Portrait : Siméon de Bulgarie

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Quelle destinée que celle de Siméon de Bulgarie : roi régnant de Bulgarie l’espace de 3 ans, il a ensuite été élu Premier Ministre de Bulgarie. Il incarne ainsi l’un des plus beaux exemples de la transition démocratique qui s’est opérée depuis les années 90 au sein des pays de l’ex-bloc communiste.

Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha est né le 16 juin 1937 à Sofia en Bulgarie. Il est le fils du très populaire et très aimé roi Boris III et de la reine Jeanne, née princesse de Savoie. En 1943, alors qu’il a à peine 6 ans, il perd son père. Celui-ci décède, en effet, dans des circonstances mystérieuses (on évoque un possible empoisonnement) 9 jours après une entrevue avec Hitler. Il devient donc automatiquement tsar des Bulgares, la régence étant assurée par son oncle le prince Kyril.

En février 1945, son oncle est exécuté ainsi que plusieurs ministres suite à un coup d’état fomenté avec le soutien de l’Union soviétique. Siméon est cependant autorisé à poursuivre son règne…

En 1946, un référendum est organisé et proclame l’abolition de la monarchie. Agé de 9 ans, il prend alors le chemin de l’exil avec sa mère et sa soeur, préférant l’exil à l’abdication.

La famille très unie s’installe à Alexandrie en Egypte. Siméon y retrouve son grand-père, le roi d’Italie. Il suit les cours au Victoria Collège d’Alexandrie où il a pour condisciple Hussein, futur roi de Jordanie.

En 1951, la famille royale bulgare opte pour s’installer à Madrid. C’est là que Siméon poursuivra sa formation académique. Il décrochera des licences en droit et en sciences politiques. Il entre ensuite à l’école militaire de Valley Forge aux Etats Unis d’où il ressortira lieutenant.

Polyglotte (il maîtrise notamment parfaitement le français), Siméon se lance dans le monde des affaires avec succès. En 1962, il épouse une Espagnole Margarita Gomez-Acebo qui lui donnera 5 enfants tous curieusement prénommés avec un prénom commençant par la lette K : Kardam, Kiril, Kubrat, Konstantin et Kalina.

Installé à Madrid, il mène une vie sans ostentation entre ses affaires et sa présence lors des événements du Gotha, demeurant en contact étroit à la fois avec la diaspora bulgare et avec ses compatriotes restés au pays . Il est d’ailleurs très proche du roi Juan Carlos et apparenté à la plupart des familles royales européennes dont la famille royale belge.

En 1996, il foule à nouveau le sol bulgare pour la première fois depuis un demi siècle ! Il est triomphalement accueilli à Sofia et lors de sa visite au monastère de Rila. Jusqu’en 2001, il effectue plusieurs séjours en Bulgarie.

En 2001, il décide de se présenter aux élections législatives en tant que chef de file du nouveau Mouvement National Siméon II et cela dans le respect de la République et de la démocratie, comme il le déclare dans un discours.

Il remporte 119 sièges sur 204 au Parlement bulgare. En juillet 2001, Siméon Sakskoburggotski (son nom patronymique) prête serment en tant que Premier Ministre !

Lorsqu’on l’interroge sur la possibilité de restaurer la monarchie en Bulgarie, il est toujours resté très évasif, pour la bonne et simple raison qu’il n’a en fait jamais abdiqué et qu’il prétend toujours à son rang de souverain.

En 2005, son parti termine 2ème lors des élections et est relégué dans l’opposition. Malgré des performances macroéconomiques importantes, il n’a pas réussi en l’espace de 4 ans à concrétiser ses grandes promesses : réduire le taux de chômage et relever le niveau de vie des Bulgares.

Aujourd’hui, il demeure encore en Bulgarie où il reste actif sur le terrain politique. Plusieurs fois grand-père, il a eu le bonheur de voir l’un de ses petits-fils (fils de sa fille) naître sur le sol bulgare. La dépouille de son père le tsar Boris III, a aussi trouvé une sépulture définitive au monastère de Rila.

Aujourd’hui, on évoque sa possible nomniation à la tête du Conseil de l’Europe. En tous cas, déjà un parcours hors du commun et un beau pied de nez à l’Histoire !