Logements communaux : Pourquoi ? Pour qui ? Comment ?

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Voilà 18 mois environ que le Collège échevinal schaerbeekois a décidé de démembrer le service des propriétés communales en deux entités : les logements d’un côté et le reste du patrimoine immobilier de l’autre. Une décision qui dans les faits, s’est avérée absolument désastreuse pour les locataires des logements communaux qui au cours des premiers mois ne savaient plus à qui d’adresser que ce soit par téléphone ou en terme de bureau. Les choses sont progressivement rentrées dans l’ordre mais ce total cafouillage démontre si besoin, le manque évident de réflexion et d’analyse qui aurait dû prévaloir avant de prendre pareille décision.

Voici à présent que le Collège marque son accord sur l’attribution de 9 appartements situés dans les deux seniories communales rue Brems (Terdelt) et rue Victor Hugo (Dailly) à des personnes qui « se sont manifestées ces derniers mois et dont certaines sont en situation d’hébergement précaire ».

Sachant qu’il y a une liste d’attente à perte de vue, on ne peut pas dire qu’il y ait pénurie de candidats que pour se mettre à « brader » de la sorte 9 appartements. Comment est-ce possible d’ailleurs de rester avec 9 appartements sur les bras ?

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Depuis la fin des années 90 jusqu’à ce jour, un règlement (adapté au fil du temps) a toujours été strictement et scrupuleusement appliqué. En gros, c’était : pas de priorité mais l’ancienneté de la demande qui comptait. Bref, chacun son tour sans aucun passe-droit. Cela a toujours été très clair jusqu’à maintenant. Certes, des cas d’extrême urgence (explosion de gaz, incendie,..) étaient pris en considération comme lors du drame de Gaucheret où la Commue dans la mesure de ses possibilités a temporairement relogé des familles.

Mais dans ce cas précis, je m’interroge avec inquiétude sur cette décision du Collège. Qu’est ce qui soudainement justifie la location de 9 appartements (ce qui n’est quand même pas négligeable) à des personnes autres que celles se trouvant dans l’ordre chronologique de la liste conformément au règlement d’attribution des logements ? 

Lorsque je prends connaissance du contenu de ce dossier, qu’est ce que je lis ? Que l’on classe 15 personnes en trois catégories jugées prioritaires. A savoir 5 personnes en « situation d’urgence » (hébergement de transit venant à terme, un renon locatif ou encore un hébergement temporaire par le CPAS. 3 personnes dites « personnes prioritaires » sans autre forme d’explication. Et enfin 7 personnes « s’étant manifestées ces derniers mois et très intéressées par un logement dans une seniorie ».

Pour aller droit au but, ce qui ne manque pas de m’interpeller est que :

– on ne connaît pas la place qu’occupent ces personnes sur la liste officielle d’attente. Sont-elles 2ème, 3ème ou 150ème ? Le Collège se prononce donc sans connaître cet élément de base

– jusqu’à présent les incendies, explosions, … étaient des éléments prioritaires. Je prends donc acte que deviennent prioritaires des personnes se trouvant en logement de transit (ce qui peut être en effet justifié) mais surtout des personnes ayant un renon locatif. Pour avoir eu une permanence sociale pendant de longues années et avoir côtoyé les seniors schaerbeekois avec leurs difficultés, je doute qu’il n’y ait sur la liste d’attente officielle qu’une seule personne avec un renon comme épée de Damoclès. Question : pourquoi cette personne devient-elle soudainement « en situation d’urgence » ? Et les autres personnes dans le même cas ?

– aucune explication ni référence à l’actuelle liste pour les 3 personnes que l’on considère « personnes prioritaires ». A nouveau, quels critères ?

Enfin cerise sur le gâteau, 7 personnes se retrouvent dans cette short list car « elles ont manifesté ces derniers mois un intérêt pour un logement ». J’en déduis donc que dorénavant, téléphoner ou se présenter au bureau du service chaque semaine voire chaque jour, pour demander l’évolution de son dossier, est considéré comme un élément faisant avancer un dossier. Un comble ! Lorsque les personnes s’inscrivent au guichet logement. Il leur est juste demandé d’introduire tous les documents. Un récépissé étant ensuite envoyé. Il n’est nullement question bien au contraire de devoir se représenter chaque semaine pour connaître l’évolution de son dossier.

Cette décision, je le répète, me cause un profond malaise. Il n’y a probablement pas mauvaise intention, du moins j’ose encore l’espérer, de passe-droit ou favoritisme mais il y a indéniablement un manque évident de critères que pour pouvoir l’appliquer dans l’état actuel du règlement communal. Lorsqu’on connaît la longueur des listes d’attente, il est tout simplement inqualifiable de gérer de la sorte l’attribution de 9 logements vides.

Ceci m’amène enfin à me poser de sérieuses questions sur le fonctionnement du service depuis sa restructuration. Existe-t-il encore une ligne hiérarchique claire depuis le départ du directeur du département, qui puisse contrôler ce type d’initiative maladroite ? Le Collège se rend-t-il compte de la portée de sa décision et de l’image négative qu’elle engendre au regard, j’insiste, d’éléments ténus et bien peu convaincants qui sont mis en avant que pour justifier pareille tour de passe-passe ?