Episode 90 : C’était au temps où Schaerbeek encaissait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 90

Lors du dernier Collège de juin, le Receveur communal nous informe que la trésorerie de la Commune ne pourra pas payer les salaires du mois d’août. Nous sommes consternés. Le Bourgmestre prend immédiatement contact avec la Région bruxelloise, et active tous ses relais pour sortir de cette impasse. Par l’intermédiaire de Daniel Ducarme, une lueur d’espoir se profile à l’horizon. Schaerbeek pourrait recevoir un prêt de 25 millions d’euros non remboursables à terme.

Après de multiples négociations et avec un engagement ferme de faire des économies structurelles dans le futur, un Conseil communal extraordinaire est organisé.

Devant la maison communale en front commun tous les syndicats ont appelé à une mobilisation de leurs affiliés. Ils sont rejoints par des membres du personnel non affiliés, tous inquiets pour leur avenir.

Avant la séance du Conseil, j’écoute les inquiétudes du personnel et essaye autant que possible de les rassurer. Le Conseil communal débute à 19 heures avec une demi heure de retard. L’ambiance est électrique et la majorité est divisée sur les mesures à prendre. Le PRL exige la suppression de la prime de fin d’année, les ECOLO et le PS refusent et nous FDF sommes mal pris.

Plus de trois cents membres du personnel attendent des nouvelles sur leur sort. Plusieurs suspensions de séance sont demandées par la majorité pour trouver un consensus, le Bourgmestre m’envoie à nouveau rassurer le personnel car il sait que j’ai plutôt un bon contact avec la plupart d’entre eux.

Avec un mégaphone, je leur explique la situation financière dramatique dans laquelle nous nous trouvons et la nécessité absolue de faire des économies y compris sur les charges de personnel. C’est l’une des missions les plus ingrates de mes 18 ans de mandats d’échevin. Après une demi-heure, je prends congé en leur promettant de faire un maximum et de les tenir au courant dans les meilleurs délais des tractations toujours en cours au sein de la majorité.

Il est déjà 21 heures et nous ne sommes nulle part. Nouvelles ruptures de séances : le groupe PRL et FDF se retire dans la salle du Collège pour trouver un accord. Je défends pour ma part le maintien de la prime de fin d’année pour le personnel.

Daniel Ducarme se fâche, sort le chèque de la Région de 25 millions d’euros et menace de le déchirer si nous ne décidons pas immédiatement la suppression de cette prime. Le FDF obtient la garantie de pouvoir offrir des chèques repas en compensation et ce dans un délai raisonnable. On me promet également que lorsque la Commune aura retrouvé son équilibre financier, la prime sera rétablie. C’est le cas depuis 2018.

La nouvelle est très mal accueillie par le personnel. Lorsque la séance du Conseil reprend enfin, la majorité est divisée : d’un côté ECOLO et PS, de l’autre FDF et PRL. Après un débat houleux, le Bourgmestre décide de mettre ce plan d’économie au vote.

Une décision est indispensable pour obtenir le ballon d’oxygène régional pour le fonctionnement de la Commune. Bernard Clerfayt insiste pour obtenir un vote positif de l’ensemble de la majorité.

Il ne tarde pas à blémir au moment du vote des élus ECOLO qui votent… contre. Sous les cris de la salle « PS ressaisis-toi ! », le PS ainsi que l’opposition s’abstiennent. Le vote est adopté par 19 voix pour, 11 voix contre et 15 abstentions.

A l’issue de la séance, le Bourgmestre très en colère, annonce le retrait de la signature des 3 échevins ECOLO pour une durée non définie. Ce fut la pire crise de majorité que Clerfayt dut gérer.

Trois jours plus tard, le Bourgmestre part en vacances et me laisse le soin d’assumer la procédure de retrait de signature de mes trois collègues Ecolo, ce qui veut dire aussi que je passerai le mois qui vient à signer mes documents, ceux du Bourgmestre ainsi que ceux des trois échevins ECOLO. Bonjour, le durillon au doigt…

Seule bonne nouvelle, un 21 juillet ressuscité grâce à une mobilisation citoyenne. Cela me met suffisamment de baume au cœur pour oublier le reste.

Ce 21 juillet restera dans les annales de la Commune : les artistes tous bénévoles, la sonorisation offerte, des sponsors et bénévoles. 16 ans plus tard, je dis encore un énorme merci et bravo à toi Nathalie Miss 2002 et à tous nos amis.

Le 9 août 2002, une fois de plus le Meyboom passe par Schaerbeek, et une fois de plus la tradition est sauvée. Avant 17h, l’arbre est planté !

A demain.