Portrait : Albina du Boisrouvray

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La comtesse Albina du Boisrouvray est née en juillet 1941. Son père est un cousin du prince Rainier de Monaco et sa mère fait partie de la famille Patino qui fit fortune dans l’étain en Amérique du Sud.

Elle grandit à New York et voyage avec ses parents, fréquentant la jeunesse cosmopolite dorée. Fin des années 50, elle s’installe dans le canton du Valais en Suisse et épouse Bruno Bagnoud avec qui elle aura un fils François-Xavier. Après la naissance de son fils unique, elle décide de reprendre des études et s’inscrit à la Sorbonne où elle suit des cours de philosophie et de psychologie.

Devenue journaliste indépendante, elle écrit des articles notamment pour le Nouvel Observateur. Elle est également célèbre pour avoir eu le scoop des circonstances de la mort de Che Guevara, information qui sera reprise par la plupart des médias internationaux.

Touche à tout, elle crée en 1969 sa maison de production cinématographique. En 17 ans, sa société produira pas moins de 22 films dont les plus connus sont « Fort Saganne » avec Gérard Depardieu et Sophie Marceau, « L’important c’est d’aimer » d’Andrzej Zulawski ou encore « Police Python » d’Alain Corneau.

Parallèlement à ses activités cinématographiques, elle crée le magazine littéraire « Libre » avec Juan Goytisolo, publiant de nombreux auteurs sud-américains comme Gabriel Garcia Marquez ou Octavio Paz.

A la tête d’une fortune familiale importante, Albina du Boisrouvray gère depuis 1980 l’empire familial qui regroupe diverses entreprises actives dans l’immobilier et l’hôtellerie.
En 1985, elle devient le 1er producteur de cinéma à recevoir « L’ordre National du mérite » en France.

Mais tout bascule en 1986. Son fils unique François-Xavier Bagnoud qui est le plus jeune pilote professionnel d’avion de vol et d’hélicoptère d’Europe, se tue dans le désert du Mali lors du Paris-Dakar lorsque son hélicoptère à bord duquel se trouvent aussi Daniel Balavoine,Thierry Sabine et deux autres personnes, s’écrase sur une dune de sable.

Albina perd son fils unique, âgé à peine de 24 ans. Cette femme mondaine, dynamique, entreprenante à qui tout réussit, décide suite à ce drame de modifier radicalement son existence. Elle vend tous ses bijoux ainsi que la plupart de ses biens personnels et s’engage à Médecins du monde aux côtés de Bernard Kouchner, partant même en mission au Liban à l’époque en pleine guerre.

En 1989, Albina du Boisrouvray fonde l’Association François-Xavier Bagnoud ayant pour objectif de « combattre la pauvreté et le SIDA et de venir en aide aux orphelins et enfants vulnérables victimes de la pandémie« . Par cette fondation, c’est avant tout une mère qui entend poursuivre dans le domaine du développement les missions de sauvetage que son fils menait et « perpétuer les valeurs de générosité et de compassion qui guidaient la vie du jeune homme« .

Depuis près de 20 ans, la Fondation connue sous le nom de FXB International (www.fxb.org) a entrepris et impulsé une quantité impressionnante de projets de par le monde. Voici quelques exemples des missions menées sur le terrain : lancement d’un programme d’aide aux orphelins en Ouganda (1990), création d’une maison pour enfants abandonnés en Thaïlande (1991), défense des droits de l’enfant et libération de jeunes filles prostituées en Thaïlande (1992), lancement du programme FXB en Colombie et Uruguay (1992), lancement du programme FXB en Birmanie (1993), Conférence internationale sur la santé et les droits de l’homme à Harvard (1994), lancement du programme FXB au Rwanda (1995), création d’un Centre FXB de soins palliatifs à domicile à Paris (1997), développement du projet FXB centré sur les femmes et les enfants en Bolivie (1998), projets FXB en Afrique du Sud et en Inde (1999), développement des projets initiaux à Kigali et Gitarama au Rwanda (2000), lancement du programme de prévention dans le bidonville de Sanjay à New Delhi, extension des programmes dans différents états de l’Inde comme au Kerala, Rajasthan, Bengale (2000), lancement du projet FXB au Niger (2001), projets FXB au Togo et en Mongolie (2002), programme de prévention au SIDA pour les routiers et conducteurs de bus en Birmanie (2003), soutien aux personnes atteintes du SIDA en Côte d’Ivoire (2003), programme d’aides suite au tsunami en Inde (2005), campagne de lutte contre le SIDA en Ouganda et Rwanda (2005), projets en Chine (2006),…

Le travail de la Fondation a reçu plusieurs récompenses. Ainsi en 1992, la comtesse du Boisrouvray a été honorée par l’Université du Michigan puis par celle de Harvard qui lui remettra de plus en 2001 le « Harvard Project for International Health and development« . Décorée de la Légion d’honneur, elle reçoit en 2002 en même temps que le président du Timor-Est le prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe et en 2003 lors de la 4ème conférence internationale sur le SIDA en Inde, elle se verra décerner le « Life Time Contribution Award » en remerciement des nombreuses actions que la fondation mène dans les 35 états de l’Inde. La fondation en la personne d’Albina, recevra encore d’autres distinctions comme en Thaïlande ou en Suisse.

Si vous feuilletez parfois un magazine « People », vous verrez certainement la comtesse du Boisrouvray lors des événements annuels de charité qui ont lieu à Monaco comme le Bal de la Rose ou le Bal de la Croix Rouge. Apparentée à la famille monégasque par son père, elle est aussi la marraine de Charlotte, la fille de la princesse Caroline. Des apparitions dans des lieux mondains uniquement pour servir des associations caritatives.

Depuis plus de 20 ans, Albina du Boisrouvray ne compte plus son temps, son énergie pour se dévouer pour les autres, pour les plus fragilisés en mémoire de son fils. En 1986, elle a tourné une page importante de sa vie pour en écrire depuis probablement les plus belles en générosité.

(Copyright photo : Michel Setboun)