Opération Trash à Aerschot

Propreté et police de zone travaillent de concert

Travail sur le terrain, prévention et répression en matière de propreté. Schaerbeek mène la danse. Les autres communes suivront.

(Le Soir édition du 3 juillet 2007 par François Robert)

Vendredi soir, rue d’Aerschot, l’artère la plus chaude de Bruxelles. Les bars se suivent côté droit. A gauche, le talus du chemin de fer. Les cols blancs qui rasaient les murs à la sortie des bureaux sont partis, remplacés par une faune plus interlope. Une population assez jeune, hélàs peu respectueuse.

Face à eux, 70 hommes se sont déployés, vendredi soir, dans l’opération « Trash ». Une vingtaine de policiers de la zone Nord, une bonne trentaine d’agents de la Propreté de Schaerbeek, quelques membres de l’Office des étrangers et des agents de l’ABP (Agence Bruxelles Propreté) composaient les forces. Ils se sont dispersés dans les rues allant de la gare du Nord à la place Liedts.

Une tolérance pas loin de zéro a été appliquée. A la rue d’Aerschot, beaucoup d’hommes ivres confondent façade de maison et urinoir. Les canettes sont jetées à terre, les mégots aussi. Les dépôts clandestins sont une plaie. Avec deux ou trois autres endroits (place Liedts) de la commune, l’artère est un nid à problèmes. C’est donc là qu’il faut agir.

Pour ce faire, la commune a édicté des règlements relatifs à la propreté : dépôts clandestins, salissures en tous genres, tout est sanctionné. De gros efforts urbanistiques ont été accomplis : l’artère a été rénovée grâce au contrat de quartier et des vespasiennes propres et entretenues ont été installées. Plus d’excuse pour la saleté. A la célèbre et commerçante rue de Brabant, parralèle, un système de ramassage spécial a été instauré. « Nous sommes persuadés, dit l’échevin de la Propreté Michel De Herde (MR), que saleté et malpropreté appellent insécurité et délinquance. » 

Lors de la précédente législature, l’ex-échevin Jean-Pierre Van Gorp (PS) a eu l’idée de faire collaborer police et commune. Après quelques hésitations, la sauce a pris. Police et services communaux travaillent ensemble, appuyés par des caméras mobiles très efficaces. Ainsi, vendredi, ils ont eu le même briefing et les mêmes consignes. Dès qu’un contrevenant est repéré, la police agit, alertée par les services communaux. La zone Nord a clairement quelques longueurs d’avance sur les autres. Seul couac, vendredi soir, l’Agence Bruxelles Propreté dont un camion n’a pas nettoyé la rue d’Aercshot, qui présentait un spectacle affligeant.

Le cas exemplaire de Schaerbeek suscite l’intérêt. Bruxelles-Ixelles avait délégué ce vendredi un inspecteur pour faire rapport. Il est vrai que cette opération combinée est sans doute la plus grande du genre réalisée en Région bruxelloise. Politesse, courtoisie et travail sans précipitation sont les mots d’ordre. Derrière l’apparente nonchalence, les résultats sont là : la récolte a été bonne : 97 verbalisations dont 36 actes de salissures et 45 cas d’urine en lieu public. Commencée vers 19 heures, elle s’est achevée vers une heure du matin.

Rappelons que jeter un mégot ou uriner sur la voie publique coûte 75 euros. Il ne s’agit pas d’une amende mais d’une taxe qui est enrôlée. L’encaissement est immédiat ou différé, mais il a toujours lieu (ce qui n’est pas le cas des amendes). Il est immédiat pour les étrangers, car leur traçage est quasi impossible et les fautifs se croient alors impunis.

Cette vaste opération a conduit à d’étonnants comportements de la part de contrevenants. Comme ce quincagénaire habitué de la mosquée qui supplie la police de ne pas envoyer de PV à son adresse privée. Comme cet autre homme qui tente de se démettre le bras pour crier à la violence policière. Comme cet autre encore qui se jette à terre en appelant les passants à l’aide. Tout ça pour un mégot, une canette,… Comme ce jeune mineur paniqué à l’idée que l’on appelle ses parents pour faire le constat et payer l’amende. Comme ce ferrailleur pris en flagrant délit de jeter sur le trottoir ce qu’il vient d’emporter auprès de particuliers.

A noter qu’une telle opération ne concerne pas seulement la propreté : elle permet d’épingler des faits bien plus graves (drogue). Une précédente avait même permis la découverte de marchands de sommeil et d’un réseau de recel. Michel De Herde annonce d’autres opérations. A la rue d’Aerschot, mais aussi dans d’autres quartiers. Des mesures de prévention renforcées, sont prévues aux abords des écoles.