Portrait : Loyola de Palacio

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Loyola de Palacio y del Valle Lersundi est née en septembre 1950 à Madrid au sein d’une famille aristocratique basque. Elle est l’aînée de 4 soeurs et de 3 frères.

Loyola de Palacio suivra toute sa scolarité au Lycée français de Madrid avant d’entreprendre des études en droit à l’Université Complutense de Madrid. A 22 ans, elle perd sa maman et reprend alors le rôle de « chef » de la famille, très protectrice pour ses frères et soeurs cadets.

En 1976, après la mort du Général Franco, elle est l’un des membres fondateurs de Alianza Popular (aujourd’hui devenu Partido Popular, le parti de droite), dirigé par Manuel Fraga. Elle prend d’ailleurs la tête de la section des jeunes « Nuevas Generaciones » dont elle sera présidente de 1977 à 1978. Dans cette Espagne en transition démocratique, son ascension vers un pouvoir politique jusque là exclusivement détenu par des hommes, ne passe pas inaperçu.

De 1983 à 1986, Loyola de Palacio devient Secrétaire générale technique du groupe du parti populaire au Congrès et au Sénat. De 1986 à 1989, élue sénatrice de Ségovie, elle est également nommée porte-parole adjointe du groupe PP (parti populaire) au Sénat.

Ensuite, de 1989 à 1996, élue cette fois-ci députée de Ségovie, elle est porte-parole adjointe du PP au Congrès espagnol.

Réélue députée de Ségovie en 1996, elle intègre le gouvernement de droite de José Marie Aznar et reçoit le portefeuille de l’agriculture, de la pêche et de l’alimentation.

En 1999, tête de liste pour le PP, elle est élue députée européenne et devient chef de la délégation espagnole au sein du groupe PPE au Parlement Européen. Quelques semaines plus tard, le gouvernement espagnol propose sa candidature au poste de commissaire européen. Loyola de Palacio devient vice-présidente de la commission européenne, sous la présidence de Romano Prodi, chargée des relations avec le Parlement européen et des dossiers transports et énergie.

Lorsque la jeune femme reprend ses fonctions, les relations entre la Commission européenne et le Parlement européen ne sont pas au beau fixe suite à la démission de la commission de Jacques Santer. Elle réussira le défi de pacifier les relations et le dialogue entre les deux institutions.

Au cours de son mandat au sein de la Commission européenne, elle forme un remarquable tandem avec François Lamoureux, socialiste français, directeur général du département des transports et de l’énergie. Comme le relatait Jean Quatremer sur son blog à l’époque : « Tous les deux avaient la même énergie, la même détermination à faire avancer les dossiers en passant sur le corps des Etats membres si nécessaire, la même ferveur communautaire, le même courage politique« .

Sans le travail acharné de Loyola de Palacio, le projet Galileo (système de radio positionnement) aurait été enterré, la politique européenne de l’énergie n’aurait jamais pris une telle dimension et la sécurité maritime n’aurait pas pu être renforcée. En l’espace de 5 ans à la Commission européenne, Loyola de Palacio est responsable de près de la moitié des textes relatifs à la législation du transport. Tout au long de son mandat, elle a proposé 190 propositions dont 120 ont été adoptées par le Conseil des Ministres et le Parlement Européen, sans parler en 2001 du Livre blanc sur la mobilité durable dans l’Union et sa politique de relance active des réseaux transeuropéens de transport.

Fervente catholique, Loyola de Palacio est aussi une très grande sportive qui pratique l’escalade, la marche et la voile lorsqu’elle retourne au Pays basque auprès de sa famille. Sa soeur, Ana sera d’ailleurs Ministre des Affaires étrangères lors du dernier gouvernement de José Maria Aznar.

A la fin de son mandat de commissaire européen, elle devient directrice des banques BNP Paribas et Rothschild ainsi que de la compagnie pharmaceutique Zeltia. Elle fait en outre partie du conseil d’administration de think thank « Notre Europe » et est invitée en 2005 à la conférence du Bildberg

En 2006, elle est nommée présidente du Conseil politique extérieur du Parti Populaire. Au mois d’août 2006, François Lamoureux qui fut son ancien directeur général aux transports et à l’énergie décède, Loyola de Palacio apprend quasiment en même temps qu’elle est atteinte d’un cancer (qui a déjà emporté il y a quelques années sa maman). Elle est soignée à Houston au Texas mais décide de rentrer pour les fêtes de Noël à Madrid. Elle y décèdera le 13 décembre 2006.

Femme de poigne, connaisseuse de ses dossiers, bûcheuse acharnée, devenue une Européenne convaincue, elle a marqué à la fois l’Histoire politique de l’Espagne mais aussi des institutions européennes. Son décès a suscité une grande vague d’émotion au sein de tous les groupes politiques qui ont tous salué son parcours, sa force de caractère et son optimisme à toute épreuve jusque dans ses derniers jours.