Episode 20 : C’était au temps où Schaerbeek galopait…
Deuxième partie : Prises de conscience – Episode 20
L’opposition s’organise. Je suis loin, très loin d’être le seul à m’opposer à ce projet. Ludovic Janssens, l’habitant qui m’avait contacté le 24 juillet 1989, réalise des affiches contre le manège. Elles fleurissent rapidement dans le quartier. En l’espace de 24 heures, un noyau de 50 riverains se constitue en un comité d’action informel. Ce projet n’a clairement fait l’objet d’aucune concertation dans le quartier, même si, soyons de bon compte, le quartier a besoin d’une vaste réhabilitation avec un projet moteur.
De mon côté, je mobilise les associations et nous décidons d’organiser des activités sur le site Renan dans le cadre d’ « Eté jeunes ». Parfois avec humour : je me souviens notamment d’une course relais où les participants avaient un balai entre les jambes avec au bout une tête de cheval. Il ne manquait que les hennissements ! Un pied de nez au projet de Claude Paulet.
En concertation avec les riverains, je prends contact avec la presse pour l’informer de la volonté du Collège d’installer un manège en pleine ville et de surcroît sur l’un des seuls terrains accessibles aux jeunes pour pratiquer du sport.
Visiblement l’info fait mouche. En deux jours, 30 journalistes dont les 4 JT se succèdent sur place. Claude Paulet, averti par ses services de la déferlante contre son projet de manège, revient de vacances presqu’au galop, prêt à ruer dans les brancards des contestataires.
Entre temps, je rencontre le Bourgmestre Weustenraad. L’homme ne soutient pas le projet mais il me met en garde contre les pressions et les éventuelles représailles des autres membres du Collège échevinal. Je me souviens lui avoir rétorqué : « Contre le courant, même les plus forts sont à un moment emportés ». L’avenir me donnera raison.
L’échevin Paulet est enfin de retour dans la maison communale. Monté sur ses grands chevaux, il me cherche presqu’en hurlant. Il est vrai que j’ai prévenu la presse de son retour anticipé de congé et de sa présence place Colignon. Débarque ainsi un groupe de journalistes qui souhaitent ardemment le rencontrer. Je les escorte jusqu’au cabinet de l’échevin Paulet.
J’ouvre la porte et lui lance « Je pense que des journalistes désirent te parler ». Il commence alors à m’invectiver comme du poisson pourri jusqu’à ce qu’il s’aperçoive de la présence des journalistes… Belle image de l’unité du Collège !
Je les quitte sur la pointe des pieds ! Cette fois, les hostilités sont déclenchées entre Paulet et Van Gorp. C’est le début d’une relation « passionnelle » et tendue entre nous deux qui durera plus de 11 longues années.
Au fil des jours, le côté grotesque du manège est mis en avant. Il apparaît rapidement comme non viable et provocateur, d’autant plus que personne, à part Claude Paulet, n’ose désormais soutenir ouvertement cette implantation d’un manège. Le Collège est fortement divisé et les premières contre-propositions pour réhabiliter le site autrement, commencent à faire surface.
Le projet de manège avait vécu. On n’en reparla plus jamais.
Entre temps, le projet de construction d’une piste de skateboard qui avait été rentré à la Fondation Roi Baudouin en février 1989, reçoit une réponse favorable. L’idée est de collaborer avec la fédération de skate pour la réalisation des plans et d’organiser des formations tout au long de l’année.
Et devinez où est prévue l’implantation de la piste ? Sur la plaine Renan pardi ! Inutile de préciser que Claude Paulet voit dans ce projet une nouvelle provocation de ma part !
Toute cette agitation n’empêche pas la poursuite des activités estivales. Les semaines de congés d’été passent. Arrive bientôt l’excursion où avec 120 participants, nous allons descendre la Lesse, sans doute l’excursion phare d’ « Eté Jeunes ». La descente se fait en kayak pour les plus grands et en radeau pour les plus jeunes. Le déplacement sort de l’ordinaire : pas moins de 120 participants, suivis par des journalistes de la Lanterne, du Soir, de la DH et même une équipe de la RTBF.
La journaliste de la DH est une stagiaire que je ne connais pas. Elle me demande si elle peut m’accompagner en voiture, je lui fixe donc rendez-vous devant la maison communale à 9h. Les cars sont déjà partis depuis 15 minutes.
Sa voiture garée place Colignon, nous nous mettons en route pour une journée qui nous réservera bien des surprises.
A demain.