme. Je suis dans la voiture de la Commune en tant qu’Echevin de l’Etat civil-Population en compagnie du Bourgmestre. A l’avant du corbillard, il y a une flèche composée par 32 motos de la Gendarmerie. C’était aussi impressionnant qu’émouvant. Francis Duriau, ému, me dit que c’est quand même un grand déploiement inhabituel. Je lui rétorque : « Ils ont perdu un des leurs ».

Nous arrivons au crématorium devant une foule énorme, l’émotion est perceptible. Sont présents tous les amis de Bichon, une délégation de son école communale n°17, sa famille bien évidemment, ses collègues gendarmes, la famille RTL, des anonymes,…

Là, je me suis dit que même petit on peut être grand.

Cinq ans plus tard, Bob Van Brussel, conseiller communal et échevin honoraire, propose au Collège de baptiser le square qui fait face à la maison de ses parents « place Bichon ».

L’idée fut chaleureusement accueillie et la nouvelle dénomination franchit aisément toutes les étapes administratives. La joie et l’émotion prévalaient, ce vendredi-là, au croisement de l’avenue Gilisquet et de la rue Guffens, lorsque des écoliers ont lâché leurs ballons porteurs de messages d’espoir.

Les parents, très émus, ont expliqué que cette place était le symbole du courage extraordinaire qu’ont les enfants malades, bien plus forts que nous les adultes.

En souvenir de son petit élève, l’école 17 participe au Télévie et rapporte chaque année une importante somme d’argent. Elle participe depuis 1998 au cortège carnavalesque de Schaerbeek, avec le petit train Télévie de l’école 17.

A demain.