Portrait : Carla del Ponte

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Carla del Ponte est encore pour quelques mois Procureur général du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Elle occupera ensuite le poste d’ambassadeur de Suisse en Argentine.

Née en 1947 à Lugano en Suisse italienne, elle parle couramment l’italien, le français, l’allemand et l’anglais. Elle a suivi des études de Droit international à l’université de Berne puis à Genève, qu’elle compléta ensuite par des études en Grande-Bretagne et en Irlande du Nord.

Au cours de ses études, Carla del Ponte se passionna surtout pour le droit pénal et la criminologie. Avocate dans une étude de Lugano, elle postule pour accéder à la magistrature mais malgré ses brillants résultats, elle doit attendre dix ans. Il semblerait que l’arrivée d’une femme à un poste à hautes responsabilités dans le canton du Tessin très conservateur en soit l’explication.

Nommée juge d’instruction en 1981, elle est nommée trois ans plus tard Procureur du canton du Tessin à Lugano. Elle instruira de nombreuses affaires de criminalité économique, de crimes organisés ou encore de trafic international lié à la drogue.

Maîtrisant ses dossiers sur le bout des doigts, elle développe rapidement des collaborations fructueuses avec les pays voisins notamment pour tout ce qui relève du blanchiment de l’argent sale. Elle travailla entre autres avec le juge italien Giovanni Falcone dans le cadre du trafic de drogue baptisé « Pizza connection« . En 1988, celle que la Mafia a surnommée « Carlita la pesta » échappe à un attentat : un enfin explositif avait été placé sous les fondations de sa villa en Sicile. Comme on s’en souviendra, Giovanni Falcone n’eut pas cette chance.

En 1994, Carla del Ponte est nommée Procureur général de la Confédération helvétique et membre de la commission fédérale « criminalité économique ». Rapidement, elle s’attaqua au crime organisé et aux trafics divers qui trouvaient en Suisse un terrain propice pour développer leurs activités.

Carl del Ponte se heurtera par conséquent au secteur bancaire suisse mais ses actions visant à permettre une plus large transparence, eurent pour conséquence que la Suisse se dota d’un nouveau dispositif législatif contraignant les banques à collaborer avec la justice.

La carrière de Carla del Ponte prend un nouveau tournant lorsqu’en 1999, le Conseil de sécurité des Nations unies la nomme Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).      

Elle poursuivra ainsi Théoneste Bagosora, Anatole Nsegiyumya, Ratko Mladic, Radovan Karadzic, Jean Kambanda ou encore Slobodan Milosevic.

Carla del Ponte, c’est aussi un franc parler de chaque instant et des décisions parfois très médiatiques comme le gel des avoirs bancaires de Benazir Bhutto, de l’ancien président mexicain Salinas ou encore de ses accusations à l’égard du président serbe Vojislav Kostunica qu’elle jugeait complice de Milosevic à force de ne pas vouloir le faire extrader vers La Haye.

En janvier 2008, Carla del Ponte quittera la TPIY de La Haye pour se consacrer à la carrière diplomatique en endossant le rôle d’ambassadeur de Suisse à Buenos Aires.