Portrait : Docteur Anne Spoerry dite « Mama Daktari »

mamadaktari.jpg

Le nom du Docteur Anne Spoerry ne vous dit probablement rien mais elle a fait partie de l’équipe des Flying Doctors du Kenya jusqu’à sa mort et était affectueusement surnommée par les Kenyans « Mama Daktari« .

Né en 1918 à Cannes, Anne Spoerry est une jeune fille de bonne famille, comme on dit. Elle suit des études dans un pensionnat anglais, pratique le polo, voyage avec ses parents. Tout bascule lorsqu’elle assiste à une conférence sur la mer Rouge. Elle souhaite alors se rendre dans la Corne de l’Afrique mais la guerre va contrecarrer ses plans initiaux.

En juin 1940, elle est en effet étudiante à la Faculté de médecine de Mulhouse. En compagnie de son frère, elle entre dans le réseau de résitance du docteur Jean Bernard. Arrêtée en avril 1943, internée à Fresnes, elle sera finalement déportée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück jusqu’à sa libération en avril 1945. Anne Spoerry fait partie des 10.000 femmes (sur les 150.000 déportées) qui ont survécu aux camps.

En 1948, diplômée en médecine tropicale, elle s’embarque à Marseille sur un cargo et fait escale à Djeddah en Arabie Saoudite où elle soigne les pèlerins revenant de la Mecque. Elle séjourne ensuite un an au Yémen où elle est la seule femme médecin et s’occupe entre autres des princesses du harem.

Invitée par des amis à se rendre au Kenya, elle est subjuguée par ce pays et particulièrement par la vallée du Rift. Décidée à s’installer dans le Nord du Kenya dans la région du Marsabit, l’administration coloniale britannique le lui refuse, craignant que son tempérament fougueux ne cause des problèmes. Finalement, elle s’installe dans une ferme près des monts Aberdare dans la région de Nairobi et devient médecin de campagne.

Elle exercera sa profession même au moment des troubles de l’indépendance au début des années 60 lorsque la révolte des Mau-Mau fait rage. Cette femme qui n’a décidément peur de rien, se promène munie d’un revolver qu’elle ne quitte pas même pour dormir…

A l’indépendance, elle est expropriée de sa ferme mais décide de rester malgré tout au Kenya et rachète une ferme plus petite à Subukia. A 45 ans, elle décide aussi de prendre ses premiers cours de pilotage avec un ancien instructeur de la RAF. Avec ses 50 heures de vol à son actif, elle rentre même en vacances en France à bord d’un Cherokee 235.

C’est à cette époque que le docteur Michael Wood qui a fondé les Flying Doctors (les médecins volants) la contacte. Anne Spoerry intègre bien volontiers leur organisation qui a pour but d’aller soigner les populations enclavées du Kenya.

C’est sous son impulsion que sera mis en place un « vol médical » dans le district reculé du Marsabit et vers l’île de Lamu. Engagée aux côtés des « Flying doctors » du Kenya, elle a poursuivit ses activités juqu’à sa mort, n’hésitant pas à se rendre dans des endroits parfois très difficiles d’accès.

A 80 ans, Anne Spoerry comptabilisait plus de 8.000 heures de pilotage. C’est son avion 5Y-AZT surnommé « Zoulou tango » qui l’accompagnait le 6 février pour son dernier vol vers l’île de Lamu où elle repose face à l’Océan indien.

En mémoire du docteur Anne Spoerry affectueusement surnommée « Mama Daktari » qui consacra plus de 35 ans de sa vie à soigner les autres au Kenya, l’antenne AMREF Monaco (African Medical Research Foundation – Fying Doctors Monaco http ://amrefmonaco.org a été fondée afin de permettre de continuer sa mission et soutenir les différents projets qu’elle avait initiés.