Discours du 1er mai

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Le 1er mai était l’occasion pour le PS de s’exprimer à nouveau sur les mesures unilatérales prises par le gouvernement Nva-MR. A Bruxelles, la présidente de la Fédération, Laurette Onkelinx accueillait une hôte de marque, la Garde des sceaux française Christiane Taubira à la Maison du peuple de Saint-Gilles.

Le président du PS, Elio Di Rupo prononçait quant à lui ce discours axé sur le respect des travailleurs. En voici le contenu dans son intégralité.

Mes chers Camarades,

Je salue les travailleurs du monde entier.

Ceux qui ont un travail.

Ceux qui cherchent un travail.

Ceux qui ont travaillé toute leur vie et qui aujourd’hui sont pensionnés.

Ceux qui ont un problème de santé et ne peuvent pas travailler.

Ils méritent notre respect.

Je salue en particulier nos Camarades syndicalistes et nos amis des Mutualités socialistes.

Comme nous, et avec nous, ils se battent pour une société plus juste.

Je voudrais aussi exprimer une solidarité sans frontières.

Solidarité avec les victimes du tremblement de terre au Népal.

Solidarité avec les personnes qui fuient leurs terribles conditions de vie et qui, au péril de leur vie, tentent de traverser la Méditerranée.

Solidarité enfin avec les Burundais qui se battent pour la démocratie et qui sont durement réprimés par le régime.

Chers Camarades,

Nous le voyons, nous l’entendons chaque jour : les socialistes dérangent énormément la droite et le monde de l’argent.

Les socialistes dérangeaient déjà, sous les gouvernements précédents, quand ils tenaient bon sur l’indexation automatique des revenus.

Ils crispaient quand ils renforçaient les missions de la Sécurité sociale.

Les socialistes contrariaient la droite quand ils faisaient contribuer le capital et les fraudeurs à hauteur de 7 milliards.

Aujourd’hui, dans l’opposition fédérale, les socialistes continuent de déranger.

Les partis de l’actuel gouvernement fédéralavaient dit : « on ne touchera pas à l’indexation ».

Ils avaient aussi promis qu’ils ne toucheraient pas à l’âge de la pension.

Aucune promesse n’a été tenue !

Quel mépris, quel manque de respect pour les travailleurs.

Mes chers Amis,

Il n’a pas fallu six mois, sans les socialistes au gouvernement fédéral, pour que toutes les digues se rompent.

Les événements nous donnent aujourd’hui malheureusement raison.

Les travailleurs n’ont plus de relais au gouvernement et ils paient au prix fort l’absence du PS.

Pour l’heure, les atteintes au pouvoir d’achat et aux droits des travailleurs sont sans précédent depuis plus de 30 ans !

Je m’en tiens aux faits.

Avec le saut d’index, tout le monde sera frappé.

Ainsi, un travailleur avec un salaire moyen perdra annuellement près de 400 euros.

La perte financière qu’il subit se reproduira d’année en année, atteignant des milliers d’euros sur une carrière.

Quel mépris, quel manque de respect pour les travailleurs.

Les pensionnés sont encore plus durement touchés.

Pour une pension minimum de 1100 euros, la perte sera de 180 euros/an.

Un pensionné qui reçoit 1500 euros perdraquant à lui plus de 500 euros sur l’année.

D’autres mesures, tout aussi antisociales, frappent les plus précarisés.

Je pense notamment aux caissières des grandes surfaces et aux personnes qui ont perdu leur emploi et ne retrouvent un poste qu’à temps partiel.

La plupart de ces personnes sont des femmes. Elles n’ont pas choisi cette situation. Elles la subissent. Et ces femmes travaillent dur !

Leur revenu est composé de deux parties : d’une part ce qu’elles gagnent avec leur mi-temps, d’autre part un complément qui vient de la Sécurité sociale.

Brutalement, le gouvernement fédéral vient leur retirer la moitié de ce complément de revenu.La perte peut aller jusqu’à 500€/mois !!!!

Pendant ce temps-là, les actionnaires des 20 entreprises belges les plus importantes – le Bel 20 – se partageront 10 milliards d’euros de dividendes.

Je voudrais maintenant poser une question toute simple.

Ils n’ont que le mot « crise » à la bouche… Mais pour qui est-ce vraiment la crise aujourd’hui ?

Pour les spéculateurs ? Pour les diamantaires ? Pour les patrons qui empochent desmilliards de plus-value en revendant leur usine au plus offrant, avec d’ailleurs tous leurs salariés à l’intérieur ?  Evidemment pas !

La crise, c’est toujours pour les mêmes : ceux qui n’ont rien, ceux qui n’ont pas grand-chose,et ceux qui essaient de conserver le peu qu’ils ont !

Les voilà, les victimes principales de ce gouvernement d’ultra-droite : la classe moyenne et les familles modestes ou défavorisées.

