Portrait : Aung San Suu Kyi

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Aung San Suu Kyi s’est fait connaître du grand public en 1991 lorsqu’elle s’est vu décerner le Prix Nobel de la Paix pour ses actions politiques non-violentes en faveur de l’instauration d’une démocratie dans son pays, la Birmanie.

Née en juin 1945 à Rangoon en Birmanie, elle est la fille du leader de la libération birmane, le général Aung San. Héros de l’indépendance, il sera assassiné en 1949. Aung San Suu Kyi est élevée par sa maman qui s’engage progressivement en politique et devient ambassadrice à New Delhi où la jeune fille terminera ses études.

Elle part ensuite à Oxford où elle suivra un cursus de philosophie, politique et économie. Son diplôme en poche, elle s’installe à New York où elle entame un second cycle d’études supérieures tout en travaillant aux Nations Unies où elle deviendra secrétaire-assistante du comité des questions administratives et budgétaires.

En 1972, elle épouse Michael Aris, également étudiant à Oxford qui suit quant à lui un cursus sur les civilisations tibétaines. Après leur mariage et la naissance de leurs deux fils, ils vivent à cheval entre la Grande-Bretagne et le Bhoutan où Michael Aris mène des études sur le terrain.

En 1988, elle décide de retourner s’installer en Birmanie afin d’être au chevet de sa mère malade. A cette époque, le pays est en proie à la contestation. Le pouvoir du général Ne Win est mis à mal par des manifestations qui provoquent la prise du pouvoir par la junte militaire.

Aung San Suu Kyi décide de s’investir en politique et participe à la création de la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND) qui vise à promouvoir des réformes politiques et qui s’inspire de la philosophie de non-violence prônée par Gandhi.

Arrêtée en juillet 1989 par l’armée, elle se voit proposer sa remise en liberté moyennant son engagement à quitter définitivement le pays, ce qu’elle refuse. Elle sera placée en résidence surveillée.

En 1990, des élections ont lieu sous la pression populaire. Le parti d’Aung San Suu Kyi les remporte mais la junte militaire conteste les résultats et les annule. C’est dans cette foulée, que la jeune femme devient très populaire au niveau international et reçoit le Prix Sakharov ainsi que le Prix Nobel de la Paix avec à la clé une somme de 1,3 million de dollars qu’elle consacrera pour mettre en place un système de santé et d’éducation pour les Birmans.

En 1995, ses conditions de détention surveillée sont levées. A cette époque, son mari qui vit en Grande-Bretagne souffre déjà d’un cancer. Il sollicite le droit d’entrer en Birmanie pour revoir sa femme, ce qui lui sera refusé. En revanche, la junte militaire « invite » Aung San Suu Kyi à se rendre au chevet de son époux. Sachant pertinemment que cela impliquerait de ne plus pouvoir revenir en Birmanie et d’abandonner le combat politique, elle refuse. Elle ne reverra jamais son mari qui décède en 1999.    

En 2002, elle est à nouveau libérée après une médiation opérée par l’ONU mais quelques mois plus tard, elle est victime d’une tentative d’assassinat alors qu’elle se rendait à une réunion politique.

Depuis, son assignation à résidence est prolongée chaque année de 12 mois. Sa santé s’est dégradée au cours de ces dernières années ce que conteste l’armée.

Aung San Suu Kyi bénéficie toujours d’un très imporatnt soutien international. En mai 2007, une lettre signée par plus d’une cinquantaine d’anciens dirigeants politiques dont Jimmy Carter et Bill Clinton, a été adressée à la Birmanie en réclamant sa libération.    

En Belgique, la VUB lui a décérné le titre de Docteur Honoris Causa. Elle est également lauréate du prix Olof Palme. Un film intitulé « Beyond Rangoon » de John Boorman sorti en 1995 raconte sa vie. Une vie entièrement dédiée à son pays au prix de tous les sacrifices.

Ce mercredi 5 septembre, une manifestation de soutien à Aung San Suu Kyi sera organisée à 12h30 devant le Conseil de l’Europe à Bruxelles (bâtiment Justius Lipsius).