Episode 108 : C’était au temps où Schaerbeek se fatiguait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 108

Enfin arrive le 9 août 2005 et son Meyboom. Cette journée m’a vraiment fait cette année-là un bien fou. Ce fut une sorte de dépaysement dans cet oasis de folklore en compagnie de Toine et des bûumdroegers, un moment de relâchement avec les bourgmestres Freddy Thielemans pour Bruxelles et Jean Demannez pour Saint-Josse. Je dois bien avouer que cela me « rebooste » pour un tour.

Au niveau politique, la situation schaerbeekoise devient tendue dans la perspective des  élections communales d’octobre 2006. Les manoeuvres de Daniel Ducarme pour récupérer la section MR créent des divisions fratricides au sein de la section locale. L’éclatement est évité de justesse en raison de l’arrivée de Laurette Onkelinx. Il faut en effet serrer les rangs face à la menace d’un raz-de-marée socialiste.

Cependant, Daniel Ducarme sera mis sur la touche et ne reviendra jamais aux manettes. Les cicatrices ne guériront pas chez certains mandataires et militants libéraux, ce qui provoquera le schisme de la section locale du MR en 2012 mais cela c’est une autre histoire.

Je dois finalement être hospitalisé en raison de mes problèmes pulmonaires récurrents. Au cours de ce séjour à l’hôpital Paul Brien, j’ai beaucoup réfléchi en premier à ma santé évidemment mais aussi à mes questionnements sur le futur de Schaerbeek. Les réponses comme d’habitude si je peux dire, allaient se présenter d’elles-mêmes.

Alors que je suis encore hospitalisé mais avec mon gsm près de moi, j’apprends que lors du Collège échevinal d’où je suis forcément absent, Bernard Clerfayt a réussi à récupérer un million d’euros initialement prévus pour la propreté à un nouveau service de stewards de rue. Service qui est devenu plus tard celui des gardiens de la paix. Sur le moment mon sang ne fit qu’un tour et cette manœuvre politique me fit sortir de mes gongs. D’ailleurs lorsque l’infirmière passa pour prendre ma tension, elle me mit en garde et me menaça de me retirer mon gsm si je ne me calmais pas…

Je pense pouvoir affirmer que c’est à ce moment-là que dans ma tête, le déclic se fit définitivement. Soit j’arrêtais la politique, soit il fallait rectifier la trajectoire politique de Schaerbeek. Je devins absolument persuadé qu’une alliance PS-FDF serait une aubaine pour Schaerbeek et les Schaerbeekois de par les relais des deux partis aux différents échelons de pouvoir mais aussi sur des connexions possibles de programme et de projet de ville.

Quelques semaines plus tard, alors que je fais la file au Colruyt, mon GSM se met à sonner. Je décroche et j’entends une voix familière de la télévision. C’est Laurette Onkelinx. Elle avait obtenu mes coordonnées par l’entremise de Philippe Moureaux que j’avais rencontré par le biais de la députée Amina Derbaki. Nous prenons rendez-vous pour nous rencontrer à son cabinet de Vice-Première Ministre rue du Commerce à l’époque.

Ce premier contact établi un vendredi, est resté inscrit dans ma mémoire. Nous avons parlé de Schaerbeek durant plus d’une heure. De son évolution positive, de mes inquiétudes par rapport à la politique du logement et notamment pour les seniors, de mon envie d’une plus grande proximité politique-citoyen et de ma motivation à vouloir porter des projets qui allaient parfois à contre-courant de la ligne fixée par la majorité.

Un exemple parmi d’autres. La pause de la première pierre du chantier du complexe sportif Kinetix boulevard Lambermont. Certes la salle omnisports était nécessaire au vu des besoins sportifs de nos clubs et des jeunes mais à quel prix !

Le montage prévoyait que sur ce terrain communal, un promoteur construirait une salle de sports pour la Commune mais aussi à titre privé des logements moyens, des locaux et une salle de sports. Le cahier des charges fut bien respecté mais la Commune a été le dindon de la farce. Déjà à la base, le terrain avait perdu de sa valeur puisqu’on ne pouvait désormais y construire de l’équipement collectif et du logement moyen.

En plus de payer pour la gestion de la salle omnisports, la Commune prit en location quatre espaces sur les cinq construits par le promoteur. Ne croyez pas que la Commune eut droit à rabais, bien au contraire. Les locations d’un espace pour la bibliothèque francophone, pour la bibliothèque néerlandophone, pour une extension de la bibliothèque francophone et pour la crèche Antarès coûtent environ 1 million d’euros par an aux finances communales. Quand on sait que la salle omnisport est évaluée à 2,5 millions d’euros, le calcul de l’amortissement pour une salle qui ne sera communale qu’au terme d’un bail de 99 ans, est vite fait. A partir de 2006, on a déjà beaucoup à cette époque de « bonne gouvernance » , c’était devenu le leitmotiv que l’on servait à toutes les sauces. Cela donne une idée de la bonne gouvernance, à tout le moins des deniers publics.

Avec Laurette Onkelinx, nous convenons de nous revoir dans un mois.

Après une réunion FDF qui s’était déroulée au Théâtre de la place des Martyrs, nous nous retrouvons autour d’un verre. Au cours de la discussion, un militant de la section fait part de sa vision en vue des prochaines élections : que je reprenne la direction de la section FDF de Schaerbeek vu que j’avais animé avec succès la campagne de l’an 2000. Je perçus dans le regard de Bernard Clerfayt qu’en tous les cas, lui ne pensait pas du tout la même chose.

Je réalisais bien que certes on m’appréciait car je jouissais d’une certaine notoriété mais j’agaçais aussi. Je n’avais peut-être pas toujours la manière de le dire car je reprochais beaucoup d’attitudes et prises de position à Bernard Clerfayt, dont à cette époque-là son manque de contact avec les réalités du terrain à côté de sa conception visionnaire urbanistique et d’aménagement du territoire.

L’agacement grandissait donc probablement chez nous deux. C’est comme si Bernard Clerfayt avait inconsciemment commencé à relever le pont-levis qui abaissé nous avait permis tant d’échanges pendant 10 ans.

Dans le cadre d’une expérience pilote, je suis contacté par la ville de Liège et par la ville de Maastricht aux Pays-Bas pour participer à des échanges de méthodologie de travail en matière de propreté publique.

A demain.