Episode 79 : C’était au temps où Schaerbeek se réorganisait…

Troisième partie : Action consciente – Episode 79

J’avoue que sur le chemin du rendez-vous avec Claude Paulet, j’ai une certaine appréhension. Tout à coup, des souvenirs refont surface.

Notre première rencontre, c’était à l’occasion de la Fête du Défi organisée en 1978 pour le centenaire de la paroisse Sainte Elisabeth située rue d’Anethan. L’échevin nous avait mis du matériel à disposition et était venu nous saluer accompagné de son chef de cabinet Odon Moniot.

Ensuite, nous nous sommes croisés lors d’événements schaerbeekois avant de se retrouver en 1988 sur la même liste électorale pour les communales. Claude Paulet m’a toujours donné jusqu’alors le sentiment que ma personne l’agaçait profondément. A titre personnel, j’ai toujours trouvé que l’homme était courageux, souvent sur le terrain et semblait disponible pour les Schaerbeeekois.

Durant les 6 années qui ont suivi soit de 1988 à 1994, il m’avait vraiment en grippe au temps où j’étais échevin sans attribution. Vous vous rappellerez, les épisodes antérieurs où à plusieurs reprises, j’ai été obligé d’agir avec un plan B à défaut de recevoir son appui logistique via le service des Travaux publics. Sans parler de son projet de manège équestre à Renan contre lequel j’avais activement milité aux côtés des riverains, de ses embûches pour la piste de skateboard ou de ses réticences totales pour le dossier de subventions jeunesse de la Région.

Au lendemain des élections de 1994, j’avais récupéré ses compétences Classes moyennes, ce qui ne lui avait pas du tout plu. Je l’avais en outre contré sur sa manoeuvre destinée à annexer les services techniques du cimetière, compétence qui est restée de mon ressort dans le cadre du département Etat-Civil et Population. Souvenez-vous également du déversage de boues provenant du curage des égoûts sur des terres du cimetière ou de la réorganisation des marchés hebdomadaires avec à la clé des recettes ayant été multipliées par cinq.

La tension entre nous était donc palpable au sein du Collège. Chaque demande de matériel pour une festivité relevait du chemin de croix avec des discussions à n’en plus finir même si nous restions alors toujours alors polis et courtois.

La seule fois où je suis sorti de mes gongs, ce fut fin mai 1997 lors de mon premier mariage. J’avais demandé à mon secrétariat de distribuer une cinquantaine de faire-parts en interne, destinés aux membres du personnel. Par un malheureux concours de circonstance, ces enveloppes se retrouvent à la poste et à défaut de timbres ces lettres reviennent bien sûr à la maison communale…

Une personne « bienveillante » les remet à Claude Paulet qui pense avoir découvert que j’utilise les timbres communaux à titre personnel !

Après quelques jours, je m’étonne que personne n’ait encore reçu l’invitation. Il me revient alors que les envois se trouvent sur le bureau de Paulet.

Je l’appelle immédiatement et il me rétorque qu’il entend les garder car cela me servira de leçon ! Si je peux parfaitement rester calme de longues heures lorsqu’il s’agit de discussions concernant la commune, pour ma vie privée je suis nettement moins patient.

J’arrive donc illico dans son bureau. Nous sommes nez à nez et moi totalement hors de moi… Je vois que Claude Paulet a été saisi par de mon arrivée fracassante. Il est livide. Sa  carapace disparaît et je me retrouve face à une personne sensible. Je récupère au passage mes plis.

Claude Paulet vint d’ailleurs à la réception à laquelle je l’avais convié. Depuis ce jour, notre relation s’est détendue.

Le grand mammouth qu’est le département des Travaux publics va désormais faire partie de mes attributions scabinales. Pour moi, c’est tout un défi mais pour Claude Paulet, c’est un arrache-cœur.

Lorsque nous nous retrouvons ce jour-là, une brève salutation sans plus. Puis nous partons  immédiatement pour faire le tour des différents services (électricité, chauffage, forge, menuiserie,…) qui composent les Travaux publics.

Cela nous prit plus de trois heures. Au cours de ce « tour », l’atmosphère s’améliore progressivement un peu.

Un an plus tard, nous avons inauguré les nouvelles serres communales boulevard Lambermont au parc Josaphat en présence de Claude Paulet qui fut la cheville ouvrière de cette remarquable réalisation.

Au début des années 1990, Claude Paulet avait créé avec de nombreux bénévoles le musée schaerbeekois de la bière (avenue Louis Bertrand, 31) qui est encore aujourd’hui l’un de nos fleurons touristiques mais malheureusement pas assez connu.

Un an plus tard, Claude Paulet me téléphone.

A demain.