Portrait : Les mères de la place de Mai
Le mouvement des mères de la place de Mai est une association de mères argentines dont les enfants ont été asssasinés ou la plupart du temps ont « disparu » sous la dictature militaire en Argentine de 1976 à 1983.
C’est le 30 avril 1977 que les 14 fondatrices de l’association à savoir Berta Braverman, Haydée Garcia Buelas, Maria Adela Gard de Antokoletz, Julia Gard, Maria Mercedes Gard, Candida Gard, Ketty Neuhaus, Raquel Arcushin, Madame De Caimi, Azucena Villaflor, Delicia Gonzalez, Mirta Baravalle et Pepa Noia ont manifesté pour la première fois sur la place de Mai à Buenos Aires sous les fenêtres du palais présidentiel. Azucena Villaflor cherchait depuis plus de 6 mois l’un de ses fils et une nièce lorsque le mouvement s’enclencha.
En décembre 1977, elle fut emmenée de même que deux autres femmes dans un camp de concentration. Leurs corps ont été identifiés en 2005.
Rapidement le mouvement gagne de l’ampleur et de nombreuses mères le rejoignent dans l’espoir de retrouver leurs enfants enlevés et disparus.
Ainsi, tous les jeudis après-midis, elles se rassemblent sur la place de Mai, portant des foulards blancs sur la tête pour que nul n’oublie le sort de leurs enfants disparus. Elles tournent pendant 30 minutes dans le sens inverse des aiguilles d’une montre remontant symboliquement le temps.
En 1986, le mouvement s’est scindé en deux entités : les mères de la place de Mai, ligne fondatrice et l’association des mères de la place de Mai. Cette dernière a une approche plus politique puisqu’elle essaye de continuer à véhiculer les idées politiques des fils et filles disparus.
Les mères sont pour la plupart convaincues que 30 ans après leurs enfants sont morts, torturés et assassinés mais elles refusent catégoriquement l’aide compensatrice pour la perte de leur enfant proposée par le gouvernement argentin jusqu’à ce celui-ci reconnaisse sa faute.
En parallèle, le mouvement des grand-mères de la place de Mai a aussi vu le jour en 1977. Il a pour objectif de retrouver les petits-enfants eux aussi kidnappés ou nés pendant le détention de leurs mères. A ce jour, 10% des enfants (on estime qu’ils devraient être environ 500) nés en détention ou kidnappés et ensuite adoptés par les familles des militaires qui ont tué leur parents, ont pu être identifiés.
Ces dernières années, le mouvement a été reçu à plusieurs reprises par les présidents argentins en poste. Toujours, les mêmes revendications : que la lumière soit faite sur les enlèvements.
Le corps d’Azcunea Villaflor, l’une des fondatrices a été retrouvé et identifié en 2005. Ces cendres ont été enterrées au pied de la pyramide de Mai sur la place de Mai, là où encore tous les jeudis les mères se retrouvent pour poursuivre leur combat contre l’oubli et obtenir pour certaines d’entre elles enfin des réponses à 30 ans de questions.