Episode 117 : C’était au temps où Schaerbeek y croyait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 117

Durant cette campagne, je décide de relever un défi. Je pense d’ailleurs qu’aucun autre candidat ne s’y serait risqué. Suite à la parution du petit livret sur les bistrots de Schaerbeek, j’ai gardé de bons contacts avec les tenanciers.

J’ai recontacté 12 établissements qui me semblaient les plus emblématiques. L’idée était d’y tenir un débat et avoir des échanges avec la clientèle et le voisinage. C’est un exercice sans filet comme on dit. Très riche en contacts mais aussi parfois très dur voire même épuisant sur la durée. Mais au final quel bel exercice de démocratie de proximité avec comme seul « allié » une petite sono mobile.

Comme déjà expliqué, cette campagne électorale affiche un tout autre ton, résolument agressif et frontal. Il suffit de voir les slogans utilisés. Le populisme renaît de plus belle tout au long de ces semaines. A plusieurs reprises, Bernard Clerfayt s’en prend très agressivement dans ses discours à Laurette Onkelinx avec des propos parfois même très « limites ». On en était presqu’à ressusciter les méthodes populistes qui firent les beaux jours de Roger Nols.

La donne de la Liste du Bourgmestre devient très rapidement : « Nous sommes les vrais Schaerbeekois ». Mais qu’est-ce qu’un « vrai » Schaerbeekois ? Quelqu’un qui y a toujours vécu ? Quelqu’un qui y vit depuis 20 ans ? Quelqu’un qui y vit depuis 5 ans ?

Autant dire qu’aborder des dossiers de fond lors des débats organisés relevait de la gageure.

Le PS décide de fonctionner avec des soirées citoyennes par thématique et dans différents endroits de Schaerbeek. Le public intéressé et posant de très nombreuses questions, est présent au rendez-vous. Selon les thèmes, nous sommes parfois face à des assemblées de 100 personnes, ce qui est vraiment beaucoup. Faute de réel débat d’échanges d’idées, on sent que les citoyens désireux de s’informer des enjeux et des problématiques qui les touchent dans leur quotidien, viennent à la source.

La présence de Laurette y est évidemment pour beaucoup. Elle a un excellent sens du contact et du dialogue lorsqu’après la réunion, nous échangeons avec les uns et les autres.

L’ambiance est à ce point pourrie que nous devons faire attention avec les photos qui sont prises et publiées entre autres sur mon site internet. Etre fonctionnaire communal et assister à une assemblée PS n’était pas compatible…

Sur les marchés hebdomadaires que j’ai arpentés durant 12 longues années auparavant, à la rencontre des Schaerbeekois et très souvent fort seul, voilà que débarquent en masse collègues et candidats de tous les partis. La présence sur le terrain est bien plus imposante que lors des autres campagnes. On sent tous les partis à fleur de peau. L’ambiance, je le répète, avec la Liste du Bourgmestre est détestable.

Tout au long de la campagne, c’est aussi la gue-guerre par sondages interposés. Toutes les rumeurs et supputations sont dans l’air : un tel club soutient tel parti mais a fait volte-face, on a aperçu un tel (agent communal) en train de distribuer des tracts pour la Liste du Bourgmestre, untel est soupçonné d’avoir organisé une réunion de soutien au PS chez lui, … et j’en passe.

La Liste du Bourgmestre loue même un bus parisien (qui provoque d’ailleurs au vu de sa dimension des embarras sur les lieux des événements) pour sillonner le week-end les fêtes de rues et braderies. Je me souviens d’ailleurs d’une fête de rue dans le quartier de Helmet où j’avais été convié par un habitant à passer au moment de l’apéro. Evidemment, d’autres candidats sont là vu que l’une des candidates de la Liste du Bourgmestre habite la rue. C’est à peine si l’époux de cette dame ne nous intima pas l’ordre de quitter « sa » rue. Quand je vous disais que l’ambiance était ce qu’elle était…

Les Schaerbeekois n’échappent pas non plus à de grandes affiches collées sur des camions, des remorques stationnées aux endroits de fort passage de la Commune avec de méga affiches montrant la bobine des candidats.

Jour J-2, nous sommes le vendredi 6 octobre, le PS de Schaerbeek organise une fête de fin de campagne pour remercier les militants et les bénévoles. L’événement a lieu dans la salle des pas perdus de la gare de Schaerbeek qui accueillera plus tard le musée du train « Train World ».

Sur le podium, l’ambiance est survoltée. Les orateurs et artistes se succèdent. Notre regretté ami Alpha, très respecté et apprécié dans le milieu de la boxe où il animait des rencontres, assure la présentation de la soirée.

Soudain, un homme d’une soixantaine d’années installé depuis le début dans la salle, se lève et se dirige vers Laurette. Il lui écrase une tarte de crème fraîche sur la figure. Surprise et un peu sonnée par la violence de l’acte, Laurette se ressaisit toutefois très vite. Sa fille cadette qui est là, a pris peur. Laurette la rassure « Non ce n’est rien. Monsieur a voulu faire une blague à maman ». Débarrassée de la crème fraîche, elle monte sur le podium et assure comme toujours.

J’ai été, nous avons été nombreux à être marqués par cet acte gratuit. Je me demande alors comment les choses vont pouvoir se passer au lendemain des élections dans un tel contexte de tensions. Près de 2000 personnes sont là. C’est vraiment très impressionnant de voir cette mobilisation jusqu’au bout des militants du PS. Dehors Isabelle Durant et des candidats Ecolo devisent. Ils semblent aussi très impressionnés et cela n’a pas l’air de les rassurer.

Arrive la Braderie d’Helmet à la veille de des élections, je me souviens d’une pression inouïe, au sein de tous les partis. Les candidats lâchent leurs dernières forces pour convaincre les indécis.

Et enfin voilà le jour J.

A demain.