Un cadre pour les seniors bruxellois

Le Soir – Edition du 24 janvier 2007

La population vieillit et la Région n’est pas prête à assumer ce cap démographique. Un texte fait le premier pas.
Aujourd’hui, notre Région compte 160.000 personnes de plus de 65 ans, soit un Bruxellois sur six. D’ici 2030, ce chiffre devrait passer à près de 200.000, soit 20 % de la population ! Ce vieillissement a de quoi inquiéter et c’est pour cela qu’un décret sur l’accueil des personnes âgées est dans les starting-blocks de la Cocof. Le texte a été adopté par le collège et était hier examiné en commission au parlement. Si tout va bien, le secrétaire d’Etat Emir Kir espère une entrée en vigueur en 2008. En voici les grandes lignes…
Campagne administrative. Prémisse au changement : alors que le décret n’était encore qu’un embryon, une première mesure a déjà été prise en 2004. Jusqu’alors, l’ensemble des institutions de la Cocof ne disposaient que d’« autorisations de fonctionnement temporaire »… Ce statut fragilisait le secteur. L’absence d’agrément stable empêchait, par exemple, les maisons de repos d’apporter certaines garanties aux organismes financiers… Ce temps est révolu. Depuis fin 2004, une campagne administrative permet d’octroyer progressivement des agréments de 6 ans aux maisons de repos. Dix sont déjà en ordre et une quarantaine devrait suivre. Mais le nouveau décret va bien plus loin.
Agréments spéciaux. Conscient que les maisons de repos et de soins ne sont pas l’unique solution à la vieillesse, le futur texte prévoit des agréments spéciaux pour des nouvelles formes d’accueil, comme le court-séjour, qui permet un hébergement limité dans le temps. L’accueil de nuit, destiné à des personnes résidant à domicile mais nécessitant une surveillance que les proches ne peuvent assurer la nuit, sera aussi agréé. D’autres types d’institutions seront également pris mieux en compte : résidences service, maisons communautaires, télévigilance, service d’aide aux personnes âgées maltraitées, etc.
Le plan de vie. Ce document est rédigé par chaque gestionnaire de maison d’accueil et précise à quel type de public s’adresse ce centre, quelles sont les conceptions de l’accueil qu’il offre, etc. Ce plan existait déjà auparavant mais se mise en oeuvre n’était ni contrôlée, ni contrôlable. Elle le devient selon le projet décret.
Des normes protectrices. De nouvelles réglementations sont aussi prévues : en matière d’architecture, de sécurité, de personnel, mais aussi de respect de la liberté des résidents pour le choix du médecin ou des convictions philosophiques, par exemple…
Le prix en journée, et surtout ce qu’il comprend, sera également réglementé. « Il faut baliser ce que comprend ce prix. Par exemple, il ne doit pas inclure la séance de coiffure, mais doit comprendre les langes pour les personnes incontinentes. Tout ça n’est pas clair pour l’instant », précise Emir Kir.
Des sanctions possibles. Enfin, le texte en chantier prévoit des mesures dans le cadre des retraits d’agréments, des fermetures urgentes et provisoires. Il crée aussi une notion de suspension d’agrément qui donne un signal fort au gestionnaire en défaut sans fermer tout de suite le centre. « Cette mesure s’explique car les acteurs du secteur estiment qu’il y a un risque accru de mortalité lorsque des personnes âgées sont déracinées brutalement », ajoute le ministre.
Toutes ces mesures restent toutefois théoriques puisqu’elles devront être concrétisées par des arrêtés d’exécution. Le chemin reste donc long. Un pas est franchi. mais il reste des kilomètres à parcourir pour que l’avenir des seniors bruxellois devienne plus confortable.
Fanny Bouvry