Episode 147 : C’était au temps où Schaerbeek rajeunissait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 147

La vie politique que j’ai pratiquée depuis 1989 à Schaerbeek a évolué. Les réseaux sociaux n’ont pas aidé non plus. Tout est dans l’immédiateté mais aussi dans la critique permanente, la nécessité de se justifier.

Les affaires qui ont entaché le PS ont aussi contribué à salir et à jeter l’opprobre généralisée sur celles et ceux qui réellement s’investissent sur le terrain, ne comptant pas leurs heures, leur énergie et le sacrifice de leur propre vie privée. Aujourd’hui s’investir en politique est un réel sacerdoce et je ne suis pas persuadé que l’on en récolte encore de grandes satisfactions personnelles par rapport aux efforts déployés.

Lorsque je lis (rarement fort heureusement pour moi) des commentaires sur les quotidiens en ligne, sans modération, et que l’on assiste vraiment à un déballage d’amalgames, de raccourcis, de sous-entendus, je suis heureux d’avoir pu exercer mes mandats communaux à une autre époque où l’on rendait des comptes aux citoyens bien évidemment mais où notre travail était apprécié à sa juste valeur.

Au Conseil communal siège un élu du PTB. Si humainement, je n’ai pas de souci avec cette personne, Axel Bernard, il en va tout à fait différemment quant aux orientations de ce parti. L’échevin Etienne Noël a été mis sur la sellette en raison du montant plus qu’important de son salaire comme directeur-adjoint à la  SRIB, cumulé à celui d’échevin où on lui reproche son manque de présence. Deux émoluments pour deux fonctions à temps plein qu’il est bien entendu concrètement impossible de mener à temps plein. Cela fit les gorges chaudes de la presse bruxelloise et suscita bon nombre de commentaires à Schaerbeek. Je fus, je l’avoue, assez surpris des montants avancés par les médias.

Ayant toujours estimé qu’être échevin constituait un job à temps plein, ce n’est certainement pas moi qui allait défendre la posture d’Etienne Noël. Toutefois lors d’une séance du Conseil communal, voilà que l’élu PTB exige de l’assemblée qu’elle condamne son cumul encore parfaitement légal jusqu’aux prochaines élections. Mon sang ne fit qu’un tour : ce n’était quand même pas un élu d’un parti non démocratique qui allait exiger quoi que ce soit !

Le conseiller communal Eric Platteau m’avait fait part de son intention de ne plus se représenter. En fin de contrat professionnel, il entendait s’accorder une année sabbatique pour voyager avant de se remettre dans l’ambiance d’un autre boulot et se réorienter.

Janvier 2017, alors que je suis en vacances, je me projette dans le futur et j’ai beau tourner les choses dans tous les sens, je me dis qu’il y a un temps pour tout. La place à Schaerbeek doit être laissée à une nouvelle génération.

Après le départ d’Yves Goldstein, m’a-t-on proposé d’être tête de liste aux communales de 2018 ? Non, pas formellement mais je ne cache pas que de nombreux militants et des mandataires ont pris le pouls pour connaître mes intentions.

Avec Laurette, il y eut comme à chaque fois des échanges de vue concernant les meilleurs scenari pour notre parti. Rien ne fut toutefois arrêté et tranché. En tous les cas, si j’avais été désigné tête de liste, je n’aurais clairement pu le faire qu’en choisissant une équipe dans laquelle j’aurai trouvé le patchwork de notre sociologie schaerbeekoise.

Laurette a aussi longuement mûri son choix d’arrêter la vie politique. Elle qui fut toujours présente sur son siège de conseillère communale sauf quand elle était en quelques occasions retenue par ses obligations au Parlement fédéral. Son départ créa une petite onde de choc car si nous savions qu’elle n’avait pas d’ambition mayorale, nous étions en revanche presque certains qu’elle serait encore sur la liste en 2018.

Mohamed Lahlali, Catherine Moureaux, Yves Goldstein, Eric Platteau et maintenant Laurette Onkelinx quittaient la section.

Quelques jours plus tard, j’accorde une interview à la RTBF radio et lâche en aparté au journaliste que je lui expose la vision de Schaerbeek avec beaucoup de détachement et sans acrimonie vu que je ne serai pas candidat aux communales. Bref, la chose se répand comme une trainée de poudre. J’avoue ne pas avoir mesuré le risque de « fuite » de l’information puisque mon intention était de l’annoncer en primeur à la section schaerbeekoise du PS.

L’article mis en ligne explique dans un premier temps que je quitte le navire et le PS, donnant lieu à penser que je quitte le parti pour aller voir ailleurs. Je prends alors mon gsm et recontacte, assez agacé, le journaliste en lui demandant expressément de bien nuancer : j’arrête la politique au terme de mon mandat.

J’ai reçu dans les jours qui suivirent cette annonce beaucoup de messages très chaleureux de tous les partis.

Entre temps, je suis devenu chef de groupe au Conseil communal, poste que j’assumerai jusqu’au dernier moment avec l’enthousiasme d’avoir à mes côtés une équipe prête pour l’avenir. La désignation de Matthieu Degrez, avocat de formation et conseiller CPAS, comme tête de notre liste est un signal clair, fort et prometteur.

Mon ambition finale aurait été que le PS puisse conclure une alliance avec la Liste du Bourgmestre dans l’intérêt des Schaerbeekois. Peut-être serai-je exaucé en octobre prochain ? Les projets, les idéaux, les énergies et les relais ne manquent pas. L’électeur décidera du poids qu’il entend apporter à chaque formation.

Je savoure avec beaucoup de décontraction ces derniers mois en tant que mandataire communal, surtout lorsque je vois l’évolution de Schaerbeek au regard d’autres communes bruxelloises.

Loin de moins toute nostalgie, toute amertume, ni regrets ni remords, que de la satisfaction quant au chemin parcouru par Schaerbeek.

A demain.