Portrait : Jean-François Deniau

Schaerbeek JF Deniau

Parler de feu Jean-François Deniau n’est pas chose aisée tellement le personnage avait de multiples facettes : homme politique, ambassadeur, essayiste, député français et européen, navigateur,…

Jean-François Deniau qui s’est éteint le 24 janvier dernier, est né en octobre 1928 à Paris. Il est issu d’une famille de viticulteurs et forestiers dont les ancêtres viennent de Dubrovnik.

Après une licence en ethnologie et sociologie et un DES en économie politique, il sera diplômé de l’Institut d’Etudes politiques de Paris et docteur en droit.

En 1949, il rejoint l’Indochine dans une unité de partisans montagnards. A son retour, il entre à l’ENA. En 1956, devenu Secrétaire général de la délégation française à Bruxelles, il sera l’un des rédacteurs du préambule du Traité de Rome. Il travaille ensuite  à la Commission européenne avant d’être nommé ambassadeur en Mauritanie.

En 1973, il devient Secrétaire d’Etat chargé de la coopération puis auprès du Ministre de l’agriculture.

En 1976, il est nommé à la demande expresse du roi Juan Carlos ambassadeur de France à Madrid. Les deux hommes se connaissaient grâce aux régates. Il conseillera beaucoup le jeune souverain au cours de la transition démocratique qui suivit la mort de Franco.

De 1977 à 1981, il occupe le poste de Secrétaire d’Etat auprès du Ministre des affaires étrangères au sein du gouvernement de Raymond Barre, puis prend du galon en devenant Ministre du commerce extérieur. Elu député de l’UDF dans la circonscritpion du Cher, il en deviendra le vice-président du Conseil général. Il sera également député européen de 1979 à 1986.

Plusieurs opérations très lourdes : 3 endoprothèses de l’aorte l’obligent à se détacher de la vie politique. Son dernier acte de politique en France aura lieu en mars 1998 lorsqu’en signe de protestation il démissionne de l’UDF afin de montrer son désaccord avec le fait que 5 présidents UDF de régions aient été élus grâce aux votes du FN.       

Jean-François Deniau était un passionné de politique étrangère. Il a d’ailleurs collaboré en tant que chroniqueur aux magazines Figaro et L’Express.

Fervent défenseur des Droits de L’Homme, il créera le prix « Sakharov pour la liberté de l’esprit ». Ses visites dans les zones de conflit sont nombreuses. On retiendra particulièrement, ses visites répétées en ex-Yougoslavie et notamment à Sarajevo où malgré sa santé fragile, il n’hésitait pas à aller à la rencontre des populations meurtries par le siège de la ville, des intellectuels et des hommes politiques locaux. Ces images d’un Jean-François Deniau protégé par un gilet pare-balles et s’appuyant d’un côté sur sa canne, de l’autre sur un soldat de la SFOR restent dans les mémoires.

Il fera partie des « immortels » en étant élu à l’Académie française en 1992. Navigateur émérite, il effectuera une traversée de l’Atlantique à la voile à l’âge de 67 ans.

Auteur de plusieurs ouvrages dont « Mémoires de 7 vies », « Le bureau des secrets perdus », « Tadjoura », « L’île Madame » ou encore « L’oubli », Jean-François Deniau était Grand officier de la Légion d’honneur et Croix de la valeur militaire avec palme.

Très affaibli par la maladie, il aura encore eu le bonheur d’assister à la première réunion du comité d’honneur du Traité de Rome dont on fête en cette année 2007 le cinquantième anniversaire.

Jean-François Deniau ou l’homme aux multiples vies qui a, en tous cas, vécu la sienne au maximum.

(copyright photo : www.jeanfrancois-deniau.org)