La lingerie érotique fait frémir tout un quartier

Le Soir – Edition du 29 et 30 mars 2008 par François Robert

Y a-t-il un « sex shop » avenue Rogier ?

Version schaerbeekoise de Don Camillo ? D’un côté, une boutique de lingerie érotique. De l’autre, un quartier paisible ou trône une église, loin des turpitudes en tous genres.

Voici quinze jours, ouvre un nouveau magasin avenue Rogier, entre les places des Bienfaiteurs et Meiser : une boutique de « lingerie » succède à une boulangerie. Un sex-shop !, s’offusquent les habitants du quartier.

Il y a un mois, une habitante, intriguée par les travaux, s’était adressée au futur gérant « Oh, un nouveau magasin dans le quartier ! Quelle bonne idée« , déclare-t-elle. Lui (hésitant) : « Oui… » Elle : « Quel commerce ouvrez ? ». Lui : « Heu…je ne sais pas exactement« . Elle : « Vous ne savez pas ce que vous allez ouvrir ? ». Lui : « Heu…Un magasin de lingerie« .

Cette discussion hermétique a mis la puce à l’oreille du quartier. Quinze jours plus tard, les choses étaient claires. « Nous avons fait une pétition dans le quartier. Nous avons obtenu 89 signatures. Nous n’avons rien contre les sex-shop, mais franchement l’endroit nous semble inadéquat. Qu’ils aillent à la gare du Nord. »

Guy Louviaux, le gérant de l’établissement, se défend : « Je ne comprends pas la réaction du quartier. Franchement, ma devanture est très soft. Et si vous entrez, vous constaterez que je ne vends que de la lingerie érotique et des cuirs. Rien d’autre. »

Guy Louviaux vient de Wallonie : « J’ai une boutique à Dinant et à Chareloi. Je ne comprends pas« . Alerté, l’urbanisme schaerbeekois a débarqué. L’exploitant jure de sa bonne foi et se dit prêt à se plier aux règles urbanistiques bruxelloises. N’empêche : selon nos sources, il y a bel et bien un problème urbanistique. Passer d’une boulangerie à la la lingerie érotique poserait un problème d’affectation.

Pourtant, dans le quartrier, il existe un précédent : un magasin de vente et de location de vidéo X. Le vidéoclub érotique existe depuis une quinzaine d’années. Son arrivée a fait moins de vagues. Mais il a dû se plier à des règles strictes et supprimer son enseigne « X ». Il faut être attentif, en longeant la façade, pour deviner qu’en poussant la porte, il y a là un temple du « X ».