Portrait : Karnit Goldwasser

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Le portrait de Karnit Goldwasser que je vous propose cette semaine, m’a été suggéré par mon épouse qui avait été très touchée par le combat de cette jeune femme israélienne. C’est donc à 4 mains que nous avons rédigé ce portrait.

Le 16 juillet dernier, suite à d’âpres négociations entre l’Etat d’Israël et le Hezbollah, deux soldats israéliens Ehud Goldwasser, réserviste, et Eldad Regev tués le 12 juillet 2006 lors de l’attaque de leur char par le Hezbollah, ont été rendus à leurs familles en échange de la libération de 5 prisonniers du Hezbollah et de la restitution des dépouilles de près de 200 militants du Hezbollah.

Un lourd prix à payer pour Israël en échange du retour des dépouilles de deux de ses soldats. Petit flash back, le 12 juillet 2006, une patrouille de l’armée israélienne qui circule en territoire israélien à la frontière avec le Liban, est attaquée par le Hezbollah. Au vu de l’explosion (on parle de plus de 200 kilos d’explosifs), les occupants sont tués sur le coup mais 2 d’entre eux sont portés manquants.

Israël qui a déclenché quelques jours auparavant l’opération « Pluie d’été » afin de récupérer un autre soldat Gilad Shalit (enlevé lors d’une attaque de son poste de garde à la frontière), exige que ces 3 hommes soient rendus mais le Hezbollah ne l’entend pas de cette oreille. Israël se lance alors dans une vaste offensive contre le mouvement Hezbollah au Liban.

Cette opération se soldera par un échec et par la mort de nombreux civils Libanais, de lourds dégâts aux infrastructures du pays des Cèdres et à la mort de soldats israéliens et de combattants du Hezbollah.

Suite à la disparition de son mari, Karnit Goldwasser entreprend une croisade pour que son mari enlevé et ses compagnons ne soient pas oubliés de l’opinion publique et que l’on obtienne des preuves de vie et des renseignements sur leur détention.

Quelques temps plus tard, le soldat franco-israélien Gilad Shalit adresse un message à ses parents. En revanche, silence radio pour Ehud (Udi) Goldwasser et Eldad Regev. L’armée israélienne pense que les deux hommes étaient très grièvement blessés lors de leur enlèvement.

Karnit et Ehud Goldwasser étaient mariés depuis 9 mois lorsque le jeune homme, réserviste de l’armée de Tsahal, titulaire d’un diplôme d’ingénieur, a été enlevé. Sa femme multiplie les interventions dans la presse israélienne et étrangère, rencontre des représentants politiques,…

Le journaliste de RTL TVI, Jean-Pierre Martin l’avait également rencontrée. Mon épouse se souvient de cette interview où la jeune femme , à coeur ouvert, parlait de son combat pour ramener son mari « à la maison« . A ce moment-là, Karnit expliquait qu’elle se battrait jusqu’au bout et qu’elle était persuadée que son mari était en vie… Son projet était au retour de son mari de partir enfin en vacances tous les 2 et de réaliser leur voyage de noces qui avait été postposé à l’époque.

Les mois passent et Karnit poursuit sa lutte. En septembre 2007, elle se rend ainsi à l’ONU à New York (photo ci-dessous) et parvient à s’introduire dans une salle lors d’une conférence de presse. Elle y interpellera le président iranien (proche du Hezbollah) comme suit : « Je m’appelle Karnit, femme d’Ehud Goldwasser enlevé par le Hezbollah, il y a plus d’un an. Vous en êtes responsable en raison du soutien que vous apportez au Hezbollah. Alors pourquoi ne permettez-vous pas à la Croix Rouge de lui rendre visite ? ». Le président Ahmadinejad l’avait ignorée et Karnit dut quitter la salle…     

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Le combat de Karnit Goldwasser a été exemplaire. Depuis le 12 juillet 2006, date de la mort de 8 compagnons de son mari et de son enlèvement, elle se jure à elle-même qu’elle mettra toute son énergie pour sa libération et celle de Eldad Réguev, sans jamais abandonner.

Elle rencontre ainsi les représentants des communautés juives du Royaume Uni et d’Extrême Orient en leur demandant de l’aider à maintenir la pression sur les organisations internationales. Elle se lance aussi dans une vaste campagne de soutien via lettres, pétitions, e-mails et organise une manifestation de soutien aux soldats enlevés qui réunit plus de 100.000 personnes le 31 août 2006. Lorsqu’elle y prend la parole, Karnit s’adresse aux autorités politiques d’Israël les enjoignant de tout mettre en oeuvre pour que les 3 soldats reviennent chez eux.

Au cours de l’été 2006, elle tient une conférence de presse en marge de la remise du rapport Winograd qui dresse le « bilan » de la guerre au Liban. En août 2006, le Secrétaire Général de l’ONU Koffi Annan la reçoit en audience à New York.   

Dans ce même élan de soutien aux soldats disparus, et à la demande de Karnit, le groupe Aerosmith dédie une chanson à Ehud Goldwasser « Dream On« .

Finalement, Israël signe un accord avec le Hezbollah. Le mouvement chiite laisse planner le doute sur le sort des deux jeunes soldats jusqu’au bout. Le 16 juillet 2008, des camionnettes aux vitres teintées franchissent la frontière israélienne. Le Hezbollah indique que Ehud Goldwasser et Eldad Regev sont à bord. Le Premier ministre Olmert a pourtant indiqué quelques jours auparavant qu’il est quasiment certain que les deux hommes sont morts, le jour même de leur enlèvement (leur autopsie confirmera qu’ils sont très certainement morts sur le coup ou dans les heures qui ont suivi l’attaque de leur char).

Karnit est restée dans leur village de Nahariya et regarde les écrans de télévision. Elle voit un premier puis un deuxième cercueil sortir des camionnettes. Ce sont les dépouilles de Ehud Goldwasser, son mari et de son camarade Eldad Regev qui sont rendues…

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Lors des funérailles, Karnit (ici en compagnie du Premier Ministre Ehud Olmert) prendra la parole, se souvenant de ce 12 juillet 2006 à 9h06 où sa vie a basculé, évoquant son combat, son cauchemar depuis et son fol espoir de revoir vivant son mari (il aurait eu 33 ans). Malgré sa propre douleur, Karnit Goldwasser a rejoint les parents du jeune caporal Gilad Shalit dans leur combat pour obtenir sa libération.

Une détermination sans commune mesure alimentée durant 2 ans par l’espérance et l’amour que le jeune couple se portait. Une page s’est tournée mais comme Karnit l’avait toujours promis, elle a ramené « Udi » chez lui, chez eux…