Episode 85 : C’était au temps où Schaerbeek se contrariait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 85

Dans les nombreux départements dépendant des services travaux, il y en a un qui fonctionne impeccablement bien c’est l’imprimerie communale. Cela me fait d’autant plus plaisir que jeune je fus amené à travailler dans ma petite imprimerie familiale. On y imprime tous les documents communaux du bulletin scolaire aux affiches culturelles. C’est une véritable entreprise au service de l’administration.

Lorsque Bernard Clerfayt m’annonce qu’il désire supprimer l’imprimerie et externaliser l’impression des documents par mesure d’économie, mon sang ne fait qu’un tour.

J’ai beau lui expliquer que cela reviendra plus cher à la commune, qu’il va falloir ajouter la TVA, lancer des appels d’offres, subir les délais, les livraisons et surtout décapiter un service composé de 9 personnes qui n’ont jamais démérité, on ne m’entend pas.

Cette saga a duré 3 ans. Depuis le début, j’ai tout fait pour essayer de rassurer le personnel. Après 3 ans de peur et d’angoisse légitimes pour ces gens, mes arguments furent confirmés par un rapport d’audit. J’avoue que je ne l’ai pas bien « digéré ». Tout cela pour ça et au final quelle démotivation pour le personnel.

Bernard Clerfayt organise depuis février 2001 une « permanence du Bourgmestre » le jeudi matin. De très nombreuses personnes viennent se plaindre chez moi car lors de ces permanences, le Bourgmestre est en fait absent et se fait remplacer par Alain Borgne, fonctionnaire au Foyer schaerbeekois qui reçoit avec beaucoup de tact et d’égards.

Certains pensent même qu’Alain est en fait le Bourgmestre ! Quelques semaines plus tard, devant la porte du cabinet du bourgmestre, placement d’une sorte de totem avec la photo du bourgmestre et son nom en grand en dessous, histoire que chacun visualise bien…

La déception n’en est dès lors que plus grande.

A de nombreuse reprises, j’ai tenté de lui expliquer que soit il est présent ou bien il enlève la mention « du Bourgmestre » de ces permanences, par respect pour les gens qui espèrent le rencontrer. Il n’a jamais reçu personnellement les Schaerbeekois qui viennent souvent dans le cadre de problèmes locatifs. A force de seriner le même discours, je commence à sentir que je deviens un empêcheur de tourner en rond qui exaspère.

En ce beau mois de mai 2001, avec le service, nous organisons notre première grande excursion avec les seniors. Nous partons à plus de 350 répartis dans six autocars pour Anvers.

Après avoir visité la ville, nous embarquons dans le «Sea-Star », superbe bateau, avec restaurant et salle de spectacle. Durant six heures de croisière qui nous ramènera à Bruxelles, un repas gastronomique est servi, suivi d’un après-midi dansant à faire des vagues dans le canal ! Ce sont ces moments- là qui me donnent envie d’aller de l’avant, malgré des questionnements qui commencent à me tarauder.

Depuis le début de cette année 2001, la Zone de police Polbruno a vu le jour, cette nouvelle zone regroupe les communes de Schaerbeek, Evere et Saint-Josse, ce qui représente une superficie de 14,3 km² et plus de 175000 habitants.

Le défi est énorme, la police de Schaerbeek est sous le choc de l’après ère Demol, la police de Saint-Josse est en crise et la police d’Evere est dans l’attente. Enfin, il y a la petite antenne de gendarmerie située dans le quartier d’Helmet qui commençe à se sentir bien isolée.

Schaerbeek dans sa reconstruction a eu l’énorme chance de voir arriver l’homme providentiel au bon moment et au bon endroit : le major David Yansenne, ancien porte-parole de la gendarmerie, diplômé de l’école royale militaire et licencié en criminologie, spécialiste de l’organisation du dispositif d’encadrement des manifestations à Bruxelles. La tâche est ardue mais l’homme sera à la hauteur.

Au cours des années qui vont suivre, je vais l’observer et apprendrai énormément dans sa façon de manager ses équipes. Grâce à ses conseils, j’ai pu réorganiser la propreté publique en secteurs à l’image de ses secteurs couverts par ses 5 commissariats. J’en reparlerai en temps voulu.

Demol avait façonné une police totalement centralisée. Grâce à David Yansenne, nous nous acheminons vers une police décentralisée avec donc 5 commissariats autonomes pour 5 secteurs à cheval sur les trois communes.

Durant plus d’une année, le commissaire-divisionnaire Yansenne va recevoir en particulier tous les membres de son personnel, pour les écouter, parler de leurs aspirations pour le futur au sein de la nouvelle structure de la zone Polbruno. Il revit ensuite celles et ceux (environ 80 personnes) qui n’avaient pas pu trouver leur place suite à la première entrevue.

Un exemple d’excellence en management. Quatre commissariats sont rapidement opérationnels et le cinquième fonctionna dans un premier temps de manière virtuelle pour ne pas perdre de temps.

Dès le début, j’ai toujours pu compter sur ses équipes à l’occasion des divers événements organisés sur le territoire de Schaerbeek.

A demain.