Portrait : Marian Suarez Illana
Ce nom ne vous dira peut-être pas grand chose mais en Espagne, Marian Suarez Illana est encore aujourd’hui une personnalité très aimée et respectée pour le long combat qu’elle a mené jusqu’au bout contre le cancer.
Fille aînée d’Adolfo Suarez qui fut Premier Ministre d’Espagne après la mort du Général Franco et l’avènement du Roi Juan Carlos I et qui permit la transition démocratique et la tenue d’élections libres, Marian a passé une partie de sa jeunesse au Palais de la Moncloa, résidence officielle du Premier Ministre.
Jeune fille très discrète à l’instar de toute la famille d’Adolfo Suarez, elle suivit des études de droit comme son père. Brillante étudiante, elle épouse à l’âge de 25 ans Fernando Romero, un jeune économiste.
Le couple part s’installer durant une année à New York. A leur retour, Marian travaille à Madrid au sein du cabinet d’avocats de son père. En 1990, naît sa fille Alejandra.
Marian se consacre alors entièrement à sa vie familiale. On voit de temps en temps une photo d’elle lors d’une réception ou d’un cocktail littéraire dans la capitale espagnole mais c’est en définitive assez rare car la jeune femme cultive la discrétion.
En 1993 alors qu’elle est enceinte de près de 6 mois de son deuxième enfant, les médecins diagnostiquent un cancer du sein. Ils lui conseillent vivement d’avorter et de suivre une lourde chimiothérapie. On ne lui donne dans cette hypothèse que quelques mois à vivre.
Marian refuse et quitte à mettre encore plus sa vie en danger que de sacrifier celle de son fils. Ce n’est qu’après la naissance de Fernando qu’elle suivra le traitement. Un long très long combat débute alors pour Marian et sa famille qui l’entoure dans cette épreuve.
La fatalité s’acharne puisque sa maman est à son tour victime de la maladie. Soignée en Espagne et aux Etats Unis, elle mène alors une vie jalonnée par les rémissions et les rechutes, la progression aussi de la maladie à d’autres organes.
En 2001, sa maman s’éteint à l’âge de 66 ans. Ce drame que vit la famille Suarez bouleverse les Espagnols qui sentent toujours un profond respect pour Adolfo Suarez. Consciente de son aura auprès des médias, Marian encouragée par son mari et son médecin, décide de se lancer dans l’écriture et de relater son combat contre le cancer.
Son livre intitulé « Diagnostic : cancer – Mon combat pour la vie » raconte ses moments de révolte, de fatigue mais aussi son incroyable force de caractère, sa rage de vaincre, sa soif de vivre et de voir grandir ses enfants. Son livre connaîtra un grand succès en librairie, de nombreux malades se reconnaissant dans ce que Marian narre avec tellement de simplicité mais tant de justesse.
Très active au sein de l’association espagnole de lutte contre le cancer, Marian Suarez donne fréquemment des conférences, racontant son parcours et donnant sans compter son optimisme à ceux qui sont dans la même situation qu’elle.
Mais malgré toute sa hargne, Marian s’est éteinte le 7 mars 2004 à la clinique la Luz de Madrid, entourée par sa famille. Consciente jusqu’au bout, sa plus grande crainte était que son décès ne porte un coup dur aux autres personnes souffrant de la maladie et que cela ne les décourage. Jusqu’au dernier moment, toujours penser aux autres…
Enterrée dans l’intimité, la messe célébrée pour le repos de son âme avait été programmée au 11 mars 2004. Ce jour-là, de sanglants attentats dans les métros de Madrid feront près de 200 morts. La pagaille complète régnait dans la capitale espagnole. Malgré cela, des centaines et des centaines de personnes se sont pressées dans l’église pour lui rendre un dernier hommage. Parmi eux, plusieurs membres de la Famille royale espagnole qui étaient très proches de Marian.
Aujourd’hui, la Ville de Madrid a donné le nom de Marian à un centre de planning familial et d’accompagnement pour les mamans. Un très bel hommage pour une jeune femme qui fit toujours passer le bonheur des siens avant tout.
(Copyright photo : agence EFE)