Episode 71 : C’était au temps où Schaerbeek s’opposait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 71

Ce qui est incroyable, c’est qu’aucun des journalistes présents n’a perçu le ramdam qui se déroulait derrière la porte de la pièce où se tenait la conférence de presse. Quant à Marc Weber (conseiller d’Olivier Maingain à l’époque), grâce à qui le « pugilat » fut évité, il devint comme je l’ai mentionné déjà dans le précédent épisode, directeur de cabinet du nouveau Bourgmestre notamment en gage de reconnaissance et de confiance. Il occupe encore ce poste en 2018.

Il ne reste que trois mois avant les élections communales. Du côté de Francis Duriau, il y a urgence, surtout qu’aucun plan B n’avait été prévu et qu’il fallait trouver 47 candidats pour constituer une liste complète.

AAA JPVG Photo épisode 71-7

AAA JPVG Photo épisode 71-8

AAA JPVG Photo épisode 71-9

La liste FDF-MR n’avait quant à elle pas ce souci à ce niveau-là. Les candidats ne manquaient pas. Au contraire, nous devions en refuser.

Le vendredi 23 juin 2000, jour de la conférence de presse, nous retrouvons notre nouveau partenaire vers 16h à la rue de Naples, au siège du MR que préside à l’époque Daniel Ducarme.

AAA JPVG Photo épisode 71-5

Nous sommes six autour de la table : Ducarme, Guillaume et Noël pour le MR et Clerfayt, De Herde et moi pour le FDF. Ducarme insiste pour que nous décidions des compétences des différents échevins en cas de victoire au lendemain du scrutin du 8 octobre.

Nous commençons donc un tour de table, où  les deux parties suivent les règles du poker menteur plutôt que les règles de la transparence… à une exception toutefois pour Bernard Guillaume qui, d’emblée, revendique haut et fort ses anciennes compétences Population et Etat-Civil où je lui ai succédé.

Sa sortie énerve Ducarme, et celui-ci demande à Guillaume de se taire. Bien évidemment, je réagis en soulignant que je n’ai pas démérité durant ces 6 dernières années et que dès lors je désirerais garder ces compétences, histoire de faire monter les enchères, car c’est bien de cela qu’il s’agit au cours de cette réunion.

Et voilà que Bernard Guillaume revient avec ses exigences, Ducarme assis à côté, lui dit : « Tu vas te taire ! » Mais Guillaume continue et tout à coup, excédé, Ducarme prend son stylo et pique dans le flanc de Guillaume qui en sursaute.

Cet incident invraisemblable me choque. Encore heureux que Ducarme n’ait pas planté son stylo dans mon flanc ! Il aurait été bien reçu ! A partir de cet instant, je n’ai plus jamais eu une quelconque estime pour le personnage. Sa brutalité ne m’a toutefois pas empêché de lui reconnaître un indéniable charisme, un humour certain et surtout un énorme culot.

Toujours est-il que, grâce à Bernard Guillaume, j’ai obtenu, « en compensation » d’avoir dû laisser dans l’escarcelle du MR la compétence Etat-civil et Population, les compétences suivantes : les Travaux publics, la Propreté, les Espaces verts, les seniors en plus des Classes moyennes et du folklore que je conservais.

Avec le recul, je me rends compte que la bonne gestion de toutes ces compétences m’a demandé une gigantesque énergie et beaucoup de mon temps. Ce qui par moments m’a littéralement épuisé.

AAA JPVG Photo épisode 71-6

Nous lançons très rapidement une campagne dynamique, avec le slogan « Les Schaerbeekois ont du talent ». Je suis le coordinateur pour la campagne du FDF. Je garde un  excellent souvenir de la dynamique de groupe que nous avions développée et qui d’ailleurs s’est reflétée sur notre résultat électoral.

AAA JPVG Photo épisode 71-3

Rapidement, notre liste s’imposait comme porteuse du renouveau pour Schaerbeek et les Schaerbeekois.

Par contre, l’ambiance au Collège n’était plus du tout au beau fixe. Ma chance était que toutes mes demandes relatives à l’organisation du 21 juillet au parc Josaphat ainsi que celles pour les braderies, avaient déjà été accordées.

Début juillet, Léopold Demonseau, directeur du service Etat civil-Population m’avertit qu’une personne se revendiquant de la liste de Francis Duriau, menace le personnel, car on ne s’empresse pas assez vite auprès de la famille qu’il accompagne.

Je sors de mon cabinet et me dirige vers la salle des guichets où j’entends effectivement quelqu’un en train de hausser le ton tout en claquant des doigts. Il ne me voit pas arriver et au passage j’attrape le petit bout de sa cravate et le coince entre la cabine téléphonique en bois de la salle des guichets. Avec ma très grosse voix, je lui explique qu’au cours de mes douze années d’échevinat, je ne me suis jamais permis de claquer les doigts, mais qu’aujourd’hui ce sera la première fois que je le ferai.

Je claque ainsi effectivement les doigts et lui lâche : « Dehors blaireau ! ». Il part sans demander son reste. Je me tourne vers la famille médusée par cette scène, qui va être prise en charge par un fonctionnaire. Le soir, à un vernissage, je retrouve mon jeune bonhomme en compagnie de Francis Duriau.

A demain.