Légèreté quasi indécente

Le Soir – Edition du 3 juillet 2008 par François Robert

Jean-Pierre Van Gorp (PS) accuse le Collège. Les boues polluées du cimetière de Schaerbeek font du remous. Le Collège plaide la bonne foi.

Méchamment remuées, les boues polluées qui ont été déversées de façon illicite entre 1984 et 1995 dans la parcelle 22 bis du cimetière de Schaerbeek. Le conseiller Jean-Pierre Van Gorp (PS) qui avait la gestion du cimetière en 1995, accuse le collège d’avoir caché l’existence de ce dépôt clandestin pour le moins gênant. C’est en tous cas lui qui a mis fin aux déversages illégaux.

« C’était en janvier 1995, affirme-t-il. Je me suis rendu au cimetière et j’ai vu un camion au comportement suspect, tout au fond de la pelouse. Je m’en suis inquiété auprès d’un ouvrier qui m’a expliqué que « l’on déversait des boues dans un égout au fond du cimetière ». J’ai appelé le secrétaire communal qui m’a dit qu’il fallait faire cesser ces déversages immédiatemment« .

Entre le 21 avril 1984 et le 22 septembre 1995, la commune a ainsi déversé 1.800 tonnes de boues polluées provenant de ses avaloirs dans cette parcelle inoccupée située sur le territoire de Zaventem. Parcelle qui fait aujourd’hui partie des terrains concédés à l’intercommunale qui gère le cimetière multiconfessionnel, créé en 1999.

Curieusement, plus personne (y compris Jean-Pierre Van Gorp) n’évoqua ces mystérieux déversages après 1995. Et lorsque le même Jean-Pierre Van Gorp attribua cette parcelle à la pelouse multiconfessionnelle, nul ne s’inquiéta d’un sol éventuellement pollué. A croire que personne ne mesurait l’importance de la pollution…

Il y a deux ans, des ouvriers de la firme Hoolants Beton effectuèrent des sondages pour le compte de l’intercommunale bruxelloise dans la parcelle 22b. Les carottes prélevées révélèrent la présence en quantité de métaux lourds, d’huiles en tous genres et de tas de déchets non dégradables.

Si la commune a été alertée en 2006, elle a réagi en 2007. Elle a alors commandé une étude afin de déterminer l’ampleur de la pollution. Entre-temps, des travaux de nettoyage furent entrepris par ses propres services. mais la pollution s’est avérée bien plus grave que prévu (la zone contaminée s’étend sur au moins 20 m sur 15 et sur une profondeur de près de 3 mètres). Et la commune a décidé de faire appel à une société spécialisée pour effectuer le travail.

La responsabilité de la commune, dans cette pollution, est évidente. Jean-Pierre Van Gorp estime que le collège schaerbeekois a traité ce dossier « avec une légèreté quasi indécente« .

Au Collège, on plaide la bonne foi. L’échevin Michel De Herde (MR) déclare : « Ces déversages datent de plus de quinze ans et nous n’avions aucune idée de l’étendue de la pollution. Nous ne sommes au courant de cette affaire que depuis un an. Et dès que nous avons pu estimer correctement l’ampleur des déversages, nous avons réagi. Nous allons dépenser 54.000 euros pour nettoyer le site et apporter de nouvelles terres ».