Il était plus que temps d’en finir

Dernière Heure du 24 septembre 2007 – Editorial de Christian Carpentier

Le constat d’échec tiré hier par Yves Leterme est une bonne chose. Il était plus que temps d’en finir. Peut-être, au terme de semaines interminables de bras de fer, serait-on enfin parvenu à constituer, vaille que vaille, une coalition. Mais elle n’aurait eu d’équipe que le nom, et n’aurait rien amené de bon au pays, alors même que le 10 juin dernier, le citoyen avait exprimé clairement le voeu de changement politique, infligeant une sanction sans précédent aux deux partis socialistes.

L’échec est sans doute un peu la faute des deux partis francophones impliqués, le MR et le CDh, qui se sont regardés depuis le début en chiens de faïence. Jamais ils ne seront parvenus à trouver la force de dépasser leurs antagonismes -plus humaines que politiques- pour présenter un front cohérent aux partis flamands, capable de trouver avec eux une voix médiane.

Mais ces relations, un homme devait être capable de les apaiser. Et cet homme, c’est Yves Leterme. C’est lui aussi qui devait fendre l’armure, se montrer imaginatif, élaborer des compromis. Or toutes ces choses qui font partie du service minimum qu’on est en droit d’attendre d’un formateur, les partenaires à la négociation ne les auront jamais vues venir.

En un mois et demi de mission, il n’aura même jamais mis le problème de BHV sur la table, alors même que s’il est bien un dossier qui se doit d’être solutionné, suite à un arrêt intransigeant de la cour constitutionnelle, c’est bien celui-là !

La vérité est que le candidat chef de meute est demeuré à la hauteur de sa réputation : un bon petit notaire de région sans relief, sans charisme, sans imagination et sans envie. Pire : à plusieurs reprises, il aura montré aux négociateurs francophones combien il était toujours, dans son for intérieur, le représentant de la Flandre autour de la table, et non l’arbitre des Communautés comme on était en droit d’en attendre à l’échelon fédéral.

Le reste de ses bourdres -de ses bêtises- depuis sa Marseillaise jusqu’à la trahison de Jean-Luc Dehaene en passant par le choix-même du lugubre Val Duchesse comme lieu de négociation, n’aura fait qu’accentuer sa chute, devenue inéluctable. Et sans doute heureuse pour le bien du pays.