Portrait : Chantal Sébire

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Comme la plupart d’entre vous, j’ai découvert Chantal Sébire début 2008 lorsque cette Française âgée de 53 ans expliqua devant les caméras le combat quotidien qui était le sien et son désir de mourir dans la dignité.

Enseignante de formation et mère de 3 enfants, Chantal Sébire était atteinte d’une tumeur rarissime qui touchait ses sinus et sa cloisons nasale à savoir un esthésioneuroblastome. Au fil des mois, la tumeur inopérable et incurable avait tellement grossi, que Chantal Sébire outre des douleurs chroniques atroces, avait perdu l’odorat, le goût et la vue dès la mi-2007.

Son interview à coeur ouvert où elle explique ce qu’est devenue sa vie depuis la maladie, m’avait profondément bouleversé. Outre son apparence physique à cause des ravages de la maladie, j’ai surtout été touché par le discours empreint de dignité, de réalisme, de sérénité et de courage de Chantal Sébire. Jamais agressive, jamais revendicative, elle exposait juste posément qu’elle n’en pouvait plus alors qu’elle n’était déjà pas une « douillette« . Non, Chantal Sébire soutenue par ses 3 enfants souhaitait obtenir de la justice française le droit de mourir dignement puisque la médecine ne pouvait plus rien pour elle.

Son cas a ravivé le débat sur l’euthanasie chez nos voisins français où l’euthanasie active est interdite. Elle s’était adressée au Président Sarkozy et avait déposé une requête en justice. Au sein de la classe politique française, le débat fit rage. La Garde des Sceaux, Rachida Dati prend clairement position contre l’euthanasie active, en revanche le Ministre Bernard Kouchner, médecin de formation se déclare en faveur du combat de Chantal Sébire.

Le Tribunal de Grande Instance de Dijon rejette en date du 17 mars 2008 la requête de Chantal Sébire, se référant à la loi Leonetti qui ne permet que la pratique d’une euthanasie passive dans certaines conditions. C’est cela même que Chantal Sébire refusait : être placée dans un coma artificiel jusqu’à sa mort…

Chantal Sébire avait indiqué qu’en cas de refus des instances françaises, elle irait en Suisse ou en Belgique où l’euthanasie est légalisée. Mais deux jours après la décision du tribunal, Chantal est retrouvée morte à son domicile de Plombières-lès-Dijon en Côte d’Or. L’autopsie conclura à l’absorption massive de barbituriques.

Cette femme pleine d’entrain et de courage qui déclarait avec tant de force et de lucidité qu’elle souhaitait s’éteindre en toute dignité après avoir fait la fête -au champagne- une dernière fois avec les siens, s’en est allée autrement et sans la présence de sa famille. Le même jour en Belgique, l’écrivain Hugo Claus s’éteignait avec dignité et comme il l’avait souhaité car chez nous, l’euthanasie est possible…