De nouveau, quel manque de respect pour les travailleurs.

Ce manque de respect, chers Camarades, nous le retrouvons aussi dans les déclarations incessantes du gouvernement fédéral contre les syndicats et les mutuelles.

En vérité, le gouvernement MR N-VA a fait du modèle social belge sa première cible. Un modèle que nous avons construit décennie après décennie par un dialogue social permanent.

L’actuel gouvernement fédéral veut détruire les solidarités et briser les protections mises en place par les travailleurs.

Je voudrais simplement rappeler au gouvernement fédéral que la richesse d’un pays est produite avant tout par les travailleurs.

Que l’immense majorité des demandeurs d’emploi n’aspire qu’à travailler.  Que les cotisations sociales sont un salaire qui leur est dû, un salaire différé pour couvrir leurs soins de santé ou financer leur pension.  Et donc OUI, les travailleurs méritent plus de respect !

Chers Camarades,

L’austérité et la régression sociale ne sont pas des fatalités.  Il y a des alternatives. Le PS a déposé au parlement une proposition de loi pour instaurer un impôt sur les grandes fortunes. Selon la Cour des Comptes, cette contribution des plus riches, voulue par le PS, pourrait rapporter à l’Etat jusqu’à 2,3 milliards d’euros !

Au lieu de travailler plus pour gagner moins comme le veut l’actuel gouvernement fédéral, grâce à un impôt sur les grandes fortunes et une lutte renforcée contre la grande fraude fiscale, les citoyens seraient largement épargnés par l’austérité.

Mais non, la droite ne veut rien entendre.  Pour être précis, elle n’entend rien quand la demande vient d’un travailleur, d’un chômeur, d’un pensionné ou d’un petit indépendant.

Mais quand il s’agit des diamantaires, alors là, le gouvernement de Charles Michel trouve une solution sur mesure pour assurer le rayonnement des bijoux anversois !

Non, chers Camarades, l’austérité n’est pas une fatalité.  D’ailleurs, nous le montrons en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles. Bien sûr, il y a des efforts budgétaires à faire. Mais contrairement au fédéral, nous faisons le choix de la solidarité.

Nous ne voulons pas que les gens subissent une double peine : devoir d’un côté payer les conséquences de la crise financière, et d’un autre côté faire les frais d’une politique d’austérité aveugle.

C’est pourquoi le PS a fait le choix dans les régions de relever les grands défis de demain en consacrant des moyens supplémentaires aux crèches et aux maisons de repos.

Le PS fait aussi et surtout le choix de tout miser sur la création d’emploi. Le Plan Marshall 4.0, le contrat d’insertionpour les jeunes, la création de nouveaux quartiers : toutes les mesures du PS sont orientées vers cet objectif, la création d’emploi.

Le PS pense aussi, de manière permanente, aux futures générations et aux nombreux instruments dont elles auront besoin pour s’émanciper. Je voudrais, à cet égard, adresser quelques mots à notre jeunesse.  Vous, les jeunes, vous constituez l’un de nos plus formidables leviers pour nous projeter dans l’avenir.  Vous avez besoin de savoir de quels moyens vous disposerez pour améliorer le monde.  Vous, les jeunes, vous avez besoin, tout simplement, de savoir comment être les acteurs de votre destin.

La réponse à vos légitimes questions se trouve dans les grandes priorités que défend le Parti socialiste : l’emploi, l’éducation, la formation professionnelle, l’enseignement, l’accès à la culture, l’accès aux savoirs.

Les jeunes sont la principale richesse de notre pays et ils doivent eux aussi être respectés. Or, ce n’est pas respecter un jeune que de déchirer son CV pour cause d’inexpérience. Ou bien de l’engager pour un salaire de misère en lui refusant toute sécurité d’emploi.

Un jeune travailleur est avant tout un travailleur. Un travailleur qui déborde de rêves et de projets. Un travailleur qui mérite d’être traité en adulte, avec de la considération et de réelles perspectives professionnelles.

Dans un monde de droite, hélas, les destins sont presque toujours figés. Celui d’un jeune qui n’est pas né du bon côté est beaucoup trop souvent un destin de sacrifié.  Nous, les socialistes, nous voulons briser toutes ces fausses fatalités, toutes ces discriminations inacceptables.

Nous voulons que chaque enfant, chaque jeune ait accès à un maximum de chances. Nous voulons que plus jamais un père ou une mère ne se désole de n’avoir pas eu le bon carnet d’adresse.

Mes chers Camarades,

Permettez-moi en ce 1er Mai de dire un mot sur un autre sujet de grande importance. Le PS a dénoncé à maintes reprises le projet de traité transatlantique avec les Etats-Unis. Il est pour nous inconcevable que l’on considère la santé ou la culture, par exemple, comme de simples marchandises.

Il nous est également insupportable d’imaginer qu’un conflit entre une multinationale et un Etat ne serait pas tranché par la justice de cet Etat, mais par une assemblée arbitrale privée.  Les risques que comporte ce projet de traité nous confortent dans notre volonté de nous attaquer aux concentrations de pouvoir qui sont au cœur de la vie économique. Il n’est pas normal que certaines multinationales présentent des bilans financiers supérieurs au PIB de certains pays.

Pourquoi devrions-nous subir cette mainmise totale du monde de l’argent ?  L’heure est venue de remettre à l’ordre du jour la participation démocratique des salariés aux décisions de leurs entreprises, quand celles-ci atteignent une certaine taille.

Les salariés devraient avoir leur mot à dire dans la conduite de l’entreprise, être intéressés aux bénéfices. Nous sommes convaincus que des solutions économiques alternatives existent. Qu’elles doivent être mises en œuvre pour que l’économie ne soit plus soumise à la tyrannie du profit maximal.

Je pense notamment à des organisations à but non lucratif, à des sociétés de développement local, à des coopératives, des associations solidaires, des entreprises sociales, des entreprises publiques…

Chers Camarades,

Depuis sa création voici 130 ans, le PS tend la main à ceux qui traversent des moments difficiles dans leur parcours de vie. La lutte contre les injustices, la lutte contre les inégalités, la lutte contre les discriminations, mais aussi l’émancipation et la liberté pour toussont au cœur de notre projet de société.  Tantôt dans l’opposition, tantôt au sein des gouvernements. Je me réfère au travail remarquable de Richard Wilkinson et Kate Pickett. Ces deux professeurs d’université anglais ont démontré scientifiquement le rôle dévastateur des inégalités dans une société.

Les inégalités amplifient tous les maux et tous les fléaux. Plus les inégalités sont importantes, plus la société enregistre de problèmes de santé, de mortalité précoce, de violence, d’alcoolisme, de suicide, de drogue, de fanatisme, de délinquance…

Je les cite :  « Les inégalités sont un puissant facteur de division au sein de la société. Les inégalités affaiblissent la vie en commun, minent la confiance et attisent la violence.Plus les inégalités se creusent, plus la société est punitive et plus la criminalité augmente. »

N’en déplaise à la droite, même les scientifiques le confirment, l’égalité est meilleure pour tous. C’est l’égalité qui génère la confiance.  C’est pour cela, chers Camarades, que les travailleurs ont et auront besoin du PS pour les défendre contre les atteintes à leur pouvoir d’achat et à leur sécurité d’existence.  Ne lâchons rien et soyons plus que jamais les relais des citoyens. En tant que socialistes, nous soutenons naturellement les mouvements sociaux. Etre présent aux côtés des travailleurs, aux côtés des gens, c’est notre vocation de toujours. Ce sont eux – les travailleurs, les plus faibles, les familles, les jeunes, les pensionnés, la classe moyenne – qui paient la note en ce moment. Beaucoup de gens ne s’en rendent pas encore compte, mais ils paieront très cher, dans un proche avenir ou au moment de leur pension, la politique régressive du gouvernement MR N-VA.

Je vous le redis, mes chers Amis : une alternative socialiste forte est la seule manière de ramener de la justice sociale dans notre pays et de rendre aux citoyens l’espoir en l’avenir. Une alternative qui respecte les travailleurs. Nous continuerons donc à démontrer que la droite est forte avec les faibles et faible avec les forts.

Nous continuerons à avancer nos propositions alternatives :

• indexer les revenus,

• investir dans la recherche scientifiqueet la formation,

• faire contribuer le capital à la protection sociale,

• réguler le système financierinternational,

• aider les familles,

• soutenir les plus faibles,

• revaloriser les pensions,

• donner aux jeunes davantage de moyens de s’émanciper…

Si c’est cela déranger, alors oui, nous serons ravis de déranger encore et encore.

Chers Camarades,

J’en termine.  Nos adversaires emploient désormais le mot « socialiste » comme une véritable insulte.  Je propose de les laisser s’énerver et de poursuivre méthodiquement notre travail.  Continuons à lutter pour des solutions plus justes ! Soyons fiers de nos propositions alternatives, plus sociales ! Soyons fidèles à nous-mêmes, à nos valeurs.  Nous défendons le progrès social, la justice sociale et l’émancipation sociale.  Trois raisons, pour la droite, de s’étrangler. Trois raisons, pour nous, d’être fiers d’être « socialistes ». Les citoyens peuvent compter sur nous, sur le PS, pour les défendre et les respecter.

En cette Fête du Travail, soyons conscients de notre responsabilité, mais aussi de notre force.  Nos cœurs battent au même rythme. Nos mains s’unissent. Nos énergies s’additionnent.  C’est cette force immense, la force du peuple de gauche, que nous fêtons en ce 1er Mai.

Bonne fête du travail, Camarades ! Vive la gauche, vivent les militants du progrès social, vive le PS!