Portrait : Alexander Dubcek

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Alexander Dubcek, la figure de proue du Printemps de Prague est né en 1921 en Slovaquie. Il faillit d’ailleurs naître aux Etats Unis où ses parents vivaient avant la création de l’état tchécoslovaque en 1918. Ses parents furent rapidement déçus par la réalité américaine et devinrent en revanche enthousiastes quant aux idées véhiculées par la révolution russe.

En 1925, la famille s’installe en Union soviétique au Kirghizistan où le jeune Alexander passer toute sa scolarité. Lorsque les procès politiques éclatent en Union soviétique, ses parents font le choix de retourner vivre en Tchécoslovaquie.

En 1939, Alexander Dubcek devient membre du parti communiste et participe à la fin de la guerre à l’insurrection nationale slovaque.

Diplômé en Droit de l’Université de Bratislava et de l’Ecole supérieure du parti communiste de Moscou, il est nommé premier secrétaire du Comité central du Parti communiste tchécoslovaque où il a gravi au fil des dernières années les différents échelons.

Alexander Dubcek est resté la figure emblématique du Printemps de Prague de 1968 où soutenu par la population, il demandera la transformation du socialisme de type stalinien en socialisme à « visage humain ». L’invasion des troupes soviétiques sonnera le glas de ce vent de liberté.

Le 21 août 1968, Dubcek et d’autres dirigeants politiques dont le président Svoboda sont arrêtés et conduits à Moscou où on les contraint à signer des documents légalisant l’occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques.

A son retour de Moscou, Dubcek s’adresse au peuple et déclare en larmes : « Tout le monde sait que le chemin ne sera pas facile mais complexe et peut-être plus long que l’on avait prévu. Mais, que la vie prennne n’importe quelle direction, nous devons continuer à réaliser la politique tracée par le parti en janvier dernier. Cela en dépit de cette nouvelle situation. Nous avons pris cette position et nous la garderons dans l’avenir. Nous n’abandonnerons pas nos principes. »

En avril 1969, il est remplacé au poste de Premier secrétaire puis est exclu du parti communiste. Alexander Dubcek se retire alors de la vie politique mais conserve une aura internationale et surtout une très profonde affection de la part de ses concitoyens.

Il travaillera comme ouvrier serrurier-mécanicien dans une entreprise slovaque  pendant près de 20 ans, régulièrement arrêté et surveillé en permanence par la police secrète.

Lors de la « révolution de velours« , de 1989, Alexander Dubcek revient sur le devant de la scène politique de son pays et est nommé président du Parlement en 1992. Il ne verra pas la scission de son pays en Tchéquie et Slovaquie puisqu’il décède des suites d’un accident de la route survenu en septembre 1992.

Aujourd’hui encore, Alexander Dubcek a gardé une place particulière dans le coeur de ses concitoyens, l’image d’un homme au regard parfois perdu, parfois taxé aussi de naïveté mais qui rêvait probablement tout bonnement de dialogue au lieu de confrontation et croyait en la réforme politique comme une garantie pour la stabilité et la prospérité de son pays.

Comme le déclarait à l’époque François Mitterrand : « L’Europe aurait pu voir ses frontières repoussées plus à l’Est si Alexander Dubcek avait pu poursuivre sa politique après 1968″.

Preuve que sa personnalité et son héritage tant humain que politique sont encore bien vivaces, en 2001, la Slovaquie a commémoré ses 80 ans et inauguré sur une place de Bratislava une stèle à sa mémoire.