Quand démocratie ne doit pas rimer avec bouffonnerie

Je me suis demandé si j’allais finalement l’évoquer ou non sur mon site. J’avoue avoir été en questionnement quant à cette opportunité de le faire ou pas.

Je n’étais pas présent à la séance du Conseil communal de Schaerbeek de ce mercredi 22 janvier mais j’ai pu voir sur les réseaux sociaux puis dans la presse la danse (pas d’autre mot) du conseiller communal désormais indépendant Emin Ozkara en marge de cette réunion.

Vu de loin, j’avoue que cela m’a laissé pantois. J’ai même pensé dans un premier temps à une fake news, une video détournée et mal intentionnée à l’égard de l’intéressé. Ayant pris contact avec différentes personnes quant à elles bien présentes à l’hôtel communal, j’ai eu confirmation que la scène avait bien eu lieu ! Mêmes réactions de mes interlocuteurs qui en étaient encore tous franchement gênés  et stupéfaits.

Que le conseiller communal et député régional Emin Ozkara ait souhaité arriver entouré au Conseil communal avec famille et amis est totalement compréhensible. Il siège désormais comme indépendant pour des raisons qui lui appartiennent et qui ont été actées par les instances du PS sans que cela ne suscite davantage de remous.

Dans ces moments-là où forcément les camarades d’hier ne le sont plus, on a besoin de se sentir soutenu.

J’ai moi-même vécu des épisodes similaires dans ma vie politique où il était bon de sentir que l’on n’était pas seul mais de là à se lancer dans une danse qui rendait le protagoniste grotesque il y a une marge.

La vie politique locale a fort évolué ces dernières années. Elle s’est transformée aussi en grande partie à la faveur du décumul des mandats. Il faut vouloir aussi s’impliquer localement avec tout ce que cela comporte comme charge si l’on fait son travail consciencieusement. Cela relève dorénavant de l’apostolat.

Visionner pareille scène qui était destinée à fêter l’indépendance du conseiller Ozkara du parti socialiste donne d’emblée un malaise car il n’y a rien de drôle, de sensible, de touchant, d’émouvant même pas de burlesque dans ce moment. C’est tout simplement pathétique.

On en vient même à oublier où l’on est. On n’est en effet pas à une fiesta, à un mariage, à une fête d’anniversaire, à « Danse avec les stars », on est dans le lieu-même de la démocratie locale.  L’oublier en dit long.

Nous faisons tous des erreurs de jugement. Moi le premier. Comme je l’évoquais dans mes mémoires « Scharbeek de l’ombre vers la lumière », lorsque j’ai quitté ce qui s’appelait alors le FDF et Bernard Clerfayt, je n’ai certes pas toujours été très bon au début dans mes interventions. Le ton n’y était pas, la manière pas toujours.

Il est bon de s’en rendre compte rapidement, de ne pas s’auto-aveugler, ce qui est souvent le cas lorsque l’on a le nez dans le guidon. On ne voit plus rien, on pense bien faire, on pense…

Dans un récent entretien au magazine « Le Figaro », Frédéric Beigbeder lâchait cette phrase : « Le bouffon du roi c’est salutaire, le bouffon qui devient roi, c’est l’apocalypse. »

Oui, définitivement démocratie ne doit pas rimer avec bouffonnerie…