Episode 142 : C’était au temps où Schaerbeek s’attristait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 142

L’été 2013 fut pour moi une succession de tristes nouvelles. Le 15 juillet, Didier Coomans décède des suites d’une longue et pénible maladie. Rappelez-vous, il s’était investi de manière bénévole au sein de Schaerbeek la Dynamique, apportant son savoir-faire lors de nos braderies et brocantes.

Le 9 août, je me rends au local du Meyboom en ce jour de plantation de l’arbre. Nous nous réunissons vers 7h pour un petit déjeuner (omelette et lard) assez copieux pour affronter cette longue journée. Les policiers de Schaerbeek qui escorteront le convoi, sont déjà en place. Je note des mines fort sombres. Johan Pierre m’informe de l’impensable : le chef de corps le commissaire-divisionnaire David Yansenne a été repêché près de son voilier dans la rade de Dunkerque. Son état est désespéré.

Quelle stupeur ! L’homme avait la passion de la mer. Il avait restauré patiemment un voilier et aimait s’accorder des moments de détente en solo à bord. N’ayant pas contacté ses collègues, ces derniers s’inquiétèrent jusqu’à apprendre qu’une personne avait été repêchée inanimée. David Yansenne a probablement eu un malaise, qui a causé sa chute.

David Yansenne fut ramené quelques jours plus tard, escorté par une délégation de la zone, vers Bruxelles où il s’éteignit à l’âge de 53 ans. Jamais je n’avais connu une personne qui déjà de son vivant faisait l’unanimité. Jamais je n’ai entendu une critique, une remarque négative sur lui. David Yansenne, issu de l’Ecole royale de Gendarmerie et licencié en criminologie, faisait partie de ces personnes-là. Si pendant 12 années, nous avons vu évoluer avec autant de performance notre zone de police, si les statistiques étaient aussi prometteuses et si l’on sentait un réel engouement des jeunes policiers pour postuler et venir travailler à la zone Polbruno, ce n’était pas par hasard.

Le commissaire divisionnaire David Yansenne était un homme de dossiers, un manager, un communicateur mais aussi un homme de terrain et un chef très près et à l’écoute de l’humain, attentif aux revendications de ses hommes. Il lui arrivait souvent de prendre place la nuit à bord d’une patrouille sur la banquette arrière d’un véhicule de police comme il lui arrivait de venir voir si tout allait bien à un barrage de police, coiffé de sa casquette civile.

Il avait le don d’être attentif à toutes ces petites choses qui font le quotidien de ses équipes sur le terrain. Il était aussi présent lors des grands moments de la vie des trois communes. Je le croisais aussi au Conseil de police où il avait toujours des explications précises et détaillées lorsque je lui posais des questions, lors du bal de la police ou lors des bals des bourgmestres de la zone. Il s’intéressait réellement à la vie de nos communes, sans quoi il n’aurait pu mener à bien sa tâche de chef de zone.

Son regard toujours direct, sa poignée de main franche et son bagout resteront indélébiles dans ma mémoire. Je me souviens aussi de son amicale présence le jour de mon mariage à l‘hôtel communal de Schaerbeek.

Un hommage poignant lui fut rendu quelques semaines plus tard aux Halles de Schaerbeek en présence de nombreux femmes et hommes politiques dont la Ministre de l’Intérieur Joëlle Milquet, les trois bourgmestres de la zone de police et les collèges échevinaux et même une haie d’honneur de chevaux et chiens policiers.

En février 2018, alors que j’étais au cinéma pour voir le film « Ni juge ni soumise », j’aperçus lors d’une des scènes dans l’une des salles de l’annexe du Palais de Justice de Bruxelles une photo au mur de David Yansenne. L’homme a définitivement marqué les esprits et les cœurs.    

Fin août, le comité du PS se réunit pour un barbecue convivial pour évoquer les prochains grands rendez-vous de la rentrée, nos différentes activités, notre présence sur le terrain,…

Quelles relations ai-je entretenues tout au long de ces années avec Laurette Onkelinx et Yves Goldstein ? Je ne faisais pas partie de la catégorie des casse-pieds comme je le dis, qui pour un oui ou pour un non, ont besoin d’ameuter tout le groupe. Je pense que ma totale loyauté à la section, mon engagement sincère et ma mise à disposition du groupe ont toujours été très appréciés.

Autant Laurette qu’Yves, appréciaient mes connaissances du terrain, mes différents relais. J’avais mon style, ma manière de faire qui n’était pas celle d’Yves Goldstein, très habitué à régner de main de maître sur des réunions en inter-cabinets au niveau ministériel mais il y a toujours eu une très grande confiance entre nous, une certitude de confidentialité lorsque cela était nécessaire et beaucoup d’écoute. Après, que l’on ait tenu ou non compte de certaines de mes orientations lors des campagnes électorales, c’est un autre débat mais il y a toujours eu la possibilité de s’exprimer et d’avoir le sentiment d’être écouté et au final aussi entendu.

J’ai aussi assisté à l’éclosion de Catherine Moureaux en tant que conseillère communale. Diplômée en Médecine, travaillant alors pour une maison médicale, la jeune femme a très vite compris l’importance du contact de terrain. La rentrée scolaire communale se passe dans la plus grande des agitations.

A demain.