Le cimetière pollué

La Dernière Heure- Edition du 18 juin 2008 par Mathieu Ladevèze

Schaerbeek a versé les boues usagées de ses égouts sur une des parcelles, située en Flandre pendant plus de dix ans

Léon Weustenraad doit bien rigoler au fond de son trou. Confortablement installé dans l’un des caveaux du cimetière de Schaerbeek, l’ancien échevin des Travaux puis bourgmestre de Schaerbeek dispose d’une vue idéale sur la parcelle 2B du cimetière multiconfessionnel de Schaerbeek.

Cette parcelle destinée à accueillir les défunts de confession juive, en est cours de dépollution. Elle a été souillée durant plus de dix ans, entre 1984 et 1995 par les déchets et boues des égouts de la commune. C’est notre bon Léon qui, avec l’aval du collège de l’époque, avait décidé de balancer les crasses communales tout au fond du cimetière afin d’économiser quelques sous. Son sucesseur aux Travaux Claude Paulet n’avait pas jugé utile de stopper une manoeuvre qui a eu cours durant trois législatures.

La parcelle mesure 1.600 m². Selon les derières constatations de la commune, il semble que la pollution couvre environ 900 m², ce qui correspond à la grosse louche à plus de 1.620 tonnes de terres pollués ! Le tout dans une parcelle, certes propriété de la commune de Schaerbeek, mais située sur le territoire de la commune de Zaventem. Nos voisins flamands apprécieront…

Ce sont d’ailleurs les premiers habitants des constructions situées en front de cimetière qui avaient pesté contre les oduers nauséabondes se dégageant du site. Les dépôts avaient alors cessé, onze ans plus tard. Et tout le monde avait fini par oublier l’histoire. Jusqu’au jour où le directeur du cimetière a voulu exploiter la parcelle.

Les premiers camions se sont enfoncés dans ce qui était devenu une sorte de marécage. Les ouvriers ont alors découvert une vrai décharge enfouie où traîne tout ce que peut récupérer un avaloir d’égout. Un expert a constaté la présence en très grosse quantité de métaux lourds et d’huiles minérales…

Face à la sitation, la majorité actuelle a débloqué près de 900.000 euros pour dépolluer et remettre le site à neuf. La douloureuse passera au conseil communal de ce mois-ci. Nul doute qu’elle fera bondir une opposition déjà inquiète de la mauvaise santé financière actuelle.