Livre « Schaerbeek de l’ombre vers la lumière ». Ils l’ont lu : François Robert

Voici les impressions du journaliste François Robert qui a couvert l’actualité schaerbeekosie pour le journal Le Soir à propos du livre « Schaerbeek de l’ombre vers la lumière« .

« Schaerbeek dans les années 1980. Juger une époque révolue avec les références et les valeurs actuelles est un piège dans lequel il ne faut pas tomber. Ce que raconte Jean-Pierre Van Gorp dans sa savoureuse chronique schaerbeekoise, c’est avant tout un magnifique témoignage historique. Lorsqu’il entre en politique, la capitale n’est pas vraiment celle que nous connaissons aujourd’hui. Eventrée par les travaux gigantesques du métro, elle est en profonde mutation. La mobilité « douce » n’a pas cours et les automobilistes ne tournent pas encore en rond à la recherche d’une place hypothétique de stationnement.

Les débuts furent catastrophiques. C’’est en 1983 que j’ai rencontré Jean-Pierre.Un an plus tôt, il s’était fait élire conseiller communal à Saint Josse sur la liste UDRT

J’utilise le verbe « rencontrer » plutôt que l’expression « faire connaissance » car à l’époque je l’avais déjà rayé des hommes politiques « fréquentables ». Je le voyais assez régulièrement une fois par mois le mercredi soir au conseil communal.

De prime à bord, il était plutôt sympathique. Pourtant son engagement politique fort à droite ne cadrait pas vraiment avec mes convictions.  Il passait son temps à interpeller le Bourgmestre, Guy Cudell, et le forçait à sortir de ses gongs.

Le spectacle était assuré, Guy Cudell, personnage truculent, avait un gros défaut : il n’acceptait pas la contradiction et Jean-Pierre avait le don de le mettre à bout.

Et Schaerbeek ? La grande sœur limitrophe de Saint-Josse, connaît exactement les mêmes problèmes et la même distorsion démocratique… sauf que la taille de la commune (plus de 100.000 habitants, soit cinq fois plus que Saint-Josse) exacerbe et multiplie par cinq la gravité des tensions. Les dérives de langage de Roger Nols font le reste. Très vite, les médias bruxellois et même nationaux se ruent sur cette étrange commune turbulente et excessive. C’est ainsi que la politique schaerbeekoise, dans les années 1980, a bénéficié d’une caisse de résonnance exceptionnelle, voire disproportionnée.

Au moment où Jean-Pierre Van Gorp entre en politique, Schaerbeek est la proie des flammes et se trouve au centre des débats politiques. Elle est synonyme d’instabilité, de dérives et d’excès. Sous l’œil des projecteurs, elle fait aussi figure de laboratoire d’où pourrait émerger le Bruxelles de demain. Avec le pire… ou le meilleur !

Le temps passe. En 1988, Le Soir me demande de couvrir Schaerbeek car mon collègue, Daniel Couvreur, a de nouvelles responsabilités.  Et voilà que je retrouve Jean-Pierre à Schaerbeek.  Cette fois élu dans les rangs de Rogers Nols, il est promu échevin de la Jeunesse.

Vu l’image que j’avais de Jean-Pierre, je ne m’attendais pas à grand-chose de bien. Pourtant, Daniel m’affirmait qu’il faisait du bon travail. L’image qu’il en avait ne collait pas à la mienne.

Au fil des mois cependant j’ai commencé à revoir mon jugement. Jean-Pierre était devenu la brebis galeuse de la meute de Rogers Nols, ce qui était plutôt flatteur à mes yeux.

J’ai eu par la suite bien des discussions avec Jean-Pierre.  Au final, je dois admettre que je l’avais bien mal jugé ou plutôt pour être précis : j’avais en face de moi quelqu’un capable d’évoluer, de se remettre en question. Une qualité, une aptitude assez rare chez les politiciens. »

François Robert