Episode 102 : C’était au temps où Schaerbeek votait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 102

Bien que ma place sur la liste n’est pas des plus visibles, je décide de faire une campagne à la hauteur des ambitions d’être élu. Mais il faut bien avouer que tout avait commencé sous de bien mauvais auspices. Le jour du lancement de ma campagne au cours d’une réception organisée aux Halles Saint-Géry, Daniel Ducarme, Ministre-Président de la Région bruxelloise annonce sa démission, rattrapé par une hallucinante affaire fiscale. Jacques Simonet qui avait été éjecté par Ducarme afin de donner le poste à François-Xavier de Donnéa qui avait lui perdu son mayorat à la Ville en 2000, est donc rappelé pour reprendre le poste.

Comme entrée en matière il y a mieux …mais ma motivation reste cependant intacte.  Frédéric Van Crombrugghe, avocat, accepte d’être mon chef de campagne secondé par mon épouse. Ce fut avec le recul probablement l’une des plus belles campagnes que j’ai menées.

Début mars, mon site internet voit le jour. Evidemment si on compare avec la technologie d’aujourd’hui il était très basique mais il a eu le mérite d’être parmi les premiers à exister et à continuer à exister 14 ans plus tard. Il est opérationnel grâce au savoir-faire technique de William De Wulf, membre très actif de l’asbl Schaerbeek la Dynamique, et ensuite de Thierry Desclez qui prit le relais.

Depuis 2004 jusqu’à ce jour, il a toujours été « alimenté ». Cela mérite d’être souligné car en Région bruxelloise je pense qu’il détient probablement le record de longévité pour un site politique. Les sites politiques ayant généralement une espérance de vie très limitée : voyant le jour ou étant remis à niveau avant une échéance électorale, pour retomber aussitôt après dans l’oubli.

Je fais campagne avec Jean-Paul Van Laethem qui est échevin à Ganshoren. Nous pouvons aussi compter sur de très nombreuses aides de bénévoles et sympathisants.

Affiches, toutes boîtes, réunions avec les habitants, présence aux événements, le rythme est soutenu surtout qu’il faut aussi aller glaner des voix hors Schaerbeek. Cela demande donc des déplacements dans les 18 autres communes de la Région où je tisse des liens avec d’autres candidats et apprends à découvrir de très belles personnalités.

A cela s’ajoute mon travail au quotidien d’échevin avec les compétences importantes qui sont les miennes. Avec le recul, je me demande où j’allais puiser toute cette énergie.

Bien que membre du FDF, des Libéraux schaerbeekois me viennent aussi en soutien sur cette liste commune régionale. Mes deux collègues échevins Etienne Noël et Bernard Guillaume, Sybille et Hubert Destray, conseiller CPAS ainsi que Anne Bernard-Hougardy, veuve du conseiller communal Francis Hougardy décédé lors du Conseil communal du 22 décembre 1999 alors qu’il discutait dans la salle du Collège. Anne est membre du Conseil d’administration de l’asbl Pater Baudry depuis 2001 et s’investit énormément en tant que bénévole pour cette asbl.

De nombreux Schaerbeekois me viennent spontanément en aide tout au long de la campagne. Je pense en particulier à Michel Cuvelier, Recep Dimir, Christina Bollen et Chouppy pour ne citer qu’eux.

Malgré tous les efforts déployés, ma déception fut grande, la liste MR passa en effet de 29 à 25 députés. Le 26èmesiège fut en ballotage jusqu’à 22 heures et basculera à 24 voix en faveur du PS.

Mon ami et collègue Mohamed Lahlali fut le dernier élu de la liste PS. Quant à moi je suis le premier non élu FDF avec 2782 voix juste derrière Nathalie Gilson qui obtient le dernier siège avec 74 voix de plus que mon score.

A l’époque, ce fut clairement une grande déception après toute cette énergie déployée. J’estimais que Bernard Clerfayt qui fut quant à lui forcément élu car dans les premières places de la liste, ne m’avait pas suffisamment soutenu. Toutefois avec du recul, je pense que ma place n’était en définitive pas à la Région. Tous les signes se sont mis en place pour me  le démontrer.

Durant toutes ces années passées en politique à Schaerbeek, j’ai pu constater à de nombreuses reprises que des éléments se présentaient à moi comme pour me montrer le chemin à suivre. A ce propos, il me revient en mémoire un événement surprenant.

Nous sommes en juin 1996, Marraine, qui est la sœur de ma mère, réside depuis de nombreuses années dans une seniorie, ne pouvant plus vivre chez moi, devenue sujette à des crises d’épilepsie.

Lors d’une de mes visites hebdomadaires, elle me parle à plusieurs reprises du mariage d’une des aides soignantes de sa résidence avec le kinésithérapeute de la maison.

Je lui pose la question de savoir si elle est invitée à la réception. C’est le cas. Je sens qu’elle a vraiment envie d’y aller et lui propose donc de venir la chercher pour l’y conduire.

Nous sommes le vendredi 22 juin 1996 pour être précis. Ce même vendredi, Anne Van Geirt, ma secrétaire, organise un drink pour les 50 ans de son mari Hué, qui se fait toujours un plaisir de donner un coup de main lors de nos nombreux événements organisés tout au long de l’année.

Nous sommes à 15h30 une bonne vingtaine attablés à la terrasse du restaurant-brasserie The Oldies situé en face de la maison communale. Je me retrouve assis à côté de Hué. A un moment donné, je me fais la réflexion qu’il semble triste. Nous continuons à deviser lorsqu’il m’avoue en aparté qu’il aurait aimé un jour comme aujourd’hui avoir des nouvelles de son père. Les deux hommes sont brouillés suite à un ancien différend familial.

Il m’explique longuement que cela lui aurait fait un bien fou d’avoir de ses nouvelles le jour de ses 50 ans. A 17h15, je prends congé pour aller chercher ma marraine.

Elle s’était faite toute belle du haut de ses 84 ans, visiblement ravie de sortir pour l’occasion ce qu’elle ne faisait plus depuis un certain temps. Nous voilà partis pour une incroyable soirée.

A demain.