Après les mariages blancs, les divorces blancs…
Dans la foulée de l’affaire Kadiri qui a ébranlé l’administration communale de Schaerbeek d’une part suite à l’arrestation et inculpation d’une employée communale du service Etat civil- Population et d’autre part suite à l’arrestation et inculpation pour fraude informatique, trafic des êtres humains et usage de faux de Redouane Kadiri, responsable du club de Taekwondo « Central Academy » installé à Neptunium et collaborateur au sein du cabinet du Secrétaire fédéral Bernard Clerfayt, j’ai été contacté par deux personnes à propos des « divorces blancs ».
Si l’affaire Kadiri concerne des mariages blancs et de fausses naturalisations moyennant compensation financière ainsi qu’un clientèlisme évident dans le chef de Bernard Clerfayt et de son entourage politique, ce que m’ont rapporté ces deux personnes suffisamment crédibles dans leur dires pour que je vérifie ceux-ci, concerne les divorces blancs suggérés par des assistants sociaux du CPAS de Schaerbeek.
Interpellé par ce que je venais d’apprendre à savoir que des assistants sociaux du CPAS de Schaerbeek suggèrent à leurs allocataires de se rendre auprès de la Justice de Paix du canton de Schaerbeek afin d’y obtenir et séparation, ce qui leur permettra de toucher des allocations d’isolés, j’ai donc écrit officiellement aux juges de paix de Schaerbeek afin d’étayer ou non ces dires.
Quelle ne fut pas ma stupeur en lisant la réponse de la justice de paix en date du 29 avril dernier. Voici quelques extraits de la réponse qui m’a été fournie et qui corrobore bien ce qui se trame dans les murs du CPAS de Schaerbeek. « J’ai (NDLR :c’est le Juge de Paix qui s’exprime) fait part, à différentes reprises, de mes inquiétudes aux responsables du CPAS de Schaerbeek. Dans un article circonstancié paru dans le VLAN en fin d’année 2005, je me plaignais publiquement de la fraude sociale à Schaerbeek. Mes déclarations ont été faites aux journalistes de cet hebdomadaire avec l’accord préalable de mon supérieur sur le plan déontologique. » Le juge de paix poursuit : « J’ai évidemment dénoncé les pratiques que vous évoquez (NDLR : à savoir des divorces blancs) auprès de Monsieur l’Auditeur du Travail de et à Bruxelles, qui a d’ailleurs reçu une copie de tous mes jugements constatant les faits. Monsieur l’Auditeur du Travail mène actuellement une enquête dans les nombreux cas qui lui ont été soumis par notre prétoire« .
« Depuis belle lurette, des justiciables s’annoncent à nos guichets pour solliciter leurs « papiers du CPAS », en tenant en main des documents manuscrits qui seraient, selon eux, rédigés par des assistants sociaux du CPAS de Schaerbeek. Ces manuscrits, dont j’ai eu à connaître, indiquent qu’il faut s’adresser à la Justice de paix pour une séparation (article 223 du Code Civil) ainsi que les pièces de procédure indispensable à cet effet. »
« D’autres justiciables, moins expressifs, viennent se séparer étant donné que la mésentente règnerait au sein de leur couple. L‘instruction d’audience mène rapidement à la conclusion qu’il n’existe pourtant aucun état de crise au sein de leur ménage justifiant une quelconque intervention d’un juge de paix. Leur but unique consiste à obtenir un jugement décrétant une séparation afin qu’ils puissent prétendre à des allocations majorées en matière de sécurité sociale (taux isolé, chef de ménage, etc…) »
A noter que les noms des assistants sociaux ont été envoyés à l’Auditorat du Travail. A nouveau, la bonne gouvernance si chère à la majorité schaerbeekoise MR-Ecolo est bien écornée. Lorsque l’on sait que le budget du CPAS a doublé en quelques années, il serait grand temps de se pencher sérieusement sur sa gestion journalière actuelle, ce que les 4 conseillers CPAS PS Alain Duriau, Françoise Gourdin, Ghislaine Molai et Abdessatar Hassen n’ont de cesse de dénoncer lors des réunions du Conseil du CPAS qui se tiennent (mal)heureusement à huis-clos.
Un CPAS où la présidente Dominique Decoux (Ecolo) peine à tenir le gouvernail. Des démissions de hauts fonctionnaires, des pratiques peu orthodoxes comme celles-ci et une gabegie immobilière, le tout au détriment de la qualité du service offert à la population. Une population qui s’est certes paupérisée ces dernières années et qui a un besoin vital de cette aide du CPAS. Cela nul ne le conteste. C’est la manière de contourner la légalité en vue d’obtenir davantage (et dans quelles conditions ? ) de revenus qui est scandaleuse.
Gageons que ce nouveau dysfonctionnement éventé des rouages d’une administration aux mains du MR et d’Ecolo à Schaerbeek, permettra de remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne la « bonne gouvernance » clientéliste de la majorité schaerbeekoise.