Portrait : Yolanda Pulecio

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Plus de 5 ans déjà que sans relâche, Yolanda Pulecio Vélez puise chaque jour au plus profond d’elle-même l’énergie et le courage afin d’affronter son terrible drame : sa fille Ingrid Bétancourt est retenue prisonnière des FARC.

Yolande Pulecio est revenue sur le devant de la scène de par l’enlèvement et la séquestration de sa fille cadette Ingrid mais en plus d’être la « maman d’Ingrid« , c’est une personne aux multiples facettes qui s’est toujours impliquée pour la Colombie.

Reine de beauté à l’âge de 17 ans, elle épouse rapidement le diplomate Gabriel Bétancourt avec qui elle aura deux filles : Astrid et Ingrid. La famille s’installe à Paris lorsque Gabriel est nommé directeur-adjoint à l’UNESCO. Après un retour de 2 ans en Colombie où il occupe le poste de ministre de l’Education, la famille retourne en France où Gabriel est nommé ambassadeur de Colombie à l’UNESCO.

Le couple divorce ce qui crée un grand émoi dans la société de Bogota. Yolanda essuyera des critiques, commérages en tous genres, diffamations,…

Cette femme de tête, se présente alors aux élections au Conseil de Bogota et y est élue. Elle retourne en France où elle a accepté un poste à l’ambassade de Colombie à Paris. Ses filles l’accompagnent et poursuivent leurs études dans la capitale française.

En 1986, elle est élue députée et entame une campagne aux côtés de Luis Carlos Galan un vieil ami qui se présente aux élections présidentielles. Celui-ci sera assassiné lors d’un meeting. Elue sénatrice l’année suivante, Yolanda très éprouvée par la mort de Luis Galan, prèfère se retirer du devant de la scène politique et se consacrer pleinement à son oeuvre caritative « El Albergue Infantil » à Bogota qui oeuvre en faveur des enfants des rues.

Depuis le 23 février 2002, date à laquelle Ingrid a été enlevée par les FARC, elle multiplie les interventions, sillonne les capitales européennes afin que l’on oublie pas le sort de sa fille et des milliers d’autres otages en Colombie.

Mère courage, elle se rend aussi à radio Caracol où elle lit des messages pour sa fille. Ces messages des familles aux otages sont, semble-t-il, entendus par ces derniers. Dans un très bel ouvrage « Ingrid, ma fille, mon amour« , elle nous livre quelques messages plus poignants les uns que les autres.

Les déclarations de JohnFranck Pinchao, un policier qui a réussi à s’évader après 9 ans de détention et qui était otage avec Ingrid, ont redonné l’espoir : Ingrid Bétancourt est bien vivante mais ses conditions de détention sont particuièrement dures et cruelles.

Alors que les enfants d’Ingrid Bétancourt, sa soeur et son ex-mari étaient reçus à l’Elysée, Yolanda et le mari d’Ingrid, Juan Carlos Lecompte étaient eux à Bogota au chevet du policier ex-otage des FARC afin d’en savoir un peu plus sur le sort d’Ingrid.

La communauté internationale reste mobilisée afin que l’on oublie pas Ingrid et tous les autres mais concrètement la volonté du président Uribe d’en découdre une bonne fois pour toutes avec les FARC, fait craindre le pire quant à la vie des otages.

Nul ne sait à l’heure actuelle combien de temps s’écoulera encore avant que Yolanda puisse à nouveau serrer sa fille dans ses bras. Comme elle le disait très simplement lors d’une interview :  « je m’endors tous les soirs en pleurant et je me réveille tous les matins en pleurant, rien qu’à penser à Ingrid mais je dois continuer jusqu’au bout. »

Une si belle leçon de courage mais peut-être aussi tout simplement un amour immense d’une maman pour sa fille